Alors que la France à réussi à faire baisser ses émissions de CO2 en 2022 de 2,5 % (ce qui reste nettement sous ses objectifs climatique), le gouvernement veut inciter les entreprises à baisser leurs consommations d’énergie en proposant à leurs salariés de réduire leur vitesse sur autoroute à 110 km/h. Paradoxal, quand on sait que cette mesure, proposé par la Convention citoyenne sur le climat, avait été retoqué en 2020 par le président de la République Emmanuel Macron.
Le Citepa, organisme chargé d’évaluer les émissions de gaz à effet de serre de la France, a publié ce 3 avril 2023 ses chiffres pour 2022, révélant une baisse finale de 2,5 %, portée essentiellement par les trois derniers mois de l’année, période de la sobriété énergétique érigée en priorité nationale et d’un hiver particulièrement doux.
Sur les neufs premiers mois de l’année, la baisse n’avait été que de 0,3 %. En tout, les émissions françaises de 2022 s’élèvent à 408 millions de tonnes équivalent CO2, 10 millions de tonnes de moins que l’année précédente.
Ces chiffres restent très en dessous du rythme nécessaire pour atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050, et de baisse des émissions de 55 % d’ici 2030, qui imposent un reflux de 4,7 % des émissions par an sur la période 2022-2030, selon le Haut Conseil pour le Climat.
Ce même 4 avril 2023, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher recevait les responsables des grandes entreprises, dont celles du CAC40 et du SBF120 adhérentes de l’Association française des entreprises privées (AFEP), pour faire le point sur les efforts de sobriété énergétique du secteur privé.
Elle a noté que les baisses de consommation de gaz et d’électricité des entreprises avaient été importantes, dans les clous des objectifs gouvernementaux, mais que la consommation de carburant n’avait pas diminuée entre 2021 et 2022 – loin de l’objectif gouvernemental de baisse de la consommation d’énergie de 40 % d’ici 2030.
Agnès Pannier-Runacher a donc demandé aux entreprises d’inciter leurs salariés à ne pas dépasser les 110 km/h sur autoroute en se rendant sur leur lieu de travail ou lors de déplacements professionnels, pour faire baisser les émissions de CO2 et la consommation d’énergie globale. Elle les invite à inscrire cette demande de réduction de la vitesse dans leurs discussions de dialogue social afin « d’ancrer la sobriété dans le temps ».
Rouler à 110 km/h sur autoroute au lieu de 130 km/h représente « trois minutes sur un trajet de 50 kilomètres, mais 20% d’émissions de CO2 et de la consommation de carburant en moins », rappelle la ministre. La mesure avait été déployée au sein des administrations publiques l’hiver dernier.
Mais ce qu’Agnès Pannier-Runacher ne rappelle pas, c’est que réduire la vitesse sur autoroute à 110 km/h, pour tous les Français, toute l’année, tout le temps, faisait partie des mesures proposées en 2019-2020 par la Convention citoyenne sur le climat. Et c’est une de celles sur lesquelles le président Emmanuel Macron a dégainé en 2020 un « joker », afin de ne pas se mettre les automobilistes à dos, sans doute échaudé par le mouvement des gilets jaunes.
Si la mesure est si efficace (et elle l’est), pourquoi ne pas l’imposer dans tout le pays, au lieu de la limiter aux déplacement professionnels, sur la base du volontariat ?
COMMENTAIRES
Avec la voiture électrique, cela va se faire tout seul !