Hydrogène d’origine nucléaire : l’Union européenne rejoue son éternel débat - L'EnerGeek

Hydrogène d’origine nucléaire : l’Union européenne rejoue son éternel débat

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Une lettre cosignée par sept États membres de l’Union européenne, révélée ce 20 mars 2023, refuse l’intégration de l’hydrogène « bas carbone » (produit avec de l’électricité d’origine nucléaire) dans le plan de décarbonation des transports de Bruxelles. A l’inverse, neuf États, menés par la France, demande l’intégration de cet hydrogène dans les objectifs « verts » de l’UE. Cette opposition bloque déjà la part « hydrogène » du paquet législatif sur les renouvelables, comme un écho de la vieille guerre de la taxonomie verte.

La bataille de l’hydrogène « bas carbone » (produit avec de l’électricité nucléaire) rejoue celle de la taxonomie verte

Les camps n’ont pas changé, ou presque. D’un coté les États de l’Union européenne farouchement opposés au nucléaire, menés par l’Allemagne et l’Autriche. De l’autre, les pays misant sur l’atome pour leur indépendance et leur transition énergétique, menés par la France et une majorité des pays de l’Est.

L’opposition n’est pas nouvelle. Elle s’était cristallisée, une première fois, autour de la taxonomie verte (les énergies éligibles aux financements « verts » de l’Union européenne) : il avait fallu, en 2022, négocier l’inclusion du gaz fossile, « à titre transitoire », pour obtenir celle du nucléaire, pourtant principale source d’électricité bas-carbone de l’Union européenne.

La tragi-comédie se rejoue sur le volet de l’hydrogène. Les pays nucléophiles ont abandonnés l’espoir de faire du nucléaire un levier de transition énergétique reconnu par l’Union européenne, et lui donner la même place que les autres sources d’électricité bas carbone renouvelables, éolien et photovoltaïque en tête.

La position serait pourtant technologiquement et scientifiquement tenable, les écologistes sont d’ailleurs de plus en plus nombreux s’y rallier, mais elle semble inacceptable pour les États opposés au nucléaire (même si la récente alliance industrielle pour le nucléaire, nouée entre onze États membres, bientôt douze avec la Suède, pourrait faire bouger les lignes).

La bataille s’est donc déplacé sur le front de la production d’hydrogène. Elle est la pomme de discorde qui empêche la finalisation du paquet sur l’accélération des renouvelables, et atteint aussi, désormais, celui sur les transports « verts ».

Sept États s’opposent à l’inclusion de l’hydrogène d’origine nucléaire dans la directive sur les transports verts

Euractiv a rendu publique, ce 20 mars 2023, une lettre du 16 mars 2023, cosignée par les ministres de l’Écologie ou de la Transition énergétique de sept États membres opposés au nucléaire, Allemagne, Autriche, Danemark, Espagne, Irlande, Luxembourg et Portugal.

« Nous partageons le point de vue selon lequel la production et l’utilisation d’hydrogène et de carburants à faible teneur en carbone ne devraient pas être encouragées par le biais d’une directive sur la promotion des énergies renouvelables », précise la lettre.

Elle s’oppose ainsi frontalement à la demande, faite par neuf États membres pro-nucléaires (Bulgarie, Croatie, France, Hongrie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie) que les carburants d’origine nucléaire soient exemptés des objectifs de la directive sur les énergies renouvelables en matière de transports verts. Cela reviendrait à les inclure, sans le dire explicitement, dans la part de carburants verts imposée par Bruxelles.

La France affirme que cette décision ne vise pas à limiter le potentiel de l’hydrogène renouvelable, mais à garantir que les électrolyseurs installés en Europe puissent fonctionner au maximum de leur capacité, en utilisant à la fois des sources d’électricité renouvelables et nucléaires.

Promouvoir l’énergie bas-carbone, une nécessité climatique

Au-delà de la posture idéologique, technique et industrielle, la bataille est devenue sémantique. Les États opposés au nucléaire ont imposé la dénomination « hydrogène bas-carbone » pour désigner l’hydrogène produit par une électricité bas-carbone non renouvelable (donc du nucléaire), alors qu’en toute logique elle devrait désigner à la fois l’hydrogène nucléaire et l’hydrogène renouvelable.

La lettre contient d’ailleurs des phrases proches de l’oxymore pure et simple, comme « Compter l’énergie à faible teneur en carbone dans les objectifs en matière d’énergies renouvelables réduirait nos efforts en matière de climat et ralentirait les investissements dans les capacités renouvelables supplémentaires dont nous avons tant besoin ».

Les États opposés au nucléaire affirment ainsi explicitement que, pour eux, utiliser une énergie bas carbone réduirait les efforts “en matière de climat“. Alors que, comme le rappelle avec force le rapport de synthèse du GIEC publié ce même 20 mars 2023, la priorité climatique absolue est bien de baisser drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Et donc de réduire la consommation d’énergie et d’utiliser toutes les énergies « bas carbone » disponibles, quelles qu’elles soient…

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • L’hydrogène produit à partie d’électricité pour stocker et produire de l’électricité :
    Rendement global de la chaîne environ 25 % (2/3 pour l’électrolyseur*2./3 pour la pile à combustible) = 45 % -20 % pour la compression de l’hydrogène de 30 bars (pression en sortie de l’électrolyseur) à 350 bars (norme de stockage de l’industrie actuelle).
    D’autre part, comme les électrolyseurs doivent fonctionner le plus régulièrement possible (voir les spécifs des constructeurs) une alimentation par éoliennes ou panneaux PV est industriellement impossible sauf à disposer de batteries monstrueuses et dont les constituants sont tirés du travail d’esclaves humains non européens et très loin du confort des écolos bobos donneurs de leçon.

    Donc si on est antinucléaire, il est cohérent qu’on soit aussi anti-hydrogène.

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  • L’auteur de cet article n’est manifestement ni scientifique ni indépendant car l’énergie nucléaire n’est pas renouvelable, les filières uranium et thorium dureront bien moins longtemps par exemple que la géothermie, son bilan d’émissions se dégrade fortement au fil de l’exploitation accrue de l’uranium/thorium et entre autres ses risques sont d’une toute autre ampleur que les renouvelables notamment en cas de conflits alors qu’il est indéfendable par exemple face à des missiles hypersoniques entre autres

    La couleur verte n’est donc pas appropriée et l’objectivité et l’honnêteté imposerait de lui attribuer une couleur grise

    Ce n’est pas par hasard si l’Agence internationale de l’énergie atomique s’inquiète à juste titre de la situation des centrales nucléaires en Ukraine ou de la prolifération du nucléaire dans certains pays à risque sous couvert de nucléaire civil (Iran, etc)

    Les énergies fossiles sont également concernées.

    Et quant au Giec il ne considère pas le nucléaire comme le plus essentiel à la réduction des émissions comme l’atteste son récent rapport et en particulier son tableau récapitulatif ci-après

    Selon le Giec et entres autres l’Iea et les scientifiques en général :

    Energies et approches les plus rapides et efficaces pour réduire les émissions de Ges (tableau page 28 sur 36 du rapport de synthèse)

    “Les énergies solaire et éolienne, l’efficacité énergétique et l’intégration dans l’ensemble du système énergétique contribuent largement à la réduction des émissions avec des coûts inférieurs à 20 USD tCO2-eq-1”

    Tableau du Giec

    https://i.ibb.co/mFCHKgs/Screenshot-2023-03-23-at-01-18-01-IPCC-AR6-SYR-SPM-pdf.png

    Beaucoup de rédacteurs d’Energeek appartiennent au secteur nucléaire et sont parfois députés apparentés nucléaires, l’objectivité, la neutralité et la déontologie de ce site est donc proche de zéro ce qui n’apporte rien en terme d’information de qualité

    Ce serait bien de faire un peu moins d’articles de niveau télé-achat en faveur du nucléaire et d’aborder ces sujets avec la hauteur de vue, l’objectivité et les connaissances scientifiques et techniques nécessaires.

    On nous avait bassiné en prétendant que le nucléaire était très compétitif quand on démontrait le contraire et à présent on en est réduit à des articles niveau marchands de tapis qui ont régulièrement besoin de sous comme on le prévoyait.

    Ce serait plus pertinent de souligner par exemple que la technologie d’Hysilabs qui est français est d’autant plus compétitive qu’elle permet d’importer vers l’Europe de l’hydrogène produit à très bas prix de pays par exemple comme le Chili (baisse de 21% des coûts comparé aux technologies courantes), sans parler de l’Espagne, du Portugal etc

    On conserve ainsi les stockages et réseaux fossiles existants sans surcoûts (stockage à pression et température ambiante) avec une densité 7 fois supérieure aux méthodes courantes (A camion citerne d’hydrogène liquide d’Hydrosil (Si-H) équivalent à 7 camions citernes.

    Autrement dit comment le nucléaire, qui s’est historiquement bêtement comporté comme son opérateur et ex monopole en évinçant chaque fois les technologies peu carbonées concurrentes (dont certaines même carbone négatives) en nous faisant perdre des marchés bien plus universels, d’avenir et importants, pour les seules rentes d’un groupuscule énergétique de vieux ou jeunes vieux conservateurs du nucléaires pas du tout en pointe, va-t-il maintenant être capable de produire de l’hydrogène à des coûts réellement compétitifs alors qu’il a cumulé les échecs et les dettes et qu’en part de marché mondial il ne représente pas grand chose ?

    Répondre
  • Cher Energie +,

    Puisque vous trouvez ce site nul et ses rédacteurs incompétents, ce que je vous propose, c’est de ne plus venir poster sur le site.
    De cette façon, vous épargnerez à tout le monde vos commentaires nullissimes qui sont juste bon à être imprimés sur du papier toilette et que personne ne lisait de toute façon.
    Il y a marre d’être pollué par vos merdes !

    Vous n’avez rien démontré sur rien et vous n’êtes absolument pas à un scientifique contrairement à ce que vous prétendez.
    Vous êtes juste bon à faire du repost d’autre articles de sources douteuse principalement anti-nucléaire.

    Cordialement.

    PS: Ce commentaire vaut aussi pour Rochain
    PS2: Energie +, n’oubliez pas votre cacheton de prozac à 14:00

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  • Pour information, l’article ne dit à aucun endroit que le nucléaire est “renouvelable” ou “vert”. Il dit qu’il est “bas carbone”, ce qui est incontestable et incontesté, même par ses opposants, comme précisé, également, dans l’article. De même, l’hydrogène “vert” n’est PAS produit avec du nucléaire, mais uniquement avec des sources renouvelables.

    Dans la terminologie colorée, on parle d’hydrogène “rose” pour désigner l’hydrogène produit avec du nucléaire. L’Union européenne emploie l’expression “hydrogène bas carbone” pour désigner l’hydrogène produit par des sources d’électricité bas carbone mais non renouvelable (donc nucléaire).

    Et oui, affirmer qu’utiliser une source d’énergie “bas carbone” va contre les objectifs climatiques est une oxymore.

    Il y a des raisons de s’opposer au nucléaire, on peut lui préférer la géothermie, on peut défendre le fait qu’il faudrait investir plus dans les EnR, dans la géothermie, que ces technologies seront plus efficaces, dire que le nucléaire coute trop cher… Mais affirmer que le nucléaire ne participe pas à la décarbonation de nos sociétés est factuellement faux. L’article ne va pas plus loin, et ne comporte, donc, aucune contre vérité scientifique. Bien cordialement.

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