La ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, a demandé, ce dimanche 10 novembre 2019, à EDF de réfléchir à son rôle si la France passait à une fourniture d’électricité 100% renouvelables, donc sans nucléaire. La ministre veut ainsi rappeler que c’est le gouvernement qui fixe la politique énergétique du pays, et pas EDF. Pour autant, la France ne se dirige clairement pas vers une sortie du nucléaire.
Vers un scénario 100% renouvelables ?
“L’objectif est de réduire la part du nucléaire à 50% d’ici 2035. Au-delà, on doit avoir tous les scénarios sur la table avec un objectif d’assurer pour tous les Français et les entreprises une électricité abordable”, a affirmé la ministre de la Transition Energétique Elisabeth Borne dans l’Emission politique de France Inter, France Télévisions et Le Monde, ce dimanche 10 novembre 2019.
Cette prise de position est une réponse aux déclarations du président d’EDF, Jean-Bernard Levy, en octobre 2019, qui affirmait : ”il est clair que la France se prépare à construire de nouvelles centrales nucléaires”. La ministre a nettement recadré le patron d’une entreprise qui demeure possédée à 80% par l’Etat : “c’est très bien qu’il ait son point de vue, que je ne partage pas. Il se trouve que la politique énergétique, c’est plutôt le gouvernement et en particulier la ministre en charge de l’Energie que je suis qui doit la définir”.
La Ministre rappelle ainsi que le gouvernement travaille tout autant sur une alternative où la France continue de construire des centrales nucléaires que sur une alternative 100% renouvelables : “ce qui n’a pas été suffisamment étudié, c’est des scénarios 100% renouvelables. On n’est pas les seuls (pays) à étudier ce genre de scénario. C’est un scénario que nous étudions avec l’Agence internationale de l’énergie, et on souhaite avoir les éléments mi-2021 car ce n’est pas des sujets totalement triviaux”, a déclaré Elisabeth Borne.
Elle a conclue en rappelant que le grand avantage du nucléaire est qu’il ne produit pas de gaz à effet de serre. Mais que son inconvénient principal était qu’il produisait des déchets, « pour des centaines de milliers d’années ».
Le gouvernement n’entend pas se passer du nucléaire à moyen terme
La sortie a été, logiquement, saluée par les défenseurs de l’écologie, et largement brocardée par l’opposition et les défenseurs du nucléaire, dans le deux cas avec des raccourcis dommageables. Le député LR Julien Aubert s’est ainsi déclaré « catastrophé » par la déclaration de la Ministre, prenant une fois de plus l’exemple allemand pour attaquer un scénario de transition énergétique sans nucléaire.
Je suis catastrophé lorsque je vois que c’est le Ministre en charge de la stratégie énergétique qui dit de telles choses. @Elisabeth_Borne croit aux fadaises du 100% ENR. Un voyage outre-Rhin suffira à lui montrer que c’est infaisable. @OserLaFrance https://t.co/xPjB5kjeOR
— Julien Aubert (@JulienAubert84) November 10, 2019
Pour autant, Elisabeth Borne a bien précisé qu’elle évoquait un horizon au-delà de 2035 : à cette date, comme le confirment la dernière PPE et la Loi Climat-Energie (adoptée au Journal Officiel ce 9 novembre 2019), la part du nucléaire dans la production électrique française sera toujours de 50% (contre 70% aujourd’hui). Très loin de l’Allemagne, qui a programmé une sortie du nucléaire en 2022.
Ce que la ministre réclame, c’est d’envisager un modèle énergétique et électrique avec une sortie du nucléaire, progressive et programmée, sur le moyen terme (probablement au-delà de 2050), avec un fort renforcement de la capacité renouvelable française.
En revanche, quand Elisabeth Borne critique Jean-Bernard Levy quand il affirme qu’il faudra construire de nouvelles centrales, elle semble oublier que de très nombreux réacteurs vont devoir être fermés entre 2030 et 2040. Pour maintenir une production électrique nucléaire à hauteur de 50% du mix électrique en 2035, la France devra, très probablement, construire de nouveaux réacteurs.
Fin 2018 et début 2019, le gouvernement avait d’ailleurs clairement affiché son soutien au nucléaire dans la politique énergétique française.
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