Pour répondre à des remises en question récentes sur le déploiement de l’éolien, venues des plus hautes sphères de l’Etat, le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) et France énergie éolienne (FEE) sont montés au créneau, ce jeudi 27 février 2020, pour défendre la filière.
Quand la filière éolienne est attaquée, elle contre-attaque
« Nous sommes attaqués régulièrement depuis deux mois », des « attaques qui nous paraissent disproportionnées par rapport à la réalité du terrain », a déclaré Nicolas Wolff, président de FEE, lors d’une conférence de presse tenue ce 27 février 2020.
La filière éolienne a en effet été vivement remise en question par l’exécutif, en France, en ce début d’année 2020. Le président Emmanuel Macron a ainsi déclaré, le 21 janvier 2020, que « la capacité à développer massivement l’éolien est réduite », car « le consensus sur l’éolien est en train de nettement s’affaiblir dans notre pays ». « De plus en plus de gens ne veulent plus voir d’éolien près de chez eux, considèrent que leur paysage est dégradé », ajoutait le président de la République.
Le 21 février, c’est la Ministre de la Transition Energétique Elisabeth Borne qui enfonçait le clou (après avoir pourtant publiquement soutenu, quelques jours avant, la filière éolienne), en évoquant notamment « une situation d’encerclement autour de certains bourgs qui est absolument insupportable ».
Si des ONG comme Greenpeace ont critiqué le gouvernement suite à ces déclarations, surtout dans un contexte où la PPE prévoit de porter la puissance éolienne installée à 33 GW et 20% de la production électrique pour 2028 (contre 7% aujourd’hui), les acteurs de la filière éolienne ont pris position contre ce qu’ils estiment être des « contre-vérités ». Ils réaffirment notamment « l’impérieuse nécessité de développer l’éolien, en accord avec les territoires, pour respecter les objectifs de la France en matière de transition énergétique ».
Sous la pression des élus locaux, Emmanuel Macron veut freiner l’essor de l’éolien terrestre — via @lemondefr : on durcit les critères d’installation en promettant de doubler l’éolien sur 10ans , comment croire ce gouvernement 😟 https://t.co/3vShJJUhmI
— Greenpeace Versailles (@GreenpeaceVers1) February 27, 2020
Nicolas Wolff a notamment rappelé que de telles déclarations « sont dangereuses car elles ont des effets sur l’interprétation que peuvent en faire les préfets » sur des autorisations administratives de projets de parcs éoliens.
Impliquer davantage les populations, pour améliorer l’acceptabilité des éoliennes
Le SER et FFE rappellent ainsi que le cadre réglementaire français est déjà l’un des plus stricts du monde, notamment les études d’impact. « Schémas régionaux, PLU… les maires ont déjà les outils pour décider, voire empêcher, mais beaucoup ne le savent pas », précise Jean-Louis Bal, président du SER.
Qui plus est, les évolutions réglementaires récentes tendent à impliquer davantage les populations, dès les études de faisabilité. De nombreuses mesures sont par ailleurs en cours de déploiement pour améliorer l’acceptabilité des éoliennes. « On a beaucoup parlé de transition écologique, on a voté des lois mais on a peu expliqué aux citoyens l’impact sur le terrain », rappelle Nicolas Wolff. La filière souhaite notamment convaincre l’armée de pouvoir éteindre l’éclairage nocturne des éoliennes, pour qu’il ne s’allume qu’en cas de passage d’un aéronef, afin de limiter les nuisances lumineuses.
Le SER et FFE regrettent d’autant plus ces déclarations que la filière, pour atteindre ses objectifs, a d’abord besoin de libérer du foncier, la construction d’éoliennes étant encore interdite sur 47% du territoire métropolitain du fait des couloirs aériens et des radars météo. Mais les acteurs de la filière conservent leur optimiste : Nicolas Wolff notamment fait « confiance à la ministre pour poursuivre le travail engagé autour d’échanges dépassionnés, rationnels et constructifs ».
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