Le nouveau président des Etats-Unis, Joe Biden, entend donner à son pays un franc virage vers la voiture électrique. Le 5 août 2021, il a ainsi réuni les trois principaux constructeurs automobiles américains et l’UAW, le syndicat des salariés de l’automobile, pour présenter son plan. Le président ambitionne notamment de faire passer, en moins de 10 ans, la part de véhicules « propres » de 2 % à 50 % du marché américain de la voiture neuve. Tesla, pourtant numéro 1 de la mobilité électrique made in USA, mais historiquement opposé aux syndicats, était absent de ce grand raout.
Joe Biden rallie les constructeurs automobiles américains et le syndicat UAW à son plan de développement de la voiture électrique
Le changement de cap est spectaculaire. Alors que son prédécesseur, Donald Trump, avait laissé aux Etats le soin de dresser des plans de développement de la voiture électrique et avait même réduit les objectifs d’efficacité énergétique des véhicules thermiques, le nouveau président des Etats-Unis, Joe Biden, entend faire de la mobilité électrique l’un des fers de lance des réductions d’émissions de GES des USA.
Il a ainsi organisé une grande réunion, ce 5 août 2021, sur la pelouse de la Maison-Blanche, pour présenter son plan sur la mobilité propre. Les objectifs en sont extrêmement ambitieux. Joe Biden souhaite ainsi qu’en 2030 la moitié des voitures vendues aux Etats-Unis soient « sans émission », c’est à dire électriques, hybrides rechargeable, ou à hydrogène.
Pour ce faire, il entend lancer une véritable révolution industrielle dans le secteur de l’automobile, et « mettre l’Amérique en position de mener l’avenir de la voiture électrique, de dépasser la Chine et de faire face à la crise climatique ».
Pour rappel, la Chine est actuellement le leader mondial de la production de voitures électriques, et les constructeurs automobiles américains sont assez nettement à la traîne de leurs homologues européens et est-asiatiques sur le sujet. Même constat du coté des automobilistes : les ventes de voitures électriques neuves plafonnent à 2 % du marché US, quand elles atteignent les 10 % en Europe.
Joe Biden a invité des représentants des trois principaux constructeurs automobiles américains, GM, Ford et Stellantis (qui contrôle désormais Jeep et Chrysler), qui ont affirmé, via un communiqué, leur « ambition commune d’arriver en 2030 à 40 à 50 % ». Joe Biden, qui promet que son plan offrira « des emplois bien payés et syndiqués », a également reçu le soutien du puissant syndicat UAW (United Auto Workers).
« Les membres de l’UAW sont prêts à construire ces voitures, ces camions électriques et les batteries qui vont avec. Nos membres sont l’arme secrète de l’Amérique pour gagner cette course mondiale », défend ainsi le président d’UAW, Ray Curry.
Tesla, historiquement opposé aux syndicats, brillait par son absence
En revanche, un acteur majeur de la mobilité électrique aux Etats-Unis brillait par son absence, sur le parterre de la Maison-Blanche. Joe Biden avait en effet omis d’inviter Tesla, pourtant incontestable numéro 1 mondial des ventes de véhicules électriques.
La présidence voulait symboliquement écarter un industriel connu pour sa défiance envers les syndicats, que l’UAW a attaqué en justice en 2017 avoir empêché ses salariés de se syndiquer, et qui n’a construit aucune usine dans les Etats où l’UAW est le plus fort, à commencer par le Michigan, berceau historique de l’industrie automobile américaine.
Elon Musk, CEO et fondateur de Tesla, s’en est ému sur Twitter. Il a répondu à des publication sur le sujet des phrases comme « Bizarre que Tesla n’ait pas été invité », ou « Je ne dis pas que c’est du sabotage. Mais c’est du sabotage ».
Lors d’un point presse, la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, lui a (indirectement) répondu : « Aujourd’hui, ce sont les trois plus gros employeurs de l’UAW et le président de l’UAW qui se tiendront aux côtés de Joe Biden ».
Pour autant, au-delà de la question syndicale (qui s’annonce sans doute centrale si Tesla veut bénéficier des aides gouvernementales que l’administration Biden pourrait mettre en place), Jen Psaki a reconnu que le gouvernement ne voulait pas faire l’impasse sur la société d’Elon Musk dans sa quête de la mobilité propre.
« Nous saluons bien sûr les efforts des constructeurs automobiles qui reconnaissent le potentiel d’un futur véhicule électrique et soutenons les efforts qui aideront à atteindre l’objectif du président. Et certainement, Tesla fait partie de ces entreprises », a conclu la porte-parole de la présidence.
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