Dans une tribune, publiée ce 10 octobre 2022, un collectif de personnalités politiques, scientifiques et de responsables d’ONG demande à TotalEnergies de stopper son méga-projet pétrolier en Ouganda et en Tanzanie, dont les conséquences écologiques et climatiques seraient désastreuses.
La semaine dernière, deux associations ont publié un rapport accablant sur les coûts humains, climatiques et environnementaux « inacceptables » du méga-projet pétrolier porté par TotalEnergies en Tanzanie et en Ouganda.
Outre l’exploitation des gisements pétrolifères, via des forages dans l’un des plus beaux parcs naturels d’Ouganda, il comporte la création d’un oléoduc (l’East African Crude Oil Pipeline – Eacop) de plus de 1.400 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne.
En février 2022, le groupe français a signé un accord d’investissement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC pour mener à bien ce projet. Alors que les premiers forages doivent démarrer d’ici la fin de l’année, la mobilisation contre ce désastre environnemental se renforce.
Ce 10 octobre 2022, un collectif de personnalités politiques, scientifiques, et de responsables d’ONG, a ainsi publié une tribune dans Le Monde, appelant TotalEnergies à « stopper » au plus vite ce projet.
Parmi les signataires figurent des députés européens et français (dont le président du Parti socialiste belge Paul Magnette et le premier secrétaire du Parti socialiste français Olivier Faure), des ONG ougandaise et tanzanienne, le coordinateur de la coalition internationale « StopEacop » Omar Elmawi, des représentants de Youth For climate Paris, de Greenpeace France, de France Nature Environnement, des Amis de la Terre France, ainsi que des géographes, météorologues et climatologues – dont le Français Jean Jouzel.
« Alors que nous sommes des millions à vouloir diminuer les émissions de gaz à effet de serre, d’autres continuent à vouloir extraire toujours plus de pétrole. C’est dans le nord de l’Ouganda que TotalEnergies veut commencer, en décembre, les forages pour alimenter en pétrole brut ce qui serait le plus long pipeline chauffé au monde », expose le texte.
« Si nous n’arrivons pas à arrêter ce projet, ce sont jusqu’à 34 millions de tonnes de CO2 qui seraient émises chaque année durant 25 ou 30 ans et précipiteraient le bouleversement climatique et son cortège de catastrophes meurtrières », précise la tribune, qui indique, en outre, que ce projet menace l’accès à l’eau et la sécurité alimentaire de plus de 40 millions de personnes.
Les signataires demandent donc « à TotalEnergies et à ses actionnaires d’abandonner immédiatement le projet Eacop » et à l’Union européenne « de concrétiser enfin l’idée d’un plan de soutien financier aux pays qui renoncent à exploiter leurs réserves de combustibles fossiles et investissent dans les énergies renouvelables ».