François de Rugy a présenté sa démission au Premier ministre mardi 16 juillet 2019 dans l’après-midi. Depuis une semaine, le ministre de la Transition écologique et solidaire était la cible d’une série de polémiques autour de ses dépenses personnelles. Des attaques qui l’ont conduit à démissionner, moins d’un an après sa prise de fonctions, à l’instar de son prédécesseur, Nicolas Hulot. Retour sur cet événement, ses conséquences politiques et enjeux pour le devenir climatique de la France.
Ministre de la Transition écologique : un poste mal-aimé ?
Les ministres de la Transition écologique et solidaire se suivent, et leurs départs se ressemblent. En 2018, Nicolas Hulot avait fini par démissionner précipitamment de son poste de ministre de l’écologie. Il avait pris de cours le gouvernement en annonçant sa décision après seulement quinze mois au gouvernement. Nicolas Hulot avait souligné son désaccord avec la politique du gouvernement. En cause : la réduction budgétaire de 200 millions d’euros, retirés à l’écologie pour subventionner les transports. Autre camouflet : son combat contre les pesticides et le glyphosate n’avait pas trouvé d’écho dans la politique d’Edouard Philippe.
L’affaire François de Rugy : révélations en série avant la démission
C’est dans un contexte houleux que François de Rugy est donc devenu ministre de la Transition écologique et solidaire, le 4 septembre 2018. Depuis le 10 juillet, le site Mediapart a publié plusieurs révélations. François de Rugy aurait financé des dîners privés avec les fonds publics pendant sa présidence à l’Assemblée nationale. Le site a aussi révélé des dépenses douteuses liées à son train de vie.
Autant d’éléments à charge qui ont poussé le ministre à présenter sa démission, mardi 16 juillet.
Depuis plus d’une semaine, Mediapart m’attaque sur la base de photos volées, ragots et approximations. J’ai présenté ce matin ma démission au Premier ministre pour assurer ma défense et j’ai déposé plainte pour diffamation contre Mediapart. https://t.co/5qLsNrHRDt
— François de Rugy (@FdeRugy) 16 juillet 2019
Edouard Philippe a nommé dans la foulée Elisabeth Borne pour remplacer François de Rugy. Le ministre sera resté en poste moins d’un an…
Réactions en demi-teinte dans la classe politique
Dans sa déclaration officielle, François de Rugy a motivé sa décision de démissionner. Il a souligné qu’il ne voulait pas « accepter que l’action écologique soit affaiblie par des mises en cause personnelles incessantes ». Une position saluée par Gilles le Gendre, le chef des députés de la majorité, qui a déclaré : « Je l’en remercie au nom du groupe car je sais qu’il l’a fait certainement avec beaucoup de difficultés mais aussi pour protéger notre majorité. »
La France Insoumise et le Rassemblement National se sont félicités de cette démission.
De Rugy démissionne. Mais l’éborgneur Castaner est toujours là et l’embastilleuse Belloubet aussi. Steve vaut moins qu’un homard ?#DeRugy #DeRugyGate #DeRugyDémission
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 16 juillet 2019
Du côté des écologistes en revanche, les principaux responsables politiques ont préféré se montrer discrets. Sur les réseaux sociaux, Yannick Jadot, Cécile Duflot ou encore l’ancienne ministre de l’écologie, Ségolène Royal, se sont abstenu de tout commentaire.
La transition écologique, reléguée au second plan ?
La démission du ministre intervient au mauvais moment du calendrier politique. La stratégie de transition énergétique prônée par le gouvernement a fait l’objet de plusieurs critiques ces dernières semaines. Le Haut Conseil pour le Climat, l’Institut Voltaire ainsi que la Cour des comptes ont tous attaqués la PPE portée par le gouvernement. Une PPE dont le premier défenseur est le ministre de la Transition écologique.
Après plusieurs mois de crise des Gilets Jaunes, le gouvernement espérait reprendre la main grâce à plusieurs mesures comme le forfait mobilité, les aides au déploiement de bornes électriques ou encore le chèque énergie. Autant de sujets défendus par François de Rugy, qui se trouvent aujourd’hui éclipsés.
Elisabeth Borne, nouvelle ministre de la transition écologique
La rapide nomination d’Elisabeth Borne vise à maintenir le cap sur la stratégie de transition énergétique. Et son choix n’est pas un hasard. Elle participe à plusieurs projets majeurs, notamment sur le dossier de la mobilité électrique. Avant de prendre la tête du ministère des transports, elle avait été directrice de cabinet de Ségolène Royal, au ministère de l’écologie.
Sur Twitter, Elisabeth Borne s’est rapidement exprimée :
La confiance que m’accordent le Président de la République et le Premier ministre est un immense honneur. Déterminée à poursuivre ce combat essentiel qu’est la transition écologique et solidaire. Au travail dès demain, avec @brunepoirson et @EmmWargon ! @Min_Ecologie
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) 16 juillet 2019
Elle continuera de gérer le ministère des Transports, mais ne portera pas le titre de « ministre d’état » dont disposaient ses deux prédécesseurs.
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