Ce 24 mars 2021, RTE, gestionnaire du réseau de transport d’électricité, a annoncé que l’approvisionnement électrique devrait rester tendu durant les hivers 2021, 2022 et 2023 en France. Cette tension sur le réseau est une conséquence du retard de l’EPR de Flamanville et du déploiement des énergies renouvelables (en particulier l’éolien en mer), et de la pandémie de Covid-19, qui a forcé EDF à décaler le calendrier de son grand carénage. RTE recommande de mobiliser jusque 2024 toutes les solutions de flexibilité possibles, y compris la centrale thermique de Cordemais.
Pour RTE, l’hiver de l’approvisionnement électrique sera rude en 2021, 2022 et 2023
Malgré les craintes exprimées par RTE en 2020, l’approvisionnement électrique en France, durant l’hiver 2021-2021, a été assuré, même s’il a fallu recourir, en février 2021, au dispositif MonEcoWatt.
RTE appelle toutefois à la prudence pour les années à venir, et explique, ce 24 mars 2021, que la situation de l’approvisionnement électrique devrait rester tendue jusque 2024. RTE assure qu’au cours des hivers 2021, 2022 et 2023, le critère de sécurité d’approvisionnement en électricité ne sera pas respecté. « Le principal facteur de cette tension c’est la faible disponibilité du parc nucléaire, conséquence de la Covid 19 et du grand carénage », explique le président du directoire de RTE, Xavier Piechaczyk.
En effet, les travaux d’EDF pour prolonger la durée de vie de ses réacteurs ont pris du retard en 2020 suite aux confinements, imposant davantage d’arrêts de réacteurs pour maintenance d’ici 2024 qu’initialement prévu. Cette tension de l’approvisionnement électrique provient aussi des retards dans la mise en service de l’EPR de Flamanville, mais aussi dans le développement des renouvelables, en particulier le solaire et l’éolien en mer, dont aucun des six grands parcs, validés en 2011, n’est opérationnel.
« Retrouver des marges » : grâce aux EnR, à l’effacement, mais aussi en maintenant des réacteurs nucléaires et la centrale thermique de Cordemais
Pour faire face à ces trois hivers problématiques, RTE propose des pistes pour « retrouver des marges ». Le gestionnaire réclame ainsi une accélération dans le développement des renouvelables : « les projets éoliens en mer ont pris du retard, il ne faut pas en prendre davantage. Enfin, si le photovoltaïque est désormais trop loin pour respecter les objectifs fixés par la programmation pluriannuelle de l’énergie, il faut néanmoins accélérer », détaille Xavier Piechaczyk.
RTE propose également que la France conserve une plus grande réserve de production d’électricité pilotable, notamment en laissant sur le réseau jusqu’en 2024 (voire 2026) la centrale au charbon de Cordemais (Loire Atlantique), qu’EDF veut convertir à la biomasse. Par ailleurs, toujours selon son président, « RTE estime que les conditions prévues par la programmation pluriannuelle de l’énergie, pour la fermeture anticipée de deux réacteurs nucléaires entre 2025 et 2026, pourront très difficilement être remplies ».
RTE milite enfin pour une augmentation des réserves d’effacement de consommation disponibles : « Aujourd’hui l’interruptibilité ne s’applique qu’aux industriels électro-intensifs, soit moins d’une vingtaine d’entreprises en France, des dispositifs équivalents pourraient être développés bien plus largement », estime Xavier Piechaczyk.
Ces aménagements devraient suffire pour passer les trois prochains hivers sans encombre. Au-delà de 2024, les marges sur le réseau électrique devraient redevenir acceptables, notamment grâce à la mise en service de l’EPR de Flamanville, de plusieurs parcs éoliens en mer, et au développement des autres renouvelables.
RTE a également communiqué ses prévisions à plus long terme sur la consommation d’électricité, qui devrait augmenter de 5% entre 2019 et 2030. Le gestionnaire prévoit aussi que, d’ici cette date, les transferts d’usage vers l’électricité (mobilité, production d’hydrogène, procédés industriels, chauffage ou cuisson…) permettront de réduire les émissions de CO2 de la France de 30 à 40 tonnes par an, soit 10% des émissions nationales actuelles.
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