L’année 2022 n’est pas encore terminée, mais RTE a d’ores et déjà dépassé ses prévisions d’activité pour les interconnexions électriques. Ces interconnexions transfrontalières génèrent une partie des recettes annuelles du gestionnaire de réseau français. Et cette année, la crise énergétique a généré une augmentation record des recettes. Une bonne nouvelle pour RTE, mais aussi pour certains de ses clients. Car le gestionnaire de réseau prévoit de restituer une partie de ses profits à ses clients.
Interconnexions transfrontalières : la manne méconnue de RTE
Grâce à sa position géographique stratégique, la France se situe à un carrefour pour les échanges électriques de l’Europe de l’Ouest. Et RTE gère déjà 50 interconnexions transfrontalières pour assurer les échanges d’électricité. Avec quels pays la France échange-t-elle de l’électricité ? Principalement l’Espagne, l’Italie, la Suisse, la zone Allemagne-Belgique, mais aussi avec la Grande-Bretagne.
Or, ces échanges d’électricité via les interconnexions transfrontalières génèrent des recettes pour RTE. Le gestionnaire de réseau se rémunère grâce à des droits d’accès payés par les importateurs et les exportateurs d’électricité. Comment ces droits sont-ils calculés ? Principalement en fonction des différents prix de l’électricité selon les pays, et en fonction des volumes échangés. Or, dans un contexte de crise énergétique, la hausse des prix de l’électricité entraîne une hausse des droits d’accès payés.
2022 : année record pour les interconnexions transfrontalières de RTE
Ainsi, même si l’année 2022 n’est pas encore finie, RTE sait déjà que ses recettes à venir vont dépasser ses prévisions. Or, RTE se soumet à une règle précise s’agissant des excédents de recettes.
« Lorsque les recettes de RTE excèdent les montants prévisionnels retenus par la CRE, cet excédent est rendu, selon les règles en vigueur, aux utilisateurs du réseau de transport, par des modérations des hausses annuelles de tarif. Néanmoins l’application des règles actuelles aurait étalé sur plus de six ans la restitution de l’excédent de recettes constaté en 2022. »
RTE a donc demandé à la CRE de valider une reversion exceptionnelle à ses clients. Son montant total devrait dépasser 1 milliard d’euros. Et ce remboursement devrait intervenir au premier trimestre 2023. La mesure concerne en priorité les industriels. Et cette reversion sera importante. D’après RTE, elle devrait représenter environ un tiers du tarif payé en 2022 par ces industriels.
Quelles seront les recettes 2022 des interconnexions pour RTE ?
Le gestionnaire de réseau n’a pas communiqué précisément sur les recettes enregistrées. Elles devraient être supérieures aux recettes enregistrées en 2021. Dans son rapport du 31 mars dernier, la CRE avait fait le bilan. Et d’après ses chiffres, les recettes de RTE liées aux interconnexions électriques avaient atteint 409,1 millions d’euros.
Et la CRE avait déjà observé un décalage entre les estimations et les recettes réelles perçues. « Les tentions sur les marchés de gros de l’énergie, marquées par des prix durablement élevés de l’électricité, ont conduit à des recettes de congestion bien plus élevées que les années précédentes. »
Dans le détail, les recettes des interconnexions gérées par RTE provenaient en premier d’Espagne, avec 153 millions d’euros. Et ensuite d’Italie, avec 133,4 millions d’euros.
Comment capitaliser sur ces interconnexions à l’avenir ?
En la matière, RTE a déjà affiché son ambition. L’énergéticien souhaite doubler la capacité de ses interconnexions d’ici à 2035. Et sans surprise, une de ses priorités est justement l’Espagne. RTE a déjà lancé, conjointement avec son homologue espagnol REE, le projet d’une nouvelle ligne d’interconnexion entre la France et l’Espagne. Elle partira du Golfe de Gascogne et transportera l’électricité jusqu’au futur poste de Gatika, près de Bilbao. Ce projet bénéficie du soutien de l’Union Européenne en tant que Projet d’Intérêt Commun. Et la ligne devrait entrer en fonctionnement en 2026.
En parallèle, RTE travaille sur deux autres chantiers d’importance. Le gestionnaire de réseau veut résoudre le problème de saturation des capacités d’échanges entre la France et l’Italie. Pour cela, il prévoit une nouvelle interconnexion Savoie-Piémont. Elle devrait permettre d’augmenter de 40% des capacités d’export et de doubler les importations.
RTE se mobilise aussi sur le front de l’Ouest avec le projet Celtic Interconnector, qui doit relier la France à l’Irlande. La future interconnexion, longue de 575 km dont environ 50 km en mer, aura une capacité de 700 MW. Et elle devrait enfin permettre des échanges directs entre la France et l’Irlande.
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