Le projet Hercule, toujours en cours de négociations entre la Commission Européenne et le gouvernement français, prévoit de scinder EDF en trois sociétés distinctes, séparant en trois les activités du groupe : le nucléaire, les renouvelables, les barrages hydro-électriques. Craignant un démantèlement de l’énergéticien, qui fragiliserait son avenir, les quatre principales organisations syndicales d’EDF (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC) ont demandé, ce mardi 12 janvier 2021, au président Emmanuel Macron de renoncer à ce projet Hercule.
Vers une scission d’EDF en trois entités : EDF Bleu (nucléaire), Vert (renouvelables et distribution) et Azur (hydraulique)
En discussion depuis 2018, le projet Hercule prévoit une réorganisation profonde d’EDF, afin de satisfaire aux exigences de libre concurrence de la Commission Européenne. Il est un prérequis à la renégociation de l’Arenh, indispensable à l’énergéticien pour pouvoir financer ses investissements.
Plusieurs fois repoussée, la finalisation du projet Hercule n’est toujours pas achevée. Les négociations se poursuivent actuellement entre le gouvernement et la Commission Européenne. Mais le principe de la scission d’EDF semble acté.
Le projet Hercule prévoit ainsi de scinder l’énergéticien en trois, une entreprise publique, chargée de gérer le parc nucléaire (EDF Bleu), une entreprise cotée en Bourse pour la distribution d’électricité et les énergies renouvelables (EDF Vert) et une dernière pour les barrages hydro-électriques (EDF Azur), dont les concessions seraient ouvertes à la concurrence, sous la pression de la Commission Européenne.
Or, les syndicats d’EDF sont fermement opposés à cette scission. Ils craignent qu’elle aboutisse à terme à un démantèlement de l’énergéticien, qui ne serait plus un groupe intégré, et ne pourrait donc plus construire une politique globale cohérente.
Les quatre principales organisations syndicales d’EDF demandent au président de renoncer au projet Hercule
Ce mardi 12 janvier, dans un communiqué commun, les quatre principales organisations syndicales d’EDF, la CFDT, la CGT, FO et la CFE-CGC, ont demandé au président Emmanuel Macron « de renoncer à ce projet, d’ouvrir un véritable débat pour bâtir ensemble l’avenir de l’électricien national EDF, opérateur de la Nation, et de véritablement lui donner les moyens d’investir ». Pour les syndicats, « le projet Hercule actuellement à l’étude ne répond en rien aux exigences de notre époque et à l’avenir de nouvelles générations ».
Les organisations syndicales précisent que ce projet ne réglera pas, selon eux, « la question de la faiblesse endémique des fonds propres d’EDF », depuis que la Commission Européenne a contraint le groupe à changer de statut en 2004, devenant une Société Anonyme (SA), alors qu’il s’agissait auparavant d’un Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC).
Une situation d’autant plus problématique « qu’EDF va devoir investir dans la décennie qui vient près de 100 milliards d’euros dans le système électrique français ». Pour répondre à ces exigences, les syndicats réclament aussi la création d’un service d’intérêt économique général (SIEG) européen « qui tienne compte de l’ensemble des services apportés par le parc nucléaire français ».
En France, l’opposition s’est également emparé du sujet. En décembre 2020, la cheffe du groupe parlementaire socialiste Valérie Rabault avait ainsi déclaré vouloir déposer une proposition de référendum d’initiative partagée (RIP) contre le « démantèlement » d’EDF via le projet Hercule. Ce mardi 12 janvier 2021, les Sénateurs Communiste Républicain Citoyen et Ecologiste (CRCE) ont mis cette question à l’ordre du jour du Sénat pour ce mercredi 13 janvier 2021.
Stop au projet @Hercule ! Comme les personnels et leurs syndicats, nous refusons le démantèlement d'#EDF et la découpe en trois entités de l’opérateur national.
À notre demande, le Sénat débat de ce dossier ce mercredi, à suivre à partir de 18h30 ⤵️https://t.co/hkTfEUeAru pic.twitter.com/batW0cusUz
— Sénateurs CRCE-K (@senateursCRCE) January 12, 2021
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