Le 24 mars dernier, Total Energies a présenté son rapport Sustainability & Climate pour 2022. Le rapport sur l’objectif de neutralité carbone intervient dans un contexte difficile pour Total Energies. Le groupe fait face à de vives critiques de la part de certaines ONG. Ces dernières lui reprochent d’être encore trop impliqué dans les activités d’énergies fossiles. Mais le groupe maintient son cap avec l’objectif de neutralité carbone pour 2050. Comment y parvenir ? En devenant une entreprise “multi-énergies”.
En 2020, Total Energies affichait son ambition de devenir une compagnie “multi-énergies” pour s’émanciper des énergies fossiles. Le virage de la transition énergétique n’était pas sans poser de difficultés pour un groupe si fortement dépendant de ses activités pétrolières. Et pour porter son ambition, le groupe Total Energies a dû accélérer son développement dans les énergies renouvelables et l’électricité.
Deux ans après la prise d’engagement, le groupe tricolore dresse un premier bilan. Il dispose désormais de 10 GW de capacités brutes installées pour la production d’électricité renouvelable. Et cette branche d’activité est en pleine croissance. En 2020, le groupe souhaitait mobiliser 20% de ses investissements globaux dans le développement des ENR. Finalement, les investissements pour la filière renouvelable ont été portés à hauteur de 25%. En parallèle, le groupe a poursuivi le développement de son activité de GNL. Les ventes de Total Energies en GNL sont en hausse de 10% par rapport à 2020.
Pour la première fois, le groupe Total Energies soumet sa vision Net Zéro à l’échéance 2050. Dans son rapport, le groupe français ambitionne de produire “pour 50% de l’électricité renouvelables, pour 25% des nouvelles molécules décarbonées issues de la biomasse (biocarburants, biogaz) ou de l’électricité renouvelable (hydrogène, e-fuels) et pour 25% des hydrocarbures (pétrole et gaz)”. Pour les hydrocarbures, le groupe s’engage à ce que les émissions de Scope 3 résiduelles de ses clients soient “intégralement capturées, recyclées ou compensées.”
Total Energies confirme également son objectif de réduction de 40% de ses émissions nettes de Scope 1 et 2 pour l’échéance 2030. A l’occasion de ce rapport 2022, le groupe ajoute un nouvel objectif. Il souhaite baisser “de plus de 30%” les émissions liées à la vente de produits pétroliers. Le groupe se donne une échéance : 2030.
Enfin, les émissions de méthane ne sont pas oubliées. Le groupe a décidé de prendre un engagement pour les réduire de façon progressive. En 2025, Total Energies souhaite baisser ses émissions de méthane de 50% par rapport à 2020. Et en 2030, la baisse devra être de 80%.
Concrètement, comment le groupe compte-t-il s’y prendre pour atteindre ces objectifs ? Le rapport 2022 de Total Energies présente une stratégie d’investissements remaniée. Elle doit permettre de concrétiser l’objectif de neutralité carbone. Le groupe compte sur “une politique d’investissements claire et disciplinée”. Et les filières d’énergie verte seront les premières à en profiter.
Entre 2022 et 2025, les investissements pour la croissance de l’offre d’énergies représenteront 50% des investissements globaux. Le développement des énergies décarbonées s’affirme comme une priorité. Elles représenteront 30% de l’enveloppe. Les énergies renouvelables et l’électricité devraient capter à elles seules 25% de cette enveloppe. Les 5% restants seront affectés aux investissements dans le domaine des nouvelles molécules décarbonées. Et Total Energies compte mobiliser 20% du budget d’investissements à la poursuite du développement de sa filière gaz. Sans surprise, le GNL devrait capter une bonne partie de ses investissements. Total Energies parie en effet sur le GNL comme substitut au charbon pour la production d’électricité. Et le groupe souhaite en faire une filière de croissance de chiffres d’affaires dans les années à venir.
Pour le reste, les investissements permettront de “maintenir et adapter les capacités existantes du système pétrolier et gazier” de Total Energies. 30% des investissements serviront en particulier à la maintenance du parc actuel.
En complément, les nouveaux gisements capteront 20% des investissements. Et le groupe précise qu’ils devront répondre au double impératif des faibles coûts et des faibles émissions de carbone. Mais ce choix risque de soulever de nombreuses critiques de la part des ONG. Les organisations environnementales s’opposent aux nouveaux projets pétroliers. Du côté de Total Energies, impossible de faire l’impasse sur de nouveaux gisements. Le groupe veut rester en capacité de répondre à la demande en produits pétroliers dans le monde. Et pour maintenir sa production, il rappelle qu’il doit “lutter contre le déclin naturel des champs” de pétrole.