Le gouvernement des États-Unis a indiqué, le 11 août 2023, qu’il allait mettre 1,2 milliard de dollars sur la table pour deux projets de captage de CO2 directement dans l’atmosphère. Il s’agit du plus gros montant investi pour l’heure dans cette technologie. Probablement indispensable pour faire face au changement climatique, la capture du CO2 dans l’air risquerait toutefois détourner de l’indispensable réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les États-Unis confirment leur volonté de se porter à la pointe de la lutte contre le changement climatique, tout en pariant, pour cela, sur le progrès technologique. Le gouvernement des États-Unis a ainsi annoncé, le 11 août 2023, un investissement historique de 1,2 milliard de dollars dans deux projets de captage du CO2 dans l’atmosphère (c’est à dire du CO2 déjà émis).
Ce programme s’inscrit dans la grande loi sur les infrastructures votée par l’administration Biden en 2021, un an avant le très médiatique Inflation Reduction Act de 2022, qui entend également accélérer les investissements climatiques du pays. En tout, le ministère de l’Énergie avait déjà annoncé vouloir mettre 3,5 milliards de dollars sur la table pour quatre projets de captage de CO2 dans l’air.
Le gouvernement US va donc commencer par deux de ces projets, au Texas et en Louisiane, inédits par leur ampleur. Pour l’heure, le plus important site de ce type est une usine en Islande, opérée par la société suisse Climeworks, leader dans le secteur, avec une capacité annuelle de captage de 4 000 tonnes de CO2 dans l’air.
Chacun des deux projets financés par le gouvernement américain vise un objectif 250 fois plus élevé, avec une capacité d’un million de tonnes de CO2 captés par an. Le communiqué du gouvernement le compare aux émissions de 445 000 voitures sur un an.
Dit ainsi, cela semble plutôt impressionnant. Mais, à titre de comparaison, les émissions mondiales de CO2 ont atteint 36,8 milliards de tonnes en 2022, en hausse de 321 millions de tonnes par rapport à 2021. Ainsi, un million de tonnes de CO2 représente seulement 0,3 % de la hausse d’émissions de l’année dernière.
« Réduire nos émissions seul ne renversera pas les conséquences grandissantes du changement climatique; nous avons aussi besoin de retirer le CO2 que nous avons déjà émis dans l’atmosphère », a commenté dans le communiqué Jennifer Granholm, la ministre américaine de l’Energie.
Le captage direct du CO2 dans l’air (DAC, en anglais) est une technologie qui semble en effet indispensable à répondre à l’urgence climatique. Elle ne doit pas être confondue avec le captage et stockage du carbone (CCS) sur son site de production, qui permet de capturer le carbone au moment où il est produit, par exemple dans une usine ou une centrale thermique.
Le gouvernement états-unien avait d’ailleurs annoncé un plan de réduction des émissions des centrales à gaz ou à charbon via le CCS. DAC et CCS sont toutefois critiqués, en particulier le premier : il pourrait, par leurs existences même, réduire certains efforts de réduction des émissions de CO2 – si l’on peut retirer le CO2 de l’atmosphère, pourquoi arrêter d’en produire ?
Si cette attitude provoque un rebond d’émissions plus important que le captage dans l’air, le bilan final du DAC pourrait s’avérer négatif. Raison pour laquelle les activistes climatiques estiment que ces technologies ne peuvent être qu’un accompagnement de politiques climatiques ambitieuses.