COP25 : défenseurs du climat et pays pollueurs, plus désunis que jamais

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Avec quarante heures de retard, la COP25 organisée à Madrid sous la présidence du Chili s’est refermée dimanche 15 décembre. ...

COP25

Avec quarante heures de retard, la COP25 organisée à Madrid sous la présidence du Chili s’est refermée dimanche 15 décembre. Une COP marquée par d’âpres discussions, mais peu d’annonces importantes. Alors que les attentes étaient grandes, les représentants des états n’ont pas réussi à trouver un terrain d’entente sur les sujets les plus urgents, notamment les marchés carbone et l’aide aux pays vulnérables. Seul point positif : la COP25 marque un tournant dans l’engagement des entreprises privées en faveur du climat.

COP25 : « le moins mauvais résultat possible »

« Grâce à une alliance progressiste de petits états insulaires et de pays européens, africains et latino-américains, nous avons arraché le moins mauvais résultat possible, contre la volonté des grands pollueurs. » C’est par ces mots que Laurence Tubiana, l’ancienne ambassadrice chargée des négociations pour la COP21, a commenté la clôture de la COP25. Une COP25 à la peine, qui n’est pas parvenue à répondre aux attentes des ONG, de la jeunesse et des scientifiques. Dans un contexte politico-économique plus divisé que jamais, les défenseurs de la lutte climatique n’ont pas réussi à rallier les principaux pollueurs à leurs ambitions. La Chine, l’Inde, le Brésil et l’Arabie Saoudite n’ont pris aucun nouvel engagement. Idem du côté des Etats-Unis, qui doivent prochainement se retirer de l’Accord de Paris.

Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, n’a pas non plus caché sa déception : « La communauté internationale a perdu une occasion importante de faire preuve d’une ambition plus grande en matière d’atténuation (réduction des émissions de gaz à effet de serre), d’adaptation et de financement de la crise climatique. »

Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique et solidaire, a commenté : « Alors que l’urgence climatique est criante, et en dépit de quelques avancées obtenues, l’ambition a clairement manqué lors de cette COP25. »

Pour Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace : « Les gouvernements doivent repenser complètement la manière dont ils s’y prennent, car le résultat de cette COP, marquée par un délit de fuite des puissantes économies du carbone, est totalement inacceptable. »

L’UE, locomotive de la lutte climatique

L’Union Européenne, qui avait officiellement déclaré l’état d’urgence climatique quelques jours avant l’ouverture de la COP25, a concrétisé son engagement par une ambition claire : atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Seule la Pologne a refusé cet engagement. Désormais, l’Europe doit présenter dans le détail son Green New Deal pour mettre en oeuvre sa stratégie de lutte climatique.

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Au total, 80 états seulement (sur 196 participants) ont annoncé leur volonté de revoir à la hausse leurs engagements politiques en faveur du climat. Des pays qui ne pèsent que 10,5% des émissions mondiales de CO2. Une goutte d’eau dans la transition énergétique. A un niveau plus local, 398 villes du monde ont annoncé leur ambition d’atteindre elles aussi la neutralité carbone d’ici 2050. Elles ont été rejointes par 14 régions.

Pas d’accord autour des marchés carbone

La COP25 était attendue sur un sujet épineux : celui de la réglementation pour encadrer les marchés du carbone. La question, déjà soulevée lors de la COP21, devait être tranchée. Elle reste pourtant en suspend. Les pays ne sont pas parvenus à un accord autour des règles pour aligner ces marchés sur les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Dans la même logique, les Etats-Unis ont bloqué toute demande de budget supplémentaire pour financer les pertes et préjudices subies par les états victimes du changement climatique.

Le secteur privé défend le climat

Les engagements les plus importants en faveur de la lutte climatique sont venus du secteur privé. A ce titre, la COP25 marque un tournant dans l’engagement des acteurs privés, qui se sont largement mobilisés pour répondre aux attentes de la société mondiale. Les entreprises, qui s’étaient déjà fortement mobilisées lors du Sommet Action Climat en septembre dernier, ont doublé leurs engagements. Elles étaient 90 à s’engager à atteindre la neutralité carbone. Elles sont désormais 177. Le cumul des leurs émissions directes annuelles de CO2 est équivalent aux émissions de la France, ce qui fait de ces entreprises des contributeurs stratégiques dans la lutte contre le réchauffement climatique.

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Les investisseurs ont également fait d’importantes annonces en faveur de la finance durable. Ils ont été nombreux à annoncer le déplacement de leurs investissements pour privilégier des filières vertes, neutres en émissions de CO2. En clôture de la COP25, ce sont pas moins de 4 milliards de dollars qui devraient donc être redistribués pour éviter de financer les filières non respectueuses de l’environnement.

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