Lundi 2 décembre, la COP25 s’ouvre dans un climat tendu à Madrid. Le 28 novembre dernier, le Parlement Européen a décrété l’urgence climatique. Le Parlement appelle la COP25 à « prendre des mesures audacieuses et ambitieuses ». Et la plus ambitieuse de toutes pourrait être une résolution votée en faveur de l’énergie nucléaire. Car avec la mise en place d’un nouveau mix électrique mondial, cette énergie bas carbone est plus que jamais en bonne position pour devenir le moteur de la transition énergétique.
Le Parlement Européen soutient le nucléaire
Le texte du Parlement Européen revient sur l’importance de l’énergie nucléaire dans le cadre de la transition énergétique et estime que « l’énergie nucléaire peut jouer un rôle dans la réalisation des objectifs climatiques, car elle n’émet pas de gaz à effet de serre et peut également assurer une part significative de la production d’électricité en Europe ; considère néanmoins que, en raison des déchets qu’elle génère, cette énergie nécessite une stratégie à moyen et long terme prenant en compte les avancées technologiques (laser, fusion, etc.) visant à améliorer la durabilité de l’ensemble du secteur »
Valérie Faudon, de la Société Française d’énergie nucléaire (SFEN), François Momboisse, Tristan Kamin et autres experts, consultants ou ingénieurs se sont félicités sur les réseaux sociaux de cette prise de position estimant que le nucléaire est « une solution efficace pour lutter contre le réchauffement climatique, aux côtés des autres énergies bas carbone. » A l’inverse, Michèle Rivasi, députée européenne, a par exemple expliqué par le biais d’un tweet pourquoi elle a voté contre cette résolution :
Alors que la COP25 sur le #climat commence, je vous explique ici pourquoi j’ai dû voter contre la résolution COP25 du Parlement européen en raison d’un amendement pronucléaire. Le #nucléaire ne peut répondre aux enjeux climatiques.https://t.co/OExJEGWiUh pic.twitter.com/L65Pnl7xqR
— Michèle Rivasi 🌍 (@MicheleRivasi) December 2, 2019
Le nucléaire, allié incontournable de la transition énergétique ?
De fait, le mix « énergies vertes + énergie nucléaire » est déjà en train de s’imposer dans le paysage énergétique mondial. L’Agence Internationale de l’Energie constate d’ailleurs un surcroît d’intérêt pour l’atome. Elle prévoit qu’en 2040, 36 pays seront alimentés en électricité d’origine nucléaire, contre 31 en 2019.
Les pays à s’engager sur la voie du nucléaire sont plus nombreux que ceux qui en sortent. Parmi ces nouveaux consommateurs, on retrouve des acteurs clés comme la Chine, l’Inde ou encore le Japon. D’autres acteurs historiques (Etats-Unis, Brésil, Afrique du Sud, Russie, Corée du Sud, Royaume-Uni) renforcent leur capacité nucléaire. Et même les pays riches en hydrocarbures (les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite) développent le nucléaire pour produire de l’énergie bas carbone.
2 années d’émissions de CO2 économisées grâce au nucléaire
En 2018, les énergies bas-carbone (nucléaire, hydraulique, solaire, éolien…) ont représenté 32% de la production mondiale d’électricité. Le nucléaire pèse à lui seul 12%. Et pour respecter les engagements de l’Accord de Paris, cette part devrait encore augmenter. Comme la Société Française de l’énergie nucléaire le souligne, « Le secteur électrique explique à lui seul un quart des émissions de gaz à effet de serre. »
L’augmentation de la consommation électrique mondiale entraîne une hausse de ces émissions de 3% par an depuis 1990. Pour contrer cette tendance, la SFEN souligne que « Le nucléaire est l’une des rares options disponibles à grande échelle qui permette de réduire les émissions de dioxyde de carbone […]. Depuis sa création, l’énergie nucléaire a permis d’éviter le rejet de 56 gigatonne de CO2, soit l’équivalent de deux années d’émissions. »
En France : 97% d’électricité déjà bas-carbone
Avec le 1er parc nucléaire mondial en proportion de sa population, la France a opté pour une stratégie qui s’avère payante : l’Hexagone a déjà atteint 97% d’électricité bas-carbone grâce à un mix fondé sur plus de 70% de nucléaire et 20% d’ENR. Le nucléaire permet ainsi à la France de respecter les recommandations du GIEC (un mix électrique bas-carbone d’au moins 80% pour contenir le réchauffement climatique).
La SFEN souligne aussi que « La production d’électricité d’origine nucléaire contribue, à son échelle, à ne pas grever le pouvoir d’achat des ménages. » Le prix de l’électricité en France est en moyenne 22% moins cher que dans les autres pays européens. A titre d’exemple, Eurostat observe pour le premier semestre 2019 que les foyers allemands payent un peu plus de 30 centimes d’euros leur KWh ; en France, il est de 17 centimes.
De lourdes attentes sur les épaules de la COP25
« Nous sommes face à une urgence climatique. Nous avons été témoins d’encore plus de désastres climatiques, de l’augmentation des températures et de personnes déplacées à cause des changements climatiques. La jeunesse nous demande une action climatique. » C’est par ces mots que l’ONU a enjoint la COP25 de répondre à l’urgence climatique. Et en effet, les sujets à aborder sont vastes.
La COP25 devra trancher sur la question des marchés carbone, abordée mais non résolue par la COP24. Elle devra aussi évoquer l’assistance aux pays en développement. La COP25 devrait être marquée par les demandes des états du Sud, les plus exposés aux effets du dérèglement climatique. Plusieurs d’entre eux réclament la création d’un fonds pour financer les pertes et dommages subis. L’idée d’une taxe sur les billets d’avions internationaux a déjà été évoquée pour l’alimenter, mais rien n’a encore été décidé.
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