Electricité : le fatalisme des Français face à la menace de délestage

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Écrit par :

Jean-Baptiste Giraud

Temps de lecture: 3 minutes

Les Français semblent résignés à devoir subir des coupures de courant cet hiver. Du moins, c’est ce qui transparaît des ...

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Les Français semblent résignés à devoir subir des coupures de courant cet hiver. Du moins, c’est ce qui transparaît des nombreux micro-trottoirs réalisés par les médias audiovisuels cette semaine. Fatalité, résignation… Jusqu’à quand ?

Difficile d’appréhender ce que l’on ne connaît pas. Or, l’immense majorité des Français n’a jamais connu, ou alors de manière très ponctuelle, de coupure d’électricité. C’est fort probablement ce qui explique pourquoi les Français interviewés par les radios et les télévisions ne semblent pas plus révoltés à l’idée qu’on leur coupe l’électricité cet hiver. Autre explication rationnelle : personne n’a vraiment conscience des conséquences d’une coupure d’électricité, faute, là encore, de l’avoir déjà vécue.

En effet, même les victimes d’inondations ou de réseaux électriques à terre à cause d’une tempête ne sont pas brutalement privées de tout, et en particulier de la possibilité de communiquer. Le maillage des réseaux mobiles permet, la plupart du temps, de se connecter à une antenne (BTS) encore alimentée par le réseau électrique. Et de là, on peut communiquer avec ses proches, les secours, l’assurance, ou tout simplement se tenir informé.

Les Français ne savent pas vraiment ce que veut dire « ne pas avoir d’électricité »

Mais le signal d’alarme tiré par la patronne d’Orange, et dans la foulée, par les autres opérateurs télécoms, devrait attirer l’attention des autorités sur le risque induit par des délestages tournants. Pour que ces délestages soient efficaces, afin d’économiser les 10 à 20 mWh qui manqueront probablement cet hiver au moment des pics de consommation, ils devront être les plus complets possibles, c’est à dire, avec le moins d’exceptions ou de cas particuliers à gérer. Qui plus est, il est impossible pour ENEDIS de multiplier les cas particuliers. Ainsi, il est quasi certain que certains abonnés à l’électricité resteront connectés au réseau, s’ils ont la chance d’être à côté d’un site sauvegardé, comme un hôpital. Et à l’inverse, il est fort probable que des équipements de type antenne de télécommunications (BTS) ne pourront que très rarement être dissociés de l’alimentation du bâtiment sur lequel ils sont installés, ou encore, du quartier ou du secteur dans lequel ils se trouvent.

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Autrement dit,  on peut raisonnablement penser que les Français n’ont pas vraiment conscience de ce qui les attend. C’est vrai en particulier pour les trop nombreux français chauffés à l’électrique. Ceux qui auront baissé leur thermostat en leur absence, espérant pouvoir monter la température à leur retour à la maison, en seront pour leurs frais. Les délestages tomberont forcément pile poil au moment précis ou des millions de Français augmenteront la température de leur thermostat central, ou allumeront leurs radiateurs !

L’effet Bison Futé va-t-il impacter Ecowatt ?

Mais il y a pire encore : c’est l’effet Bison Futé qu’il faut craindre. L’effet Bison Futé, longuement étudié ces dernières années, c’est l’impact des annonces de Bison Futé sur le trafic réel. Il suffit d’annoncer un jour noir, pour que dans la réalité, le trafic soit nettement moins catastrophique qu’attendu et annoncé. Logique : l’impact des annonces préventives devient suffisamment important pour que la prédiction ne soit pas auto-réalisatrice. Et d’ailleurs, c’est l’intérêt de ces prévisions : éviter le chaos !

Dans le cas qui nous concerne, la consommation d’électricité, il se peut que les appels à la sobriété (via Ecowatt notamment) permettent de réduire significativement la consommation au moment des heures de pointe. Mais à l’inverse, il faut craindre sérieusement que le report des consommations sur d’autres plages horaires les rendent… elles mêmes critiques ! 


En résumé, il est fort probableme que nous n’avons encore rien vu. Il faudra attendre les premiers délestages effectifs pour toucher du doigt ce qu’ils auront comme conséquence sur nos vies…

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