Olivier Biancarelli d’Engie : « nous entrons dans une nouvelle ère, avec de nouveaux usages et leurs services associés »

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Olivier Biancarelli

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Olivier Biancarelli d’Engie : « nous entrons dans une nouvelle ère, avec de nouveaux usages et leurs services associés » - © L'EnerGeek

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Alors qu’Engie veut accélérer la transition énergétique, Olivier Biancarelli, son Directeur général Adjoint en charge des Solutions Clients a accepté de nous en dire plus sur la stratégie de l’entreprise. Tourné vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, le groupe est désormais l’un des principaux interlocuteurs des territoires qui souhaitent favoriser le développement durable au service de leurs populations… Rencontre…

  • La stratégie d’Engie se réoriente clairement vers la production d’énergies renouvelables tant en France qu’à l’étranger, les enjeux et investissements sont-ils plus importants et favorables que dans le nucléaire ?

Les investissements dans les énergies renouvelables, c’est un des deux axes majeurs de la nouvelle stratégie d’Engie. Et il y a une accélération très importante ces derniers temps, puisqu’on s’est engagé à développer 9 GW de nouvelles capacités en énergies renouvelables, tant dans le biogaz, que l’éolien, le solaire. La situation est assez différente pour le nucléaire. Engie opère un parc nucléaire en Belgique, mais nous ne prévoyons pas de réaliser d’investissement dans le nouveau nucléaire. En revanche, nous continuons de développer les services ; en France par exemple, on travaille entre autres avec EDF.

  • L’éolien offshore semble être un de vos chevaux de bataille. Quand on voit les difficultés d’acceptation et les retards cumulés, comment devenir le leader mondial en la matière ? Quel est votre plan d’action ?

Sur l’éolien offshore nous avons effectivement de très fortes ambitions, puisque nous visons la deuxième place au niveau mondial dès 2025. Pour cela, il faut évidemment investir et y consacrer des ressources humaines. Parallèlement, nous avons aussi une stratégie partenariale. Nous venons ainsi de signer un accord avec EDP Renewables, qui nous permettra à l’horizon 2025 de co-exploiter un parc offshore d’une puissance installée de 5 à 7 GW.

  • La Lettre A du 07/05/2019 indique « qu’Engie semble vouloir faire du continent américain un axe clé de sa croissance ». La croissance mondiale se concentre aussi beaucoup en Asie, quels sont vos projets dans ces régions ?

Le continent américain est très important pour Engie, qui dispose de trois entités distinctes : une en Amérique du Nord, le Brésil qui est une business unit à part entière, et une dernière pour le reste du continent américain. Dans toutes ces zones, nous occupons des positions fortes dans les infrastructures énergétiques, et nous développons une stratégie au service des entreprises et des territoires. Les ensembles intégrés, comme les campus universitaires, sont des leviers d’action.

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C’est assez peu connu, mais avec la Belgique et la France, le Brésil est sans doute le pays où nous sommes le plus fort ! Engie est un groupe d’envergure internationale dont l’influence s’étend bien au-delà de nos frontières. Car si nous nous sommes engagés à ne pas conserver nos actifs les plus carbonés, nous réalisons en même temps des investissements massifs pour développer de nouvelles solutions clients…

En Asie, comme dans le reste du monde d’ailleurs, nous avons développé notre présence avec une nouvelle stratégie, concentrée autour des grandes mégalopoles urbaines. Sur ce continent en particulier, il n’est en effet pas rare que les villes dépassent les 10 millions d’habitants. Nous avons ciblé une trentaine de grandes zones urbaines, réparties dans 20 pays, pour atteindre une taille critique. L’Asie Pacifique est aussi une région stratégique pour le développement des réseaux de froid urbain, comme en Indonésie, à Singapour ou aux Philippines.

  • Il est clair que la transition zéro carbone passe par les entreprises et collectivités. Une prise de conscience qui a du mal à décoller en France. Êtes-vous en phase avec ce constat et comment y remédier ?

C’est vrai que pour assurer une transition vers un monde zéro carbone, les territoires sont absolument incontournables. Sur les 160 000 salariés d’Engie, 110 000 travaillent justement sur ces sujets, que ce soit sur l’efficacité énergétique des bâtiments, les systèmes d’éclairage public intelligents, ou la mobilité verte. C’est pourquoi, nous partageons totalement votre point de vue : nous entrons dans une nouvelle ère, avec de nouveaux usages et leurs services associés.

L’objectif du groupe c’est d’aider cette deuxième vague de la transition énergétique. Par exemple en aidant les grandes villes comme Paris, mais aussi toutes les plus grandes métropoles regroupées au sein de l’alliance C40, à tenir leurs engagements climatiques. Car elles représentent aujourd’hui à elles seules 25% du PIB mondial et près des trois-quarts des émissions de gaz à effet de serre. Qui plus est, nous accompagnons également les grands groupes, qui sont nos partenaires pour cette transition vers un monde 0 carbone. Il y a un chiffre à garder en tête ; saviez-vous qu’en 2015 les grandes entreprises internationales qui avaient pris des engagements publics contre le réchauffement climatique se comptaient pratiquement sur les doigts de la main ? Aujourd’hui elles sont plus de 550…

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Dans ce contexte, Engie a décidé de créer une nouvelle entité intitulée Engie Impact. Cette entreprise, qui sera officiellement créée le 1er juillet 2019 et qui regroupera 2 000 employés, aura son siège aux Etats-Unis, mais elle a évidemment vocation à s’étendre sur les 5 continents. Sa mission sera justement de proposer des solutions à ces grandes entités, afin de leur permettre de structurer et de réaliser leur feuille de route. Engie Impact aura un rôle de conseil stratégique tout en étant dans l’opérationnel : permettre de passer des déclarations aux réalités des transformations.

  • Électromobilité et hydrogène sont-ils complémentaires pour la transition écologique des transports ?

Il faut fixer un cadre pour le développement des nouvelles mobilités, et  la loi Lom adoptée par l’Assemblée Nationale le 18 juin 2019 donne de la visibilité sur les grandes infrastructures de demain. Et il est indéniable qu’on ne peut pas penser la transition énergétique, sans révolutionner la mobilité. Par ailleurs, ce sujet impacte directement le pouvoir d’achat de nos concitoyens, il s’agit donc d’une problématique fondamentale.

C’est pourquoi, nous pensons qu’il faut privilégier la complémentarité des modes de mobilité : transports publics, transports individuels, mais aussi mobilités douces ou alternatives. Dans ce contexte, nous croyons à la complémentarité des carburants : l’électricité, le gaz et l’hydrogène. Sur l’électricité on est déjà devenu un très acteur important, puisque nous avons installé près de 85 000 bornes de recharge, notamment grâce à nos filiales Engie Ineo et EV Box. Par ailleurs, nous saluons les mesures prévues dans le texte en faveur de la mobilité gaz. Nous sommes persuadés que c’est une énergie d’avenir, en particulier pour les véhicules lourds. Mais l’hydrogène a également toute sa place, bien qu’elle soit encore relativement peu développée jusqu’à présent. Il est nécessaire d’envisager un panel de solutions complémentaires.

  • Engie a opté pour l’hydrogène renouvelable afin de décarboner de nombreux secteurs, quelle part représente l’hydrogène propre à l’échelle mondiale ? Et en France ? Quelles marges de progression ?

Dans le monde, l’hydrogène renouvelable ne représentait que 4 % de l’hydrogène produit en 2018. C’est encore un peu plus faible en France. On sait aujourd’hui comment rendre l’hydrogène plus propre. C’est vrai que pour le moment, la majeure partie de la production reste liée au vaporeformage de gaz naturel. Cependant, des techniques comme l’électrolyse permettent dès à présent de décarboner l’hydrogène, et ce vecteur énergétique présente de nombreux avantages. Pour la mobilité, nous venons d’en parler, mais aussi pour le développement des énergies renouvelables. Couplé aux énergies renouvelables intermittentes, l’hydrogène permet en effet de bénéficier de capacités de stockage.

Chez Engie, nous sommes persuadés que l’hydrogène est le véritable chaînon manquant d’un monde 100 % renouvelable.

  • Selon Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE « ces dernières décennies, les énergies renouvelables ont connu une forte croissance et pourtant, la part des énergies non carbonées dans le monde est restée stable. La raison est le déclin du nucléaire. » Que pensez-vous du dernier rapport de l’AIE qui prône de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre mondiales ? 

En réalité, cela dépend surtout des choix politiques de chaque pays, les situations sont donc extrêmement variées. Pour Engie, nous avons décidé de nous tourner prioritairement vers les énergies renouvelables, car elles atteignent un niveau de compétitivité très intéressant, notamment pour le solaire et l’éolien.

Il n’y a désormais plus de frein au développement des renouvelables.

Par ailleurs, dans notre réflexion, nous mettons aussi en avant la problématique de l’efficacité énergétique. La question qu’on ne se pose pas assez, je trouve, c’est comment généraliser les negawatts, c’est-à-dire l’énergie que l’on ne consomme pas ? L’augmentation constante de la consommation d’énergie n’est pas une fatalité en soi. Grâce à l’aide de technologies, plus ou moins digitalisées, nous avons désormais l’expertise, les savoir-faire, et les infrastructures, pour permettre de faire baisser la facture ! Nous y croyons tellement, que nous sommes prêts à investir aux côtés de nos clients en ce sens.

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