La ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a appelé, ce 16 mai 2023, les représentants des quatorze États membres de l’Union européenne pro-nucléaires à adopter une « feuille de route » sur le développement de cette énergie dans l’optique de la transition énergétique. Ce « club nucléaire » était réuni à Paris pour la troisième fois, la première en dehors d’un Conseil européen, en présence de l’Italie (observateur) et du Royaume-Uni (invité).
L’alliance des États européens pro-nucléaires prend encore de l’ampleur et prépare une « feuille de route »
Progressivement, l’alliance des États européens pro-nucléaires prend de l’ampleur. Créée à l’initiative de la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, début mars 2023, elle comptait à l’époque 11 membres : Bulgarie, Croatie, Finlande, France, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie.
Ce 16 mai 2023, ils étaient quatorze, rejoints par la Belgique, l’Estonie et la Suède, à envoyer des représentants à Paris à l’appel d’Agnès Pannier-Runacher, pour la troisième réunion du groupe, la première à ne pas se dérouler en marge d’un Conseil européen.
La réunion a bénéficié de la présence de l’Italie, pour l’instant simple « observateur », mais qui pourrait rejoindre le club, le Parlement italien ayant ouvert la porte au retour de l’atome. Ce renfort pourrait faire définitivement basculer le rapport de force en face des pays anti-nucléaire, menés par l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark ou le Luxembourg, pour les plus virulents, avec le soutien de l’Espagne ou du Portugal.
Des représentants du Royaume-Uni étaient également présents pour évoquer les enseignement de l’immense chantier d’Hinkley Point, où EDF construit actuellement deux EPR. Agnès Pannier-Runacher a appelé les États présents à écrire « une feuille de route » pour développer le nucléaire dans l’Union européenne, dans l’optique de la transition énergétique.
Faire du nucléaire « un outil de décarbonation en Europe dans tous les textes européens »
« Nous voulons faire en sorte que le nucléaire soit considéré comme un outil de décarbonation en Europe dans tous les textes européens, il faut respecter un principe de neutralité technologique. (…) Le nucléaire va contribuer à atteindre nos objectifs de neutralité carbone dans les 30 ans qui viennent », a défendu face à la presse la ministre de la Transition énergétique.
« Notre but est de discuter de comment on finance à l’avenir un développement encore plus rapide des technologies nucléaires modernes comme source d’énergie décarbonée », a abondé Jozef Sikela, ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce.
La réunion vise « la construction d’une chaîne de valeur européenne résiliente et indépendante » de l’industrie nucléaire. Elle s’est fixé des objectifs assez ambitieux : porter la puissance nucléaire installée dans l’Union européenne à 150 GW à horizon 2050, contre 100 GW aujourd’hui, alors que de nombreux réacteurs en service devront être arrêtés d’ici cette date. Cela permettrait de maintenir la part du nucléaire dans la production électrique européenne à 25%.
L’alliance entend également aider les pays de l’Est de l’Europe équipés de centrales nucléaires russes, et donc parfois dépendants de combustibles russes, à « réduire cette dépendance en s’appuyant sur l’ensemble des briques technologiques que nous avons déjà en Europe ».
Le français Orano se prépare justement à augmenter ses capacités de production d’uranium enrichi (que la France elle-même exporte encore de Russie), dans son site du Tricastin, plus grand complexe nucléaire d’Europe.
Les membres de l’alliance entendent également peser de tout leur poids pour accorder une place au nucléaire dans le « Net Zero Industry Act » (règlement pour une industrie décarbonée). Agnès Pannier-Runacher espère ainsi « aider à construire un consensus au sein du conseil européen de l’énergie pour intégrer pleinement le nucléaire dans la stratégie énergétique de l’Union ».
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