En Russie, l’énergéticien d’Etat Rosatom vient d’annoncer qu’Akademik Lomonosov, la première centrale nucléaire flottante du monde, était entrée en service. D’une longueur de 144 mètres, s’appuyant sur la technologie des SMR, elle a été remorquée jusqu’à Pevek, à proximité du détroit de Bering, dans l’Extrême-Orient russe. Elle alimente désormais en électricité la région autonome de Tchoukotka.
Rosatom, la société d’Etat russe en charge du nucléaire, a annoncé, ce vendredi 22 mai, que la centrale nucléaire flottante Akademik Lomonosov, située dans la ville de Pevek, était désormais en service et pleinement opérationnelle.
D’abord connectée, depuis décembre 2019, au réseau isolé « Chaun-Bilibino », dont elle couvrait 20% de la demande, elle va devenir la principale source d’énergie du district autonome de Tchoukotka, dans l’Extrême-Orient russe. Elle va permettre la fermeture de la petite centrale nucléaire terrestre de Bilibino, en service depuis 45 ans et désormais obsolète, et de la centrale à charbon de Tchaoun.
« Aujourd’hui, nous pouvons considérer que le projet de construction de la centrale nucléaire flottante a été mené à bien. Nous avons terminé notre tâche principale planifiée pour cette année, à savoir la mise en service complète de l’Akademik Lomonosov à Pevek. Elle devient officiellement la 11ème centrale nucléaire russe et la plus septentrionale au monde », précise Andrei Petrov, directeur de Rosenergoatom, filiale « énergétique » de Rosatom en charge de ce projet.
Cette centrale d’un genre nouveau a été construite dans les chantiers navals de Saint-Petersbourg. Elle mesure 144 mètres de long pour 30 de large, et pèse 21 500 tonnes. L’Akademik Lomonosov s’appuie sur la technologie des petits réacteurs modulaires (small modular reactors, SMR). Elle utilise en effet deux réacteurs à eau pressurisée KLT-40S, de 35 MW chacun. La puissance totale de la centrale est ainsi de 70 MW – à comparer avec les 1 000 MW des réacteurs de la quasi-totalité des centrales terrestres russes. Sa durée de vie est estimée à 40 ans.
L’Akademik Lomonosov avait été remorquée au printemps 2018 jusqu’à la mer de Barents, à Mourmansk, pour charger ses réacteurs de combustible nucléaire. Elle avait ensuite longé le littoral arctique pour rejoindre son port d’attache, à Pevek, à proximité du Détroit de Bering.
Cette annonce a provoqué une vive réaction des ONG environnementales et des élus écologistes. L’eurodéputée EELV Michèle Rivasi utilise notamment l’expression « Tchernobyl flottant ». Des mots choisis régulièrement pour évoquer l’Akademik Lomonosov. A tort, selon Dale Klein, ancien président de la Commission de réglementation nucléaire sous George W. Bush : « C’est juste pour inciter les gens à penser à un accident quelconque. Cela n’a donc aucun fondement scientifique, et lorsque vous utilisez ce genre de déclarations c’est uniquement pour effrayer les gens ».
Alors qu'aucun projet n’existe pour extraire les déchets nucléaires des fonds marins, la première centrale #nucléaire flottante est mise en service en Russie.
En cas d'accident, on fait quoi? On laisse couler la centrale pour oublier? #TchernobylFlottanthttps://t.co/XFCd3z2YGn
— Michèle Rivasi 🌍 (@MicheleRivasi) May 25, 2020
D’après Piotr Pouchkariov, analyste en chef chez TeleTrade, cette technologie est même plus sûre que celle des centrales terrestres : la centrale « fonctionnera avec moins de risques que n’importe quelle centrale sur terre. Les vagues, les courants et même un tsunami océanique ne créeront aucun problème dans le bloc ». L’Akademik Lomonosov résisterait ainsi sans problème à un séisme terrestre : « Ce n’est pas un hasard si notre flotte de brise-glaces nucléaires opère de manière fiable et constante dans l’Arctique depuis l’époque soviétique. Et l’Akademik Lomonossov est, en fait, une barge insubmersible avec le même ” cœur ” atomique que les brise-glaces nucléaires russes », conclue Piotr Pouchkariov.
COMMENTAIRES
Et dire qu’il a fallu 13 ans pour construire cela ! Pas de quoi pavoiser.