Dans une note au gouvernement, remise ce 24 mars 2021, François Bayrou, Haut-commissaire au Plan et proche du président Emmanuel Macron, estime que le maintien d’un parc nucléaire important est la seule alternative pour réussir la transition énergétique en France. François Bayrou milite donc pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, afin de remplacer ceux qui vont arriver progressivement en fin de vie. Le gouvernement a refusé de se prononcer sur cette question avant la mise en service de l’EPR de Flamanville, fin 2022 ou début 2023.
Le parc nucléaire français, au centre des débats sur la transition énergétique de la France
La question de l’avenir du parc nucléaire français est actuellement au cœur des débats sur la transition énergétique en France. La dernière PPE a fixé comme objectif de passer de 70% à 50% d’électricité d’origine nucléaire d’ici 2035 (date à laquelle 14 des 58 réacteurs en activité doivent fermer). Mais c’est bien le mix électrique à horizon 2050 qui interroge le plus.
En effet, même avec les prolongements offerts par le grand carénage d’EDF, à cette date les deux-tiers du parc nucléaire actuel sera arrivé en fin de vie. La France doit donc construire de nouveaux réacteurs de seconde génération (ou EPR2) si elle veut conserver une part substantielle d’électricité d’origine nucléaire dans son mix.
La ministre de la transition énergétique Barbara Pompili défend l’idée qu’un mix 100% renouvelables pour 2050, sans nucléaire, est une alternative à envisager, et que l’exécutif ne statuera sur l’éventuelle construction de nouveaux réacteurs qu’après la mise en service de l’EPR de Flamanville, fin 2022 ou début 2023, soit après la prochaine élection présidentielle.
Pour autant, alors que la France bataille au niveau européen pour tenter de faire rentrer le nucléaire dans la taxinomie des énergies jugées « vertes » par l’Union Européenne, et donc susceptibles de recevoir des subventions publiques, plusieurs acteurs majeurs de la question énergétique en France ont récemment fait des déclarations allant dans le sens d’un renouvellement du parc nucléaire.
EDF a ainsi récemment demandé à Framatome de lancer la fabrication de pièces-clés de ses EPR2, pour anticiper leur possible construction, en France ou à l’étranger. De manière plus indirecte, RTE a conseillé, cette semaine, de renoncer aux deux fermetures de réacteurs programmées pour 2025 et 2026.
Pour François Bayrou, Haut-commissaire au Plan, « il faut de nouveaux réacteurs » nucléaires
Et ce mercredi 24 mars 2021, c’est le Haut-commissaire au Plan, François Bayrou, une voix très écoutée par le président de la République Emmanuel Macron, qui a remis une note au gouvernement, baptisée « Électricité, un devoir de lucidité », où il expose l’importance de l’atome pour la transition énergétique française.
Interrogé sur LCI, le Haut-commissaire défend l’idée que « l’électricité produite en France par des centrales nucléaires, c’est la condition même pour qu’on puisse avoir des énergies renouvelables ». Il estime en effet que les technologies de stockage et de flexibilité sont insuffisantes pour répondre à l’intermittence de l’éolien et du photovoltaïque.
Pour François Bayrou, la France aura donc besoin de conserver des centrales pilotables : « Si on n’avait pas le nucléaire, on serait obligés d’avoir des centrales thermiques au pétrole ou au gaz, et on augmenterait nos rejets de GES. Il n’existe à mon sens et au sens des analyses que nous avons faites avec l’équipe du commissariat au Plan, aucune autre solution pour le pays que d’avoir cet équilibre : d’un côté l’énergie renouvelable développée, de l’autre de nucléaire ».
François Bayrou conclue donc qu’une seule voie lui semble raisonnable : « Il faut de nouveaux réacteurs, il n’y a pas d’autres solutions sauf à recommencer à émettre des gaz à effet de serre ». Une nouvelle façon de mettre la pression sur l’exécutif pour qu’il se prononce avant 2023 sur cette épineuse question.
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