Ce 16 février 2022, RTE a complété ses scénarios de production électrique présentés en octobre 2021, permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Les six scénarios présentés s’appuyaient tous sur une consommation électrique « de référence » pour 2050 : RTE y ajoute deux autres scénarios de consommation, une voie de « sobriété » et une de « forte réindustrialisation ». De quoi nourrir la réflexion des politiques avec des éléments concrets.
RTE dévoile deux nouvelles trajectoires de consommation électrique pour 2050 : la « sobriété » et la « réindustrialisation profonde »
En octobre 2021, RTE a dévoilé six scénarios de production électrique pour 2050, permettant tous d’atteindre la neutralité carbone à cette date, mais avec un mix variable de nucléaire et de nouveaux renouvelables (éolien et photovoltaïque), imposant des investissements différents en fonction de l’horizon visé.
Mais ces six scénarios s’appuyaient tous sur l’hypothèse d’une consommation électrique « de référence » de 645 TWh par an, supposant d’importants gains d’efficacité énergétique, mais aussi une hausse de cette consommation, conséquence logique de l’électrification de nombreux secteurs de l’économie (transport, logement et industrie notamment).
RTE a complété ces perspectives, ce 16 février 2022, de deux nouvelles trajectoires de consommation, la « sobriété » et la « forte industrialisation ». Le scénario sobre suppose une consommation électrique de seulement 555 TWh en 2050, via « une inflexion structurelle qui porte sur les modes de vie », notamment sur la question du logement, du travail, des déplacements et de la production de biens.
Ce scénario permettrait de réduire le nombre de nouvelles sources de production électrique à construire, notamment renouvelables, et limiterait les investissements dans les équipements permettant de stabilisation du réseau électrique. Il présenterait une économie d’environ 10 milliards d’euros par an d’ici 2050 par rapport aux différents scénarios présentés en octobre 2021.
Emmanuel Macron semble pencher vers une forte réindustrialisation
La « réindustrialisation profonde » vise quant à elle une production de 745 TWh en 2050, pour porter la part de l’industrie à 12 % du PIB (contre 10 % actuellement). « Ce scénario a été construit pendant la crise sanitaire, à un moment où la vulnérabilité du pays aux chaînes d’approvisionnement mondialisé était patente. La réindustrialisation est sélective et porte sur certains secteurs stratégiques : l’électronique, les batteries, la chimie, les médicaments, certains secteurs fortement exposés à la concurrence internationale », pointe Thomas Veyrenc, directeur exécutif de RTE chargé du pôle stratégie, prospective et évaluation.
Ce scénario imposerait de construire encore plus de centrales renouvelables que dans les scénarios de référence, et n’est tenable qu’avec au moins 6 EPR2 à horizon 2050. Par rapport aux scénarios de référence, cette option coûterait 10 milliards d’euros de plus par an. Les chiffres évoqués par Emmanuel Macron durant l’officialisation de la commande de ces EPR 2 sont d’ailleurs proches de ce scénario de forte industrialisation.
RTE rappelle d’ailleurs qu’il faut voir dans ces scénarios des indicateurs et des boites à outil, les deux nouvelles trajectoires présentées n’étant d’ailleurs pas incompatibles : la France pourrait tout à fait faire le pari d’une sobriété des usages et d’une forte réindustrialisation.
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