Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est reçue ce vendredi à la Maison-Blanche, la ministre de l’Energie des États-Unis, Jennifer Granholm, a affirmé, le 8 mars 2023, que son pays allait devenir « le leader mondial » de la transition énergétique. L’Inflation Reduction Act, le vaste plan de subvention aux renouvelables et à la voiture électrique de Joe Biden, est au cœur de ces ambitions – et des inquiétudes européennes.
Le timing n’était peut-être pas volontaire, mais il n’en reste pas moins symbolique. Deux jours avant l’arrivée à Washington, ce vendredi, de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, venue notamment pour négocier des assouplissements dans le plan climat mis en place par Joe Biden, la ministre de l’Energie états-uniennes, Jennifer Granholm, a affirmé, ce 8 mars 2023, que son pays allait devenir « le leader mondial » de la transition énergétique.
Durant une allocution à la conférence sur l’énergie CERAWeek, à Houston (Texas), la ministre s’est montrée aussi enthousiaste qu’offensive : « le gouvernement Biden a fait des Etats-Unis la destination la plus attractive pour les nouvelles énergies et les technologies de décarbonation. Dans de nombreux cas, beaucoup de cas, cela rend les Etats-Unis irrésistibles » pour les investisseurs et les industriels étrangers, a-t-elle martelé.
L’administration Biden a en effet fait voter deux lois-cadres d’ampleur sur l’énergie, d’abord un plan d’investissement sur les infrastructures (avec un large volet énergétique), en 2021, puis, surtout, l’Inflation Reduction Act, à l’été 2022.
Cette dernière loi accorde d’importantes subventions et crédits d’impôts pour les renouvelables (éolien et photovoltaïque), les batteries et les voitures électrique. Mais ces aides sont conditionnées à une fabrication de ces équipements sur le sol américain.
Ce point inquiète particulièrement l’Union européenne, elle aussi dans une course pour se réindustrialiser et relocaliser la production de ces équipements critiques pour la transition énergétique. Or, les incitations et subventions américaines ont déjà poussé plusieurs industriels à abandonner des projets d’usine sur le sol européen pour les installer aux États-Unis.
Ursula von der Leyen se rend à la Maison-Blanche, ce 10 mars 2023, notamment pour évoquer un assouplissement de cette loi. Selon une source européenne, l’objectif serait d’obtenir un accord de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis sur ces équipements, afin de faire bénéficier l’UE des aménagements prévus par l’IRA pour les pays concernés par un accord de ce type (Canada et Mexique essentiellement).
« Nous avons les mêmes objectifs en terme de lutte contre le réchauffement climatique, la prospérité ou contrôler certaines économies insuffisamment ouvertes. Evitons de nous marcher sur les pieds », a indiqué cette source.
Jennifer Granholm s’est permis une plaisanterie sur ce sujet explosif : évoquant les mesures de l’IRA, elle a indiqué qu’en Europe, « les entreprises adorent, les gouvernements, pas tellement ».
Qualifiant la situation de « compétition amicale », elle a ajouté : « nous leur disons: allez-y, faites la même chose. Incitez (fiscalement) à la production d’énergies propres dans vos pays ». Pour autant, consciente sans doute qu’une étape diplomatique importante aurait lieu ce vendredi, elle a tempéré le coté offensif de ses propos : « Nous allons continuer à travailler avec nos partenaires. Nous ne voulons pas déclencher de guerre commerciale ».