L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) s’est déplacé pour la COP26, qui se tient jusqu’au 12 novembre 2021 à Glasgow, au Royaume-Uni. Dans un entretien accordé à l’AFP, ce dimanche 7 novembre 2021, le patron de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a défendu la place de l’énergie nucléaire, bas-carbone, dans la transition écologique et la lutte contre le changement climatique.
Pour le patron de l’AIEA, cette COP26 est « la première où l’énergie nucléaire a une chaise à la table »
« Nous n’étions pas les bienvenus, mais ça a changé ». Dans un entretien accordé à l’AFP ce dimanche 7 novembre 2021, Rafael Mariano Grossi, patron de l’AIEA, résume ainsi la place accordée à l’énergie nucléaire dans les débats en cours à la COP26, qui se tient jusqu’au 12 novembre 2021 à Glasgow, au Royaume-Uni.
« Cette COP est peut-être la première où l’énergie nucléaire a une chaise à la table, où elle a été considérée et a pu échanger sans le fardeau idéologique qui existait avant », détaille Rafael Mariano Grossi.
Le diplomate argentin, qui a pris la tête de l’AIEA en 2019, indique que le bilan carbone de l’électricité nucléaire la rend de nouveau attractive. En effet, les émissions du nucléaire proviennent exclusivement du béton nécessaire à la construction des centrales et de l’extraction de l’uranium (qui est un combustible à forte teneur énergétique, ce qui limite très fortement l’impact de son extraction et de son transport, comparativement au charbon ou au gaz naturel).
En analysant l’ensemble du cycle de vie, les émissions médianes du nucléaire s’établissent, selon le Giec, à 12 gCO2eq/kWh (avec un minimum à 3,7 et un maximum à 110), au coude-à-coude, pour la palme de l’électricité la moins carbonée, avec l’éolien – 11 gCO2eq/kWh pour le terrestre (min 7, max 56), 12 gCO2eq/kWh pour l’éolien en mer (min 8, max 35).
« L’énergie nucléaire fait partie de la solution au réchauffement »
« L’énergie nucléaire fait partie de la solution au réchauffement. Ce n’est pas la panacée, elle peut ne pas être pour tout le monde, mais elle fournit déjà plus de 25 % de l’énergie propre. Sans elle, on n’y arrivera pas », défend donc Rafael Mariano Grossi.
Face aux critiques habituelles sur l’atome (accidents, sort des déchets, coûts élevés), le patron de l’AIEA tempère, ou met en avant les avantages : « Le nucléaire ne s’arrête jamais, il fournit une articulation avec d’autres sources, dont les renouvelables. Les accidents sont rares, et quand vous regardez les statistiques en termes de conséquences, bien en deçà de ce que génèrent d’autres sources d’énergie ».
Il appelle d’ailleurs à prolonger aussi longtemps que possible les réacteurs existants, dans le respect des normes de sécurité. En effet, le seul équipement critique d’une centrale nucléaire qui se détériore avec le temps sans possibilité de réparation est la cuve contenant le combustible. C’est sa résistance qui détermine, in fine, la durée de vie de la centrale, car, sur tous les autres aspects, le niveau de sécurité d’une centrale nucléaire a tendance à croître avec le temps. De quoi envisager un prolongement jusqu’à 60 ans de la plupart du parc mondial.
Rafael Mariano Grossi indique par ailleurs que de nombreux pays en développement sont venus voir l’AIEA pour leur demander de l’aide afin de réussir leur transition énergétique. Certes, construire une nouvelle centrale représente des investissements de départ importants. Mais, pour des économies peu robustes, les SMR pourraient être une réponse, avec des investissements plus modestes, et des mises en service plus rapides.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) défend d’ailleurs la place du nucléaire dans la transition énergétique. Dans le nouveau rapport du Giec, la plupart des scénarios pour limiter le réchauffement à + 1,5 °C accordent une part accrue au nucléaire, en notant que son déploiement « peut être contraint par des préférences sociétales », mais en reconnaissant son efficacité.
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