Largement critiqué ces derniers mois aux Etats-Unis pour son manque de volonté dans la lutte contre le changement climatique, le géant pétrolier ExxonMobil entend redorer son image. Le groupe américain s’est lancé au mois de mai dans un programme de développement d’une nouvelle technologie de captage du dioxyde de carbone (CO2) à partir de la production d’hydrogène.
Production d’hydrogène et rejet de CO2
Utilisé généralement par les raffineries de pétrole, l’hydrogène permet d’enlever le soufre des carburants automobiles afin de les mettre en conformité avec les normes environnementales, et présente en parallèle toutes les qualités pour se substituer dans l’avenir aux combustibles fossiles dans le secteur des transports. Une fois produit, l’hydrogène peut être combiné à l’oxygène de l’air au sein d’une pile à combustible et générer de l’électricité tout en ne rejetant que de l’eau.
Problème, le processus industriel de production d’hydrogène le plus efficient, baptisé reformage d’hydrocarbures (SMR – Steam Methane Reformer), consiste au reformatage par la vapeur du gaz naturel (essentiellement composé de méthane), et implique de ce fait de fortes émissions de CO2. Un processus polluant qui décrédibilise logiquement l’hydrogène comme solution durable et respectueuse de l’environnement.
Pour y remédier, le groupe ExxonMobil et son partenaire, FuelCelle Energy, spécialiste des centrales à piles à combustible, travaillent actuellement sur un procédé novateur permettant, après reformatage du gaz naturel, de capturer davantage de résidus de CO2 et d’utiliser l’hydrogène comme combustible. Le groupe pétrolier souhaiterait ainsi se passer des épurateurs classiques de gaz très énergivores, pour adopter la pile à combustible et réduire les émissions de la centrale à gaz tout en produisant plus d’électricité.
Un engament tardif contre le changement climatique
Si cette nouvelle technologie permettrait, selon le groupe texan, de réduire « substantiellement » les coûts associés à la capture du CO2 pour les centrales à gaz, elle reste aujourd’hui au stade du laboratoire et ne devrait pas être testée à grande échelle avant plusieurs années.
« Avancer des technologies économiques et durables pour capturer le dioxyde de carbone de gros émetteurs telles les centrales électriques est une part importante des recherches d’ExxonMobil sur les solutions de réduction des émissions afin d’atténuer le risque de changement climatique », a déclaré dans un communiqué Vijay Swarup, vice-président en charge de la R&D chez ExxonMobil. Le groupe pétrolier américain précise également avoir déjà capturé plus de 6,9 millions de tonnes de dioxyde de carbone à des fins de séquestration en 2015 en utilisant des technologies déjà existantes.
Mais malgré ces déclarations de bonnes intentions, ExxonMobil reste critiqué de toutes parts pour une politique insuffisante en matière de réduction des émissions. Le groupe, sous le coup d’une enquête de l’Etat de New York depuis 2015, serait même soupçonné d’avoir dissimulé pendant de nombreuses années des études internes démontrant la responsabilité des énergies fossiles dans le réchauffement climatique.
Crédits photo : Minale Tattersfield
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