Commandé par la ville de Paris, le rapport « Paris change d’ère » propose une stratégie pour permettre à la capitale d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Réalisé par le groupement Elioth, il identifie plusieurs « grands chantiers » pour la municipalité qui réalisera prochainement la révision de son Plan Climat. En l’espace de 34 ans, la première métropole du Vieux Continent ambitionne ainsi de sortir de l’ère des fossiles et d’assumer un leadership mondial ?
Les villes au cœur de la transition énergétique
D’après l’initiateur du mouvement Transition Network, Rob Hopkins, « pour être réellement capable d’agir sur le changement climatique, il faut s’engager de toute urgence vers une économie plus locale et résiliente ». Dans ce cadre, les villes ont effectivement un important rôle à jouer puisque 66% de la population mondiale habitera en ville, comme le rappelait Christina Figueres, diplomate du Costa Rica et secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) entre 2010 et 2016, lors du débat organisé par la Banque Mondiale sur le thème : « Les villes, territoires où se construit l’avenir ».
RT @connect4climate: By 2050, 66 out of 100 people will live in urban areas! #Cities4Dev #Knowledge4Climate pic.twitter.com/JOacoOK7SG
— World Bank PSD (@WorldBankPSD) 21 avril 2017
Au moment où Paris occupe la présidence du C40 (Cities Climate Leadership Group), l’agglomération francilienne souhaite renforcer son exemplarité, ainsi qu’en atteste le rapport commandé à Elioth, intitulé : « Paris change d’ère, vers la neutralité carbone en 2050 ». Au Kazakhstan, la nouvelle capitale va pouvoir organiser de son côté l’Exposition Internationale 2017 sur le thème : Énergies du futur. L’occasion pour la cheffe du service Energie Environnement de BusinessFrance, Hélène Buriev, de rappeler le lancement du groupement Astainable® « qui doit faire d’Astana une ville intelligente, respectueuse de son environnement et agréable à vivre ». Peu de temps avant, le 6 et 7 juin 2017, l’espace Grand Arche de Paris-La Défense abritera pareillement le Sommet et l’Exposition Smart Energies 2017, notamment pour souligner l’importance des cleantechs dans le développement urbain des prochaines décennies.
Le secteur de l’énergie, cible prioritaire de la décarbonisation ?
Dans le cadre de la transition énergétique de la première ville de France, Anne Hidalgo s’est engagée à « réduire de 80% les émissions de gaz à effet de serre de la Ville de Paris d’ici 2050 ». De son côté, le rapport Elioth prévoit qu’entre 2016 et 2050 la consommation d’énergies fossiles baisse de 70%. Une option qui entrainera de nombreux bouleversements dans la vie quotidienne des franciliens ; ce qui permet d’ailleurs au fondateur du Shift Project, Matthieu Auzanneau, d’affirmer que « parvenir à zero émissions nettes de gaz à effet de serre au cours de la seconde moitié du XXIe siècle nécessite littéralement de faire émerger un monde inouï, une nouvelle révolution industrielle et sociétale ».
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Les pistes pour améliorer le bilan carbone des transports et du bâtiment en Ile-de-France
Au cours d’une tribune publiée par le site connaissance des Énergies, le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy se demande : « Sait-on assez que les secteurs du bâtiment et des transports représentent à eux deux 60% de l’énergie consommée dans le monde, près des deux tiers provenant des énergies fossiles émettrices de CO2 ? » En France et à Paris notamment, la situation est assez comparable, mais là encore le pouvoir local dispose de leviers d’action, ou du moins de solutions à proposer.
Pour les transports par exemple, c’est le taux de remplissage des véhicules qui a été retenu comme indicateur pour mesurer l’évolution des comportements. En 2016, on l’estimait à 1,1 passager par véhicule et l’objectif est de passer à 2 passagers par véhicule en moyenne en 2050. En suivant cet axe de réflexion (transports en commun, covoiturage…), il serait possible de diviser par deux la flotte de véhicules individuels, celle-ci passerait alors à 300 000, contre 600 000 actuellement dans la capitale.
Concernant le bâtiment, deux concepts sont désormais en vogue : le bâtiment bas carbone, voire le bâtiment à énergie positive (BEPOS). Concrètement, cela passe par des rénovations lourdes (70% des immeubles tertiaires, 75% des logements sociaux et 55% des logements privés), mais aussi par l’installation de près de 6 millions de m2 de toits solaires. Ainsi que le souligne le Plan Bâtiment Durable, depuis l’adoption de la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV), les Plans Climat Air Energie Territoriaux (PCAET) permettent aux collectivités locales de plus de 20 000 habitants de disposer d’un outil réglementaire afin de mettre en oeuvre le projet territorial de développement durable.
The future of energy is in the hands of cities, businesses, and citizens taking action and replacing fossil fuels. #BNEFSummit pic.twitter.com/BimpaQWwfl
— Mike Bloomberg (@MikeBloomberg) 24 avril 2017
L’implication des Parisiens, une condition sine qua non pour réussir ?
Afin d’atteindre ces objectifs ambitieux, l’adjointe à la maire de Paris en charge du développement durable, Celia Blauel, rappelle que « la mairie est directement responsable de [seulement] 1% des émissions de la ville », néanmoins dit-elle, « nous pouvons agir sur 20% » ; en revanche « pour les 80% restants, il nous faut embarquer et impliquer nos concitoyens ». Pour rappel le premier Plan Climat de la métropole a été adopté en 2007 ; en septembre, le Conseil Municipal devrait adopter une nouvelle feuille de route pour la période 2020/2030, à l’issu d’un processus participatif en cours. Dans une interview au journal La Tribune, l’élue en charge du développement durable nous indique que 700 personnes issues de la société civile (ONG, Agence parisienne pour le climat, Conseil parisien de la jeunesse…) se sont déjà mobilisées.
Tout comme l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), Célia Blauel estime également que les villes et leurs habitants ont un important rôle à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elle souligne d’ailleurs que de premiers résultats encourageant ont déjà été enregistrés, puisque « dans les transports, les émissions ont diminué de 39% entre 2004 et 2014 ». Avec la proximité des administrations territoriales, les citoyens peuvent sans doute se sentir plus impliqués, un avis que partage sans doute la présidente du R20, Michèle Sabban. A l’inverse, « les financements européens ne parviennent toujours pas aux villes » précise l’adjointe d’Anne Hidalgo, tandis que « les relations avec le système bancaire sont complexes » euphémise-t-elle.
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Crédit Photo : @AIE
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