Le forum économique Russie-Afrique de Sotchi, les 23 et 24 octobre 2019, a été l’occasion, pour les autorités russes, de progresser dans leur volonté d’accompagner l’Afrique dans la constitution de son parc nucléaire. Des protocoles d’accord ont été signés avec une vingtaine de pays, alors qu’un partenariat avec l’Egypte est déjà acté. L’Afrique compte sur l’énergie nucléaire pour améliorer son électrification et augmenter sa production d’énergie.
L’Afrique est l’un des marchés-clés pour les industriels du nucléaire. L’Afrique du Sud fait ainsi figure de pionnière puisqu’elle dispose déjà d’une centrale nucléaire en service, avec deux réacteurs (et devrait d’ailleurs se doter d’autres centrales). Là-bas, le nucléaire séduit car pour produire de l’électricité, l’atome présente le double avantage d’avoir un meilleur bilan carbone que le charbon ou le gaz, et d’être pilotable, ce qui le rend complémentaire de l’éolien ou du photovoltaïque.
La France, la Chine et la Russie sont trois des partenaires potentiels les plus actifs dans le déploiement de cette technologie en Afrique. La Russie a profité du forum économique Russie-Afrique de Sotchi, les 23 et 24 octobre 2019, pour mettre en avant son industrie. Menée par l’agence nucléaire russe Rosatom, cette opération s’appuie sur la compétitivité des centrales russes, et de prêts à taux avantageux.
Pour l’heure, la Russie n’a signé qu’un seul contrat ferme avec un pays africain, l’Egypte, pour quatre réacteurs, à El-Dabaa, sur la Méditerranée. Le mise en service est prévue pour 2028-2029 : le projet est “encore en phase de démarrage mais progresse” a précisé à Sotchi Alexeï Likhatchev, directeur de Rosatom.
Par ailleurs, le forum a permis à Moscou de nouer avec le Rwanda et l’Ethiopie deux accords préliminaires de coopération pour la création d’un centre de recherche nucléaire. L’accord avec l’Ethiopie prévoit, entre autres, la possibilité de construire une centrale nucléaire de grande capacité : “Nous sommes prêts à proposer à nos partenaires éthiopiens des solutions et nous les invitons à venir visiter les installations russes”, a déclaré Alexeï Likhatchev.
Подписали соглашение с Руандой о сотрудничестве в сооружении центра ядерной науки и технологий в республике pic.twitter.com/2aBASl9bu7
— Росатом (@rosatom) October 24, 2019
Rosatom a également annoncé avoir mis en place de protocoles d’accord avec 18 pays, dont le Nigeria, le Soudan, le Kenya, le Ghana, la Zambie et l’Ouganda.
L’Afrique est, de loin, le continent où l’accès à l’électricité est le plus réduit. Une forte croissance démographique et économique, ainsi qu’une urbanisation galopante, créent d’importants besoins en énergie, et notamment en électricité : « l’Afrique a soif d’énergie et l’énergie nucléaire pourrait faire partie de la solution pour un nombre croissant de pays », exposait en 2018 Mikhail Chudakov, directeur général adjoint de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA).
COMMENTAIRES
Pour l’Afrique du sud, pas sûr du tout. Le nouveau président Cyril Ramaphosa est hostile à l’énergie nucléaire, il préfère – et il a bien raison – développer les énergies renouvelables :
http://www.rfi.fr/afrique/20180827-afrique-sud-suspend-projets-nucleaires-centrale-electricite-energie