Au lendemain de la COP27, la centrale à charbon de Saint-Avold a redémarré son activité. Bien que le recours au charbon ne fasse pas l’unanimité, la France comme plusieurs de ses voisins doit absolument sécuriser son approvisionnement électrique pour l’hiver qui s’annonce. Et tandis que la crise de l’énergie se poursuit, avec des importations de gaz instables, le charbon apparaît comme une solution d’appoint indispensable.
Saint-Avold : la centrale à charbon fonctionne à nouveau
Depuis le lundi 28 novembre, la centrale à charbon de Saint-Avold a redémarré. Officiellement, il s’agit d’abord d’effectuer une série de tests en vue de sa remise en service officielle.
On s’en souvient, le gouvernement avait décidé la fermeture de la centrale à charbon située en Moselle. Et en mars dernier, le site de Saint-Avold avait effectivement fermé ses portes. Mais la crise en Ukraine, la fin des importations de gaz russe et la crise générale de l’énergie ont changé la donne. Surtout, l’indisponibilité du parc nucléaire français a finalement tranché en faveur du recours temporaire au charbon.
Comment va se passer le redémarrage de la centrale à charbon de Saint-Avold ?
Même si la centrale à charbon a fermé récemment, elle doit répondre à des exigences de sécurité. Depuis lundi, elle recommence à produire de l’électricité, mais le site n’alimente pas encore le réseau électrique.
Pour faire fonctionner les installations, GazelEnergie a reçu l’autorisation de réembaucher ses anciens salariés pour la période hivernale. Cette disposition avait été prévue dans la loi sur le pouvoir d’achat, votée en août dernier à l’Assemblée. Saint-Avold doit également reconstituer son stock de charbon. Pour assurer le fonctionnement de la centrale, GazelEnergie devra compter pas moins de 500 000 tonnes de charbon. Cette quantité assurera le fonctionnement du site jusqu’à mars 2023.
Le charbon est-il une bonne solution pour l’hiver 2022 ?
La centrale à charbon de Saint-Avold peur assurer la production de 600 mégawattheures maximum. Ce qui signifie qu’à elle seule, elle peut couvrir les besoins électriques d’environ un tiers des foyers de la région Grand-Est. Un coup de pouce forcément bienvenu dans un contexte de tensions du réseau électrique.
En effet, RTE a revu ses prévisions hivernales mi-novembre. D’après le gestionnaire du réseau électrique français, on ne devrait pas devoir subir de coupures électriques sur la fin d’année 2022. Une bonne nouvelle en partie due à une consommation électrique nationale stable. Mais l’arrivée du froid pourrait changer la donne. Et d’après RTE, le risque de coupure est à prévoir sur la période de fin janvier-début février 2023. Certes, EDF a commencé à redémarré les centrales nucléaires qui étaient en maintenance. Mais dans un tel contexte de tensions, le redémarrage de la centrale à charbon de Saint-Avold devrait donner un peu de répit au réseau électrique français pour les mois à venir.
La situation française et son impact en Allemagne
La France n’est pas le seul pays à faire appel au charbon pour passer l’hiver. En Allemagne, le ministre de l’économie Robert Habeck (membre de la mouvance écologiste du gouvernement fédéral), a autorisé la réouverture temporaire de plusieurs centrales à charbon. Officiellement, il confirme l’objectif de fermeture de ces sites pour 2030. Mais étant privée de gaz russe, l’Allemagne n’a plus qu’un nombre limité d’options énergétiques.
De plus, l’équilibre du réseau électrique allemand a aussi été bousculé par l’indisponibilité du parc nucléaire français. En effet, la France a drastiquement augmenté ses importations électriques pour faire face à la maintenance prolongée de ses réacteurs. Entre 2016 et 2020, l’Hexagone importait en moyenne 2 000 gigawattheures par an depuis l’Allemagne. Mais depuis le début d’année 2022, les importations électriques se sont envolées. On a déjà dépassé la barre des 5 000 gigawattheures d’électricité importés depuis l’Allemagne. Et l’année n’est pas terminée.
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