Freinés par plusieurs recours administratifs déposés par des opposants à l’énergie éolienne, les trois projets de parcs éoliens offshore menés par l’énergéticien au large des côtes françaises ne pourront être mis en service avant 2021. Un retard qui devrait logiquement peser sur la tenue des objectifs du gouvernement en matière d’énergies renouvelables et ralentir le développement des énergies marines pourtant considérées comme indispensables au processus de transition énergétique.
Un démarrage retardé d’un an
Si la volonté du gouvernement d’encourager le développement de la filière éolienne marine ne fait aucun doute, les premiers projets français ne devraient pas voir le jour dans les délais prévus. La faute à des recours déposés récemment par des associations anti-éoliennes qui critiquent notamment l’impact visuel des éoliennes tout en mettant en avant d’éventuels problèmes ayant trait à la sécurité des navires.
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Les trois projets attribués en 2012 au groupe EDF EN, filiale de l’énergéticien français dédiée aux énergies renouvelables, devraient subir les conséquences directes de ces recours et voir leur calendrier retardé au minimum d’une année. Bien que tous ces parcs aient obtenu la validation des préfectures concernées en amont du lancement des chantiers, les recours formulés bloquent irrémédiablement le processus. « Les recours contre ces projets font perdre encore une année supplémentaire (…) les premières éoliennes pourront être en mer en 2020, et les parcs mis en service en 2021-2022« , a déclaré Béatrice Buffon, directrice générale adjointe d’EDF EN en charge des activités maritimes, à l’occasion d’une conférence de presse mardi 22 novembre. « Il n’y aura rien avant 2020, date initialement prévue pour la mise en service de ces trois parcs d’une capacité totale de plus de 1.400 mégawatts (MW)« , a-t-elle ajouté.
6 GW d’éolien posé d’ici 2020
Il est prévu que ces trois parcs éoliens, d’une puissance cumulée d’environ 1.400 mégawatts (MW), soient installés à Courseulles-sur-Mer dans le Calvados et à Fécamp en Seine-Maritime (pour le consortium EDF Dong, Alstom, WPD), et au large de Saint-Nazaire (pour le consortium EDF Dong, Alstom, Nass & Wind). Tous trois relèvent de la cour administrative d’appel de Nantes, seule compétente sur les recours concernant l’éolien en mer. Cette dernière dispose d’une année pleine pour rendre sa décision. « En conséquence, EDF s’attend à avoir un jugement avant l’été 2017 ce qui nous permettrait une première décision d’investissement fin 2017« , souligne Mme Buffon.
Un léger coup d’arrêt pour le gouvernement qui souhaite, dans le cadre des objectifs de transition énergétique, atteindre plus de 6 GW de puissance installée dans l’éolien de mer à l’horizon 2020. Cet objectif ambitieux nécessitera la concrétisation des projets en cours mais également une multiplication des appels d’offres dans les années à venir.
Dans le cadre d’une ordonnance et d’un décret publiés cette année, la ministre a annoncé en ce sens une série de mesures visant à réduire les coûts et à faciliter les procédures d’appels d’offre. Plusieurs mesures de simplification sont notamment prévues comme l’attribution au lauréat d’un appel d’offre d’une concession d’occupation du domaine public. Cette double attribution devant permettre à termes au lauréat d’accélérer considérablement la procédure administrative comme la réalisation concrète du projet.
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Les énergies marines, une priorité de développement pour EDF
Du côté d’EDF, on reste malgré tout optimiste. Si ces délais retardent quelque peu le calendrier annoncé, il n’entament pas pour autant l’enthousiasme du groupe qui a fait des énergies marines renouvelables l’une de ses priorités de développement pour les prochaines années. Outre l’éolien offshore posé, l’énergéticien travaille également sur la mise en oeuvre dans l’hexagone des premières exploitations hydrolienne et éolienne flottante. « Elles font partie intégrante de notre stratégie de développement dans le futur et si nous avons l’intention d’ajouter au portefeuille d’EDF 5 à 6 gigawatts (d’énergie renouvelables) dans les 10-15 ans qui viennent, il est évident que les énergies marines en feront jusqu’à 50%« , a assuré Antoine Cahuzac, directeur général d’EDF EN.
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Dans le domaine de l’éolien flottant, le projet PGL (« Provence Grand Large ») au large de Fos-sur-mer (Bouches du Rhône) emmené par EDF EN, Siemens (pour les turbines) et SBM/IFPEN (pour les flotteurs) a été sélectionné au début du mois de novembre par le gouvernement dans le cadre d’un appel à projets de construction de parcs pilotes d’éoliennes flottantes en mer Méditerranée. Cette ferme pilote comprendra trois éoliennes de 8 MW installées dans la zone de Faraman, au large de l’embouchure du Rhône. Dans l’hydrolien enfin, EDF teste actuellement deux nouvelles hydroliennes au Canada. Ces dernières viennent s’ajouter aux deux prototypes déjà mis en service au sein du premier parc hydrolien de France situé à Paimpol-Bréhat dans les Côtes-D’armor.
Crédits photo : Hans Hillewaert
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