Ce jeudi 23 avril 2020, les décrets de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) et de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) de la France pour 2028 ont été enfin publiés. Le gouvernement défend sa volonté de maintenir le même cap de transition énergétique qu’avant la crise du Covid-19. Mais ONG et analystes critiquent des objectifs insuffisants pour répondre à l’urgence climatique.
Le gouvernement se félicite de la publication des décrets de la PPE et le SNBC
Attendue pour fin 2018, la PPE et la SNBC à horizon 2028 ont été publiés ce jeudi 23 avril 2020, après une ultime phase de consultation publique. Les textes sont globalement les mêmes que ceux présentés début janvier 2020. Ils différent uniquement sur des mesures techniques concernant les réseaux de chaleur et le photovoltaïque.
Le gouvernement vise donc toujours entre 102 et 113 GW de capacité renouvelable installée en 2028. Concernant le nucléaire, l’objectif est toujours de fermer 14 réacteur d’ici 2035 et faire baisser, à cette date, la part de l’atome de 70% à 50% de la production électrique française.
« Nous publions aujourd’hui des textes écologiques structurants, qui impliquent la décarbonation de tous les secteurs d’activités et qui incarnent notre volonté intacte de poursuivre la transition écologique de notre pays« , s’est félicité Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique et solidaire.
Le gouvernement souligne d’ailleurs que la pandémie de Covid-19 n’a pas modifié sa stratégie, malgré les demandes insistantes de plusieurs secteurs d’activité : la députée LREM Bérangère Alba, déléguée à la transition écologique, précise notamment que que la SNBC et la PPE ont été « publiées sans changements et sur les mêmes objectifs climatiques que déterminés avant la crise. Malgré les demandes d’inflexion, pas de retour en arrière, aucun renoncement ».
Au #JO du jour, nos Stratégie Nationale Bac Carbone #SNBC et Programmation Pluriannuelle de l’Energie #PPE publiées sans changements et sur les mêmes objectifs climatiques que déterminés avant la crise. Malgré les demandes d’inflexion, pas de retour en arrière, aucun renoncement https://t.co/Vnjb3ntyR8
— Berangere Abba (@b_abba) April 23, 2020
« La trajectoire est toujours insuffisante à court terme »
« Nous nous réjouissons de la publication de la PPE, qui donne, dans ce moment particulier de notre histoire, de la visibilité à nos différentes filières et confirme l’engagement de la France dans la transition énergétique. Mais, nous devrons tous être très attentifs aux moyens mis en œuvre pour atteindre, dans les délais, les objectifs fixés« , a dans la foulée précisé Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER).
Le texte est en revanche très critiqué par les ONG environnementales et de nombreux journalistes spécialisés dans les questions climatiques. Certains analystes soulignent notamment que cette PPE est trop centrée sur l’électricité, déjà largement décarbonée, et n’insiste pas assez sur les autres secteurs de l’énergie. « La trajectoire est toujours insuffisante à court terme, de sorte qu’il faudra redoubler d’efforts plus tard », attaque quant à elle la journaliste Audrey Garric.
Le gouvernement a publié une feuille de route inchangée pour le climat et l'énergie (SNBC et PPE). La trajectoire est toujours insuffisante à court terme, de sorte qu'il faudra redoubler d’efforts plus tard. On l'avait expliqué ici avec @NabilWakim : https://t.co/MuYcxEGsxk
— Audrey Garric (@audreygarric) April 23, 2020
La fondation Nicolas-Hulot souligne de la même manière que « la France adopte une Stratégie énergie-climat qui, de l’aveu même du gouvernement, ne suffira pas pour atteindre ses propres objectifs contraignants ».
Publication de la #PPE et de la #SNCB : La France adopte une Stratégie énergie-climat qui, de l’aveu même du gouvernement, ne suffira pas pour atteindre ses propres objectifs contraignants❗️
👉https://t.co/D60wh2kcV9 pic.twitter.com/eXmmVgHnkc— Fondation Nature Homme (@FondationNH) April 23, 2020
Dans un communiqué commun plusieurs associations (Réseau Action Climat, Amis de la Terre, Greenpeace, France Nature Environnement…) se montrent encore plus offensives : « Le gouvernement s’est refusé à intégrer les mesures complémentaires nécessaires à l’atteinte des objectifs climatiques – pourtant insuffisants – et de baisse de la consommation d’énergie de la France. Il acte ainsi l’écart entre les discours et les actes et se prive de leviers clés pour une reprise économique compatible avec l’Accord de Paris« .
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