La COP27 s’est achevé ce dimanche 20 novembre, vers 4 heures du matin, par la signature, au forceps, d’une déclaration commune : si la prise en compte des « pertes et dommage » est une avancée majeure, dont les détails pratiques restent toutefois flous, les négociateurs ont échoué à obtenir des engagements plus ambitieux en matière de réduction d’émissions.
COP27 : un accord sur les « pertes et dommages » arraché de justesse
Le changement climatique continue d’avancer à toute vitesse, pendant que le politique progresse à pas de fourmi. Année après année, COP après COP, le constat semble le même. Mais la COP27, qui se tenait à à Charm el-Cheikh, en Égypte, a poussé le curseur un peu plus, alors même que les événements climatiques extrêmes continuent de se multiplier.
La déclaration finale de cette conférence des parties a nécessité des négociations longues et âpres, et n’a été officialisée qu’à 4 heures du matin, ce dimanche 20 novembre 2022 (ce qui fait de cette COP la plus longue de l’histoire).
Certes, le point-clé de cette conférence, la prise en compte des « pertes et dommages » climatiques, figure au final dans la déclaration, actant la création d’un fonds international dédié à lutter contre les conséquences du changement climatique, en particulier pour les pays émergents, les plus touchés par les événements climatiques extrêmes, alors qu’ils n’ont qu’une responsabilité mineure dans cette catastrophe mondiale.
« Les pertes et dommages dans les pays vulnérables ne peuvent désormais plus être ignorés même si certains pays développés avaient décidé d’ignorer nos souffrances« , se félicite la jeune militante ougandaise Vanessa Nakate. Pour autant, le texte n’est pour l’heure qu’une déclaration d’intention sans aspect contraignant. La répartition des financements (les États-Unis veulent y inclure la Chine, qui refuse pour l’heure) pose notamment question.
Malgré les catastrophes climatiques, pas de nouveaux engagements sur les émissions pour cette COP27
Mais c’est sur la réduction des émissions que l’absence d’engagements ternit le plus le bilan de cette COP27. Le réchauffement climatique atteint déjà les 1,2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, l’objectif de l’accord de Paris de le limiter à 1,5°C semble à peu près inatteignable, et la tenue des engagements actuels conduirait à 2,4°C à la fin du siècle (2,8°C au rythme d’émissions actuel).
Or, il semble que certains producteurs ou consommateurs d’hydrocarbures (Russie, Arabie saoudite, Chine, Brésil, Argentine…) aient pesé de tout leur poids pour supprimer la mention des 1,5°C de la déclaration finale. Elle y figure, au final, mais toujours sans fixer une nouvelle trajectoire de réduction d’émission, ni même faire mention du pétrole ou de gaz.
« D’un côté, on se met d’accord pour payer et pour compenser les dommages climatiques, mais on ne parvient pas à se mettre d’accord pour limiter ces dommages ! Ça donne un côté schizophrènique. Moins l’ambition sur les énergies fossiles va être grande, plus ces dommages seront importants », a commenté François Gemenne, politologue et co-auteur du dernier rapport du Giec.
« Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant, et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu« , a regretté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. L’Union européenne s’est elle aussi dite « déçue », tout comme la France : « Aucune avancée n’a été obtenue sur la nécessité de faire des efforts supplémentaires de réduction des gaz à effet de serre et sur la sortie des énergies fossiles. C’est une vraie déception », pointe la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.
Laisser un commentaire