L'AIE soutient une stratégie associant nucléaire et renouvelables pour la France

L’AIE soutient une stratégie associant nucléaire et renouvelables pour la France

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Dans un entretien accordé aux Echos, ce mercredi 12 février 2020, Fatih Birol, directeur de l’AIE, déclare que la France, pour réussir sa transition énergétique, doit miser sur un mix entre le nucléaire et les renouvelables. Pour lui, le gouvernement doit soutenir sa filière nucléaire, renouveler son parc de centrales et continuer d’exporter son expertise nucléaire dans le monde.

Quelle place pour le nucléaire dans la transition énergétique ?

Dans le monde, l’urgence climatique a relancé le débat sur la place de la filière nucléaire. De nombreux analystes estiment ainsi qu’elle doit être soutenue et favorisée, parce qu’elle offre une source d’énergie à la fois pilotable et bas carbone, complément idéal aux renouvelables intermittents.

La France a récemment confirmé la fermeture de 14 réacteurs nucléaires d’ici 2035 et la réduction de la part du nucléaire à 50% du mix électrique à cette date. Pour la période 2035-2050, deux stratégies s’opposent : viser un scénario 100% renouvelables, et donc ne pas renouveler le parc nucléaire français ; conserver une part importante de nucléaire, et donc construire de nouveaux réacteurs pour compenser la fermeture indispensable des plus anciens.

La décision ne sera pas prise avant 2022, et, pour ce faire, le gouvernement a demandé à RTE et à l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) de plancher sur les deux scénarios. Sans préjuger du rapport officiel que fournira l’AIE au gouvernement, le directeur de l’Agence, Fatih Birol, au lendemain de la publication d’un rassurant rapport de l’AIE sur les émissions de CO2, a clairement pris position. Il déclare ainsi, dans un entretien aux Echos ce mercredi 12 février 2020 : « Dans le monde et en France, des discussions ont lieu : est-ce que nous devons miser sur les énergies renouvelables ou le nucléaire ? A mon avis, la réponse en France doit être les deux ».

Selon Fatih Birol, directeur de l’AIE, « le nucléaire constitue un atout majeur pour l’économie française »

Le directeur de l’AIE rappelle que le secteur de l’énergie est responsable de 80% des émissions de gaz à effet de serre et que trois technologies permettent de lutter efficacement contre le changement climatique : les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’énergie nucléaire. « J’applaudis l’effort de la France qui cherche agressivement à développer les énergies renouvelables, même si elle pourrait être encore plus agressive en ce qui concerne l’éolien en mer. Mais je pense aussi que le nucléaire constitue un atout majeur pour l’économie française », pointe Fatih Birol.

L’économiste rappelle en effet que le nucléaire est une pierre angulaire des exportations françaises. Le pays a donc tout intérêt à soutenir sa filière, tant pour des raisons climatiques qu’économiques : « Les pays qui veulent importer des technologies nucléaires d’un pays X ou Y regardent si ces pays développent leurs propres technologies nucléaires ou leur disent au revoir. Si j’étais un pays qui cherche à importer des technologies nucléaires, je serais moins enclin à acheter des technologies d’un pays qui abandonne sa propre filière ».

Le directeur de l’AIE affirme d’ailleurs que la France a raison de prévoir des mécanismes hors marché pour soutenir son industrie nucléaire, comme le prix plancher à l’électricité produite par EDF proposé par le gouvernement le 17 janvier 2020 : « Si nous voulons lutter contre le changement climatique, nous ne pouvons pas nous contenter de laisser faire le marché », précise Fatih Birol.

Rédigé par : La Rédaction

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COMMENTAIRES

  • Une analyse plus complète et étayée qu’un simple avis :

    Le Monde 08.02.20

    “Trois experts des questions énergétiques proposent, dans une tribune au « Monde », un scénario qui permettrait à la France de ne plus recourir à l’énergie nucléaire en faisant appel à l’hydroélectrique, l’éolien et le solaire en réduisant l’utilisation de combustibles fossiles.”

    “Alain Grandjean (Président de la Fondation pour la nature et l’homme), Cédric Philibert (Ancien analyste à l’Agence internationale de l’énergie IAE) et François Lempérière (Président d’HydroCoop)”

    “D’ici à 2050, la consommation française d’électricité pourrait atteindre 600 à 700 milliards de kWh (600 à 700 térawattheures/TWh) par an, soit 10 000 kWh par Français, contre 500 TWh aujourd’hui, selon la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Cette augmentation permettrait de beaucoup réduire l’utilisation de combustibles fossiles dans les bâtiments, l’industrie et les transports ; 60 TWh proviendraient comme actuellement des barrages et, pour respecter nos engagements climatiques, environ 640 TWh devraient être fournis par l’éolien et le solaire (ou par le nucléaire option 50%).”

    En hiver : “Pour un surcroît de consommation totale de 150 TWh une récente étude de Carbone 4 permet d’estimer un surcroît d’appel de puissance aux pointes hivernales, en cas de froid extrême, de l’ordre de 15 GW par rapport au « record » de 2012.”

    Conclusions :

    “La plupart des pays, et particulièrement en Europe, projettent pour le milieu du siècle une électricité d’origine essentiellement renouvelable. C’est aussi une option réaliste pour la France qui a un très grand potentiel d’énergies renouvelables très complémentaires. La production nucléaire mondiale plafonne depuis 20 ans; elle fournit actuellement 5 % de l’énergie globale (10 % de l’électricité).”

    La différence entre les deux options pour 50% nucléaire ou 100% renouvelables a plusieurs impacts importants dont 3 sur 5 défavorables au nucléaire.

    “L’option 100% renouvelables peut être atteinte “en une vingtaine d’années car la France est le pays européen qui a le meilleur potentiel d’énergies renouvelables remarquablement complémentaires et il n’y a pas d’obstacle technique ou économique à ce programme. Cela suppose de donner un nouvel élan au rythme d’installation éolien et solaire, actuellement très en-deçà de ce qui serait nécessaire.”

    L’option 50% nucléaire :

    • “Elle réduit de moitié la présence d’éoliennes dans le paysage”

    (dont je précise que plusieurs approches désormais permettent d’en réduire notoirement le nombre)

    • “Elle évite la reconversion, en vingt ans mais commençant dans dix ou quinze ans et en vingt ans du personnel consacré directement au nucléaire ou indirectement près d’une quinzaine de sites”.

    “L’option nucléaire parait défavorable sur trois points” :

    • “Le coût au kWh est probablement plus élevé, la différence pouvant ne pas être négligeable”

    (maintes études et modélisations indépendantes de ces dernières années confirment chaque fois au final le coût plus élevé du nucléaire)

    • “Le financement public est plus important, d’environ 200 milliards d’euros, ce qui pourrait augmenter d’autant la dette publique française.”

    (elle est de plus de 2400 milliards d’euros et de plus de 100% du Pib)

    “• Le risque lié à un accident nucléaire peut être moins important qu’actuellement si on construit des centrales plus sûres et qu’on évite les sites proches des très grandes agglomérations.”

    “Il reste toutefois significatif et les volumes de déchets nucléaires augmentent fortement.”

    “En dehors de la France, l’option nucléaire est très limitée : la production nucléaire mondiale est voisine de 2 000 TWh/an depuis 1995 et changera peu d’ici 2030, elle fournira alors 6 % de l’électricité qui dépassera 30 000 TWh.”

    “En résumé, l’expertise nucléaire de la France et ses réserves en énergies renouvelables lui permettent le choix entre deux solutions dont les avantages respectifs schématisés ci-dessus pourront être précisés davantage après publication dans quelques mois de l’étude de l’équilibre du réseau sans construction nucléaire nouvelle que le gouvernement a demandé à RTE.”

    http://cedricphilibert.net/wp-content/uploads/2020/01/ENR12491-10_Etudes_et_Documents-ENR-Nucleaire-France20200115123933.pdf

    A noter que l’étude n’intègre pas l’ensemble des renouvelables, ni l’approche générale des 7 régimes de vents pour beaucoup complémentaires en Europe dont Groenland (et connexions solaires optimales) ni le plein potentiel entre autres des réseaux Entso-e + Entso-g (pour ce dernier remplacé à terme par les différentes sources de biométhane, hydrogène etc) et plus. Ni les approches de bâtiments à énergie positive avec “stockage inter-saisonnier”.

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  • Il y a d’importantes alliances internationales pour la réalisation plus rapide de bâtiments/quartiers, communes, villes, entreprises etc zéro-carbone et positifs en énergie et déjà de nombreux bâtiments, quartiers, communes de ce type dans le monde.

    La facture totale d’énergie dans ces bâtiments en Europe est par exemple pour un 3 pièces de quelques 15 euros par mois seulement comparé à plus de 67 euros en moyenne en France.

    Ca facilite notamment le retour de personnes qui n’arrivaient plus à régler leurs charges.

    Pour des bâtiments anciens ou autres, les réseaux de chaleur réputés pour lutter contre la précarité énergétique, dont les Cop sont supérieurs à très supérieurs aux pompes à chaleur, produisent par ailleurs entre 20 et 30 euros le MWh au Nord de l’Europe et actuellement un peu plus en France.

    Quel seraient les “atouts” d’EPR dont le délai de construction est en pratique de plus de 10 ans, le délai d’amortissement – si amortissement il y a, ce que ne confirme pas la situation par exemple aux Etats-Unis où le nucléaire pourtant très ancien ne cesse de demander encore des subventions – d’au moins 60 ans, les délais de démantèlement et autres allant encore au delà, et nous portant au total vers 2100 à une époque où ces bâtiments et réseaux de chaleur seront pleinement développés depuis longtemps ?

    Le réseau électrique qui coûte plus de 30% des factures n’aura depuis longtemps aussi plus d’intérêt dans de nombreux cas puisque les stockages dont les prix sont déjà compétitifs dans plusieurs cas auront largement eu le temps de se déployer notamment en inter-saisonnier etc.

    Dès lors les EPR serviront-il seulement à faire des tags, à être comme le mur de l’Atlantique ou la ligne Maginot des actifs échoués à charge de nos descendants comme l’état déjà bien dégradé de la planète et des océans ?

    Bâtiment à énergie positive entre autres à Trondheim en Norvège qui n’a pourtant pas le climat ni l’ensoleillement de la France ;

    https://snohetta.com/projects/456-powerhouse-brattorkaia-the-worlds-northernmost-energy-positive-building

    .

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  • @Energie+
    Concernant les projets en Norvège, ce pays dispose d’énormes ressources financières tirées du pétrole et du gaz et peut, sans problème, soutenir de tels projets. Ce pays s’apprête d’ailleurs à exploiter un nouveau très gros gisement de pétrole près de ses côtes. Vous proposez, encore une fois, des solutions de pays très riches ! Et l’empreinte carbone par habitant de ce pays est parmi les plus élevées au monde.

    Répondre
  • @ Dan :

    La RT 2020 (réglementation thermique) va être applicable à toutes les constructions neuves à partir du 1er janvier 2021 (parc locatif et résidentiel). Elle concerne également les bâtiments résidentiels et tertiaires existants dans le cadre de travaux de rénovation.

    Elle s’applique depuis 2018 aux bâtiments publics.

    Elle impose que la production d’énergie soit supérieure à la consommation, la dépense doit donc être inférieure à 0 kWh/m²/an.

    Les bâtiments de ce type (en France BEPOS bâtiments à énergie positive) ne coûtent pas forcément plus cher et quand c’est le cas c’est minime (le plus souvent 5%) et vite amorti par les importants gains d’exploitation durables. Il arrive aussi que ce soit moins cher à la construction. Il y a de nombreux cas au plan international notamment.

    Il faut également viser les constructions zero-carbone (exemple label E+ C- qui tend vers çà), intégrant la récupération d’eau, le recyclage des déchets organiques, le cas échéant l’alimentation partielle locale intégrée, l’utilisation de matières recyclées, la recyclabilité intégrale du bâtiment etc.

    Il y a de nombreuses et de plus en plus de réalisations un peu partout dans le monde, avec tout ou partie de ces objectifs, de ces pratiques et normes et plusieurs alliances professionnelles de grands groupes (Bouygues Green Office etc) aux PME innovantes, afin notamment de faire progresser et diffuser les techniques.

    Dans de nombreux pays on trouve des bâtiments de ce type moins chers que les bâtiments conventionnels, par l’emploi par exemple de matériaux de construction locaux, des modes de constructions plus efficaces etc.

    Et ils sont bien moins coûteux en exploitation.

    Le sujet est très vaste mais en France des groupes comme Elithis, avec des partenaires immobiliers ou financiers, réalisent des bâtiments à énergie positive à prix conventionnel (pas de surcoûts) : une centaine prévu pour ce groupe d’ici 2030 en Europe. L’avantage pour les habitants est d’avoir notamment des charges d’énergie dérisoires.

    Je précise qu’il ne manque généralement pas d’argent parmi les groupes investisseurs dans l’immobilier (SCI, SCPI, OPCI, sicav immobilières, promoteurs etc pour la seule France, sans compter les nombreux investisseurs étrangers) et les taux d’intérêt sont encore très bas.

    Mais encore faut-il que les prix locaux n’atteignent pas des valeurs très élevées comme à Paris où les salaires ne suivent largement plus depuis un moment et qui prélude d’une baisse de l’immobilier à venir.

    Reste qu’il faut faire des réalisations exemplaires et de bon niveau et que le secteur du bâtiment suive car cela devient plus technique et certaines entreprises n’ont pas les compétences et/ou employés à la hauteur.

    Enfin quant à l’empreinte carbone, malgré son souhait d’atteindre la neutralité carbone en 2030, la Norvège reste un producteur de pétrole/gaz et par ailleurs son niveau de vie par habitant est plus élevé en moyenne qu’en France. Mais malgré cela ce pays fait pas mal d’efforts dans la plupart des domaines par ailleurs et comme pays producteur de pétrole/gaz il est bien mieux classé que les autres.

    Comme disent les norvégiens, certes nous produisons du pétrole et gaz mais c’est principalement vous qui le consommez et si nous ne l’exportions pas ce seraient d’autres pays bien plus pollueurs dans leur exploitation type Russie etc !

    http://www.elithis.fr/2019/11/27/construction-dune-centaine-de-tours-residentielles-elithis-a-energie-positive-en-europe-financee-par-un-programme-dinvestissement-de-2-mde-de-catella-re/

    .

    Répondre
  • La stratégie de l’AIE consiste à ne se mettre personne à dos en ménageant la chèvre et le choux.
    C’est sans doute ce que l’on appelle une preuve de courage…..

    Quelle bande de faux jetons

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