Le gouvernement fait de la sobriété énergétique une de ses grandes priorités. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, qui s’était félicitée des efforts des Français tout en négligeant la réalité de leur vie quotidienne, vient d’annoncer une expérimentation auprès de 200 000 foyers. Ces derniers, choisissant volontairement de participer, verront leur accès à l’électricité réduit pendant l’hiver 2023-2024, en échange d’une compensation financière.
Le gouvernement lance une initiative expérimentale impliquant 200 000 ménages français équipés de compteurs Linky. Ces volontaires verront la puissance électrique de leur domicile limitée temporairement à 3 kVA durant deux heures, du lundi au vendredi inclus. Cette limitation ne permettra l’utilisation que de quelques appareils essentiels tels que des ampoules, un radiateur ou un frigo.
Pour cet effort, ces foyers recevront une indemnité de 10 euros, selon RMC, un montant qui semble bien dérisoire face à l’augmentation de 25 % du prix de l’électricité rien que pour l’année 2023. Ce montant sera versé par leur fournisseur d’électricité dans un délai de trois mois après l’expérimentation, qui devrait se dérouler pendant les heures de pic énergétique, soit entre 6 h 30 et 7 h 30 ou entre 17 h 30 et 20 h 30. Avec un ton presque moqueur, on peut se demander si cette somme symbolique encouragera suffisamment la participation ou si elle représente simplement une tentative dérisoire face à une situation énergétique tendue.
Cette expérimentation soulève diverses questions et controverses. Tout d’abord, le principe du volontariat, qui semble en réalité quelque peu forcé. Les abonnés Linky non désireux de participer devront faire attention à exprimer leur refus à Enedis directement. L’expérimentation, devant être mise en œuvre avant le 31 mars 2024, soulève donc des interrogations quant à sa communication et à la manière dont les clients concernés seront informés. Le ministère de la Transition énergétique considère ce dispositif nécessaire pour éviter un écroulement du réseau électrique dans des cas extrêmes. Pourtant, le distributeur d’électricité RTE estime que les risques de coupures pour l’hiver 2023-2024 sont beaucoup plus faibles que ceux des années précédentes.
Enfin, la zone géographique de l’expérimentation n’a pas encore été déterminée, et le projet doit encore obtenir l’approbation du Conseil supérieur de l’énergie. En cas de succès de cette expérimentation, la réduction de la puissance électrique pourrait bien devenir la solution privilégiée par le gouvernement pour soulager le réseau lors de périodes de forte demande.