A quelques mois de la COP28, prévue en novembre 2023 à Dubaï, les Émirats arabes unis musclent leur stratégie de transition énergétique, en annonçant, ce 3 juillet 2023, leur volonté de tripler leur puissance renouvelable installée d’ici 2030, booster leur production d’hydrogène décarboné et accélérer sur la mobilité électrique. Une stratégie pour faire oublier les (immenses) zones d’ombre de leur stratégie climatique ?
Les Émirats arabes unis sous le feu des critiques pour leur organisation de la COP28
Les Émirats arabes unis veulent se présenter comme un pays moteur de la transition énergétique, alors qu’ils tirent l’essentiel de leurs revenus des hydrocarbures et travaillent à faire durer cette manne le plus longtemps possible.
Dans ce cadre, organiser la prochaine COP, en novembre 2023, à Dubaï peut donc sembler problématique, d’autant que le pays a choisi, comme président de cette COP28, Sultan al-Jaber. Ce dernier est certes l’envoyé du pays pour le climat et le PDG de la principale société d’État dédiée aux développements des renouvelables. Mais c’est surtout le boss d’ADNOC, le géant pétrolier national.
Plusieurs ONG et parlementaires européens et états-uniens ont fortement critiqué le pouvoir symbolique de ce choix. D’autant plus que Sultan al-Jaber multiplie les déclarations ambiguës sur le sujet. Début mai 2023, il a ainsi appelé à tripler la puissance renouvelable installée d’ici 2030, une ambition cohérente avec l’urgence climatique.
Mais il a, dans le même temps, affirmé que les combustibles fossiles ne devaient pas être abandonnés : il estime que les technologies de capture du carbone vont permettre de rendre les hydrocarbures « sans émissions ». Devant la faible maturité et les coûts excessifs de ces technologies de capture, cette position semble dangereuse pour éviter à la planète la catastrophe climatique déjà en cours.
Une nouvelle « stratégie énergétique nationale » pour les Émirats, avec électricité renouvelable, hydrogène à faibles émissions et voitures électriques
C’est sans doute pour faire oublier ces polémiques que les Émirats arabes unis ont présenté, ce 3 juillet 2023, leur nouvelle « stratégie énergétique nationale », validée par leur Conseil des ministres : elle comporte trois initiatives, qui doivent permettre au pays de tenir ses engagements de neutralité carbone nationale en 2050 (sans tenir compte des émissions générées par le pétrole exporté).
Le Premier ministre émirati, Mohammed ben Rached al-Maktoum, a ainsi indiqué sa volonté de « tripler la contribution des énergies renouvelables au cours des sept prochaines années », via un investissement de 200 milliards de dirhams (environ 50 milliards d’euros), pour répondre à la hausse de la demande électrique.
La deuxième initiative « vise à consolider la position du pays en tant que producteur et exportateur d’hydrogène à faibles émissions au cours des huit prochaines années ». Pour cela le pays va ouvrir un centre de recherche, et développer chaîne d’approvisionnement et infrastructures. La déclaration ne précise toutefois pas s’il s’agira d’hydrogène produit à partir d’une électricité bas carbone (hydrogène vert, voire rose), ou par vaporeformage du gaz naturel avec capture du carbone (hydrogène bleu).
Enfin, les Émirats veulent se doter d’un vaste réseau de stations de recharge dans le cadre d’une « politique nationale pour les véhicules électriques ». Si ces initiatives vont résolument dans le bon sens, elles n’effacent toutefois pas les doutes sur la tenue de cette COP28 à Dubaï.
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