Malgré la volonté de la COP26 et de nombreuses ONG, les centrales à charbon participent encore à l’approvisionnement en énergie dans le monde. Après le rebond de la demande énergétique en 2021, l’année 2022 fait maintenant planer une incertitude qui encourage certains pays à se tourner vers le charbon. L’énergie fossile a beau afficher un lourd impact environnemental, elle reste une solution de repli dans un contexte plus incertain que jamais.
Centrales à charbon dans le monde : 34 pays concernés
Mardi 26 avril, le Global Energy Monitor a publié son rapport annuel. L’occasion de faire le décompte des projets de centrales à charbon dans le monde. Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, avait plaidé lors de la COP26 de Glasgow pour la fin du charbon. Mais force est de constater que sa voix n’a pas porté face aux enjeux énergétiques actuels.
Le rapport Global Energy Monitor dénombre encore un peu plus de 2 400 centrales à charbon en activité dans le monde. D’après les chiffres officiels, 79 pays ont encore recours au charbon dans leur mix énergétique. Le rapport constate aussi de nouveaux projets de développement. Dans 34 pays du monde, les gouvernements financent actuellement la création de nouvelles centrales ou l’extension de centrales existantes. En fin d’année 2022, la capacité de production électrique des centrales à charbon devrait progresser de 457 GW dans le monde.
2022 : un contexte énergétique mondial favorable au charbon
A l’heure où la préoccupation écologique ne cesse de gagner du terrain et où le rapport du GIEC sonne comme une sirène d’alarme, comment expliquer la résistance du charbon ? En toute logique, la demande d’énergie est l’arbitre ultime sur la question. La reprise économique de 2021 s’est accompagnée d’une forte reprise de l’activité industrielle.
Pour répondre à la demande en énergie, plusieurs pays ont utilisé les centrales à charbon comme joker énergétique. Ainsi, en 2021, la Chine et l’Inde ont été les deux pays à avoir le plus augmenté la capacité de leurs centrales à charbon. La Chine a représenté 56% des nouvelles unités de production mises en service. Et l’Inde a représenté 14%. L’électricité produite par leurs centrales à charbon avait pour but de soutenir la croissance industrielle.
Et la tendance risque fort de ne pas s’infléchir en 2022. Le conflit en Ukraine entraîne une instabilité sur le marché mondial de l’énergie, déjà fragilisé. Les Européens cherchent des solutions pour s’émanciper du gaz russe. Et la demande industrielle continue de grimper en Asie et en Inde. Le charbon reste donc un atout en attendant que la situation se stabilise.
Les centrales à charbon vont-elles encore gagner du terrain ?
Les signaux favorables au charbon ne manquent pas. Pourtant les centrales devraient tout de même voir leur nombre réduire dans les années à venir. Le rapport Global Energy Monitor indique que sur plus de 2 400 centrales actives dans le monde, seulement 170 ne sont pas menacées par une fermeture programmée ou un objectif de neutralité carbone. Au sein de l’OCDE, seuls 14% des pays membres ont des projets de construction de centrales à charbon. Et tous les projets n’ont pas forcément un avenir clair.
Aux Etats-Unis, le projet de charbon défendu par l’administration Trump est au point mort. Depuis le retour des démocrates au pouvoir, le soutien à la filière charbon n’est plus à l’ordre du jour. Et ailleurs, les contraintes environnementales pourraient décourager les gouvernements de concrétiser leurs projets de centrales à charbon.
La plus grosse incertitude plane du côté de la Chine, dont la production d’électricité a connu une grave crise en 2021. Le président Xi Jinping s’est engagé, en septembre dernier, à ne plus financer de nouvelles centrales à charbon hors de Chine. Mais il n’a pris aucun engagement pour d’éventuelles nouvelles centrales domestiques. Et il n’a pas précisé non plus si les 56 projets de centrales en Afrique allaient voir le jour ou non.
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