France Relance, le plan de relance économique à 100 milliards d’euros, présenté ce jeudi 3 septembre 2020 par le premier ministre, accorde 6,7 milliards d’euros à la rénovation énergétique des bâtiments. Dont 4 milliards pour les bâtiments publics et 2 milliards pour étendre et renforcer MaPrimeRenov pour les particuliers. L’ensemble s’accompagne d’une volonté de former massivement des artisans à la rénovation énergétique. Malgré l’importance des sommes en jeu, est-ce suffisant pour enfin changer de braquet sur cette question-clé ?
Le gouvernement met 6,7 milliards d’euros sur la table pour la rénovation énergétique
La lutte contre les passoires thermiques a été érigée en « priorité nationale » depuis début du quinquennat d’Emmanuel Macron. Plusieurs mesures ont été lancées dans ce but, mais souvent complexes à mettre en œuvre, à l’image de la prime à la rénovation pour les particuliers, MaPrimeRenov, initialement programmée pour 2018, et finalement lancée seulement en janvier 2020.
Plus globalement, la rénovation énergétique des bâtiments demeurent le chantier de la transition énergétique le plus difficile à faire avancer. Au niveau européen comme en France, c’est sur ce front que les retards sur les objectifs annoncés sont les plus importants. Rappelons qu’en France, le bâtiment, encore largement chauffé au gaz naturel et au fioul, représente un quart des émissions de CO2. Les 7 millions de logement mal isolés pèsent par ailleurs dans le budget des familles les plus modestes.
Dès lors, les 6,7 milliards d’euros du plan de relance gouvernemental, France Relance, présenté par le premier ministre Jean Castex ce jeudi 3 septembre 2020, seront-ils suffisant pour un vrai changement d’échelle pour la rénovation énergétique des bâtiments en France ?
Le plan gouvernemental a prévu une enveloppe de 4 milliards d’euros supplémentaires pour la rénovation des bâtiments publics, ainsi que 500 millions pour les logements sociaux et 200 millions d’aides aux TPE/PME pour rénover leurs locaux. Sur le front des bâtiments publics, le gouvernement semble vouloir se donner les moyens de ses ambitions. Un recensement des chantiers prêts à être démarrés va être effectué, et des points d’étape réguliers seront imposés : « si des projets traînent, l’argent qui leur est dévolu sera repris et affecté à d’autres, prêts à être lancés plus rapidement », a précisé la ministre de la Transition Ecologique Barbara Pompili.
MaPrimeRenov étendue, suffisant pour amorcer une rénovation massive du parc privé ?
Sur le front du parc privé, au-delà de l’aide aux logements sociaux et aux petites entreprises, France Relance prévoit d’augmenter de 2 milliards d’euros la dotation de MaPrimeRenov. L’exécutif veut étendre et renforcer le dispositif. Jusqu’ici accessible uniquement sous conditions de ressources, la prime sera disponibles pour tous les particuliers et bailleurs qui en feront la demande.
Malgré le volontarisme du gouvernement, les particuliers seront-ils convaincus d’investir massivement, dans un contexte de fragilité économique ? Rappelons d’ailleurs que les chantiers qui offrent les meilleurs gains énergétiques sont ceux qui programment une rénovation complète, sur tous les fronts : amélioration de l’isolation par le toit, par les murs, par les ouvertures (portes, fenêtres…), transformation des chauffages obsolètes ou inadaptés…
Reste enfin la question cruciale de la main-d’oeuvre. Les artisans spécialisés ne sont pas assez nombreux et en sous-effectif. Le gouvernement a décidé de financer largement la formation, via les 35 milliards alloués à la cohésion sociale et territoriale, et les métiers de la rénovation énergétique seront prioritaires. Mais, là encore, tout dépendra de la volonté des particuliers de se lancer ou non dans cette filière, pourtant porteuse d’avenir.
Si la volonté publique est claire, sa réalisation ne sera assurément pas un fleuve tranquille et devra convaincre de nombreux Français de la nécessité de s’engager.
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