Le Global Energy Monitor a dressé, ce 6 avril 2023, son bilan mondial 2022 sur les centrales au charbon. Leur nombre a baissé, dans les pays développés comme dans les pays en développement (hors-Chine), mais à un rythme toutefois bien trop lent pour tenir les objectifs climatiques. Pire : les projets chinois menacent de réduire en cendre ces efforts déjà insuffisants.
Centrales à charbon : des fermetures nombreuses, mais insuffisantes…
De tous les combustibles fossiles, le charbon est, de loin, celui qui émet le plus de gaz à effet de serre. Pour tenir les objectifs de l’accord de Paris, il doit donc urgemment être abandonné. Mais le bilan 2022 du Global Energy Monitor, une ONG californienne, publié ce 6 avril 2023, n’incite pas vraiment à l’optimisme, même si des efforts ont été faits l’année dernière.
Les analystes de l’ONG estiment que, pour rester sous les 1,5°C de réchauffement climatique, le charbon doit être abandonné dans les pays développé d’ici 2030, dans les pays émergents d’ici 2040, sans construire de nouvelles centrales. En tout, le monde compte 2 100 GW de puissance installée de centrales à charbon. Pour respecter le rythme de l’accord de Paris, il faudrait donc en retirer 117 GW par an d’ici 2040.
Le rapport du Global Energy Monitor présente quelques bonnes nouvelles : une date d’arrêt est fixée pour 580 GW des capacités installées. 1 400 GW disposent d’objectifs de « neutralité carbone ». Certes, cette expression peut signifier de nombreuses choses (remplacement du charbon par un combustible durable, biomasse par exemple, remplacement par un SMR nucléaire, ajout d’un procédure de capture et séquestration du carbone…), mais elle montre qu’une volonté de mettre fin aux émissions de ces centrales existent.
Seuls 100 GW, environ, 5 % du total, ne disposent d’aucun engagement climatique, « une réalité presque impensable il y a encore dix ans », pointent les auteurs du rapport.
En 2022, les États-Unis ont mis à l’arrêt 13 GW de centrales au charbon. L’Union européenne, coincée par la rupture d’approvisionnement de gaz fossile russe, a nettement ralenti le rythme, après une année 2021 record, avec seulement 2,2 GW de supprimés. Mais aucun nouveau projet n’est dans les cartons dans les pays développés, et la baisse devrait se poursuivre.
Du coté des économies en développement (en dehors de la Chine), les mises en services prévues ont baissé de 23 GW. En tout, 26 GW de puissance installée ont été fermés. Pas de quoi se féliciter : il faudrait un rythme 4,5 fois plus élevé pour rester dans les clous de l’accord de Paris.
… et qui ne compensent pas l’appétit charbonnier de la Chine
Mais surtout, 45,5 GW de nouvelles centrales ont ouverts, soit un bilan net de +19,5 GW. La Chine a elle seule a mis en service 27 GW de nouvelle capacité, et a accordé des permis pour l’équivalent de 100 GW de nouvelles centrales dans les années à venir.
« Au rythme actuel, la transition ne se fait pas assez rapidement pour éviter le chaos climatique », pointe Flora Champenois, auteur principal de l’enquête. « Le GIEC et l’ONU ont tous deux martelé qu’il fallait réduire l’énergie au charbon à l’échelle mondiale. Ce pourrait être notre dernière chance d’éviter les effets les plus graves liés au réchauffement de la planète », ajoute-t-elle.
Ce message de « dernière chance » revient un peu trop souvent dans la bouche des experts climatiques pour rendre vraiment optimiste sur l’avenir.
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