Le 14 mai 2019, Paris accueillait le World Hydropower Congress. L’occasion pour les spécialistes de l’énergie hydraulique d’évoquer les enjeux de la gestion des barrages hydroélectriques. Au moment où les concessions françaises alimentent de vives polémiques, la commission européenne continue de défendre la concurrence… D’ailleurs, le 29 mai 2019, la commission a désigné sa nouvelle directrice générale en charge de l’énergie, Ditte Juul Jørgensen, une ancienne collaboratrice de Margrethe Vestager…
La France capitale mondiale de l’hydroélectricité
À l’échelle du globe, comme en France, l’hydroélectricité est la première source d’énergie renouvelable. A l’heure actuelle, l’énergie hydraulique représente à elle seule 17% de la production électrique mondiale, soit 70% de toute l’électricité verte produite. Et ces chiffres devraient encore évoluer ! En effet, de nombreux projets hydrauliques de grande envergure vont être lancés dans les pays en développement, comme au Cameroun avec Nachtigal, ou au Brésil avec Sinop.
A l’occasion du World Hydropower Congress, les professionnels du secteur ont rappelé l’importance des barrages pour un mix électrique bas carbone. La filière française, concernée par les deux projets cités ci-dessus, était donc à l’honneur lors de cet événement international qui a eu lieu à Paris !
L’énergie hydraulique est l’énergie du futur
Malgré cela, les responsables de la filière hydraulique et les spécialistes de l’énergie mondiale considèrent que la houille blanche n ‘est pas assez soutenue. Fatih Birol, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), déclare par exemple : « La voix de l’hydraulique n’est pas entendue aussi fort qu’elle le mérite. »
Le constat est largement partagé par Jean-Bernard Levy. Le PDG d’EDF, l’un des principaux acteurs mondiaux sur le marché de l’hydraulique, évoque ainsi le « rôle stratégique de l’hydraulique« . Selon lui, l’hydraulique « permet de développer des ENR et offre une inégalable capacité de stockage de l’électricité. » Avec le plan stockage électrique, d’importants investissements supplémentaires vont d’ailleurs être consacrés aux infrastructures. Par ailleurs, Jean-Bernard Lévy rappelle que le premier électricien d’Europe consacre déjà en temps normal « 400 M€/an pour entretenir et moderniser » le parc hexagonal. C’est pourquoi, affirme-t-il, « nous croyons plus que jamais que l’hydraulique est l’énergie du futur. »
L’hydroélectricité est la 2ème énergie la plus propre
L’autre grande force de l’hydroélectricité, c’est son bilan carbone. Et pour cause, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), il s’agit de la deuxième source d’énergie la plus verte. Avec 3,1 MW de capacité, les installations hydroélectriques génèrent seulement 24 grammes eq. CO2 par kWh. Seul l’éolien offshore fait mieux, avec 11 g eq. CO2 par kWh pour une capacité de 2,5 MW. A titre de comparaison, le solaire photovoltaïque affiche, lui, 32 gCO2e/KWh, là où le nucléaire est à 66 sur l’ensemble de son cycle de vie, et le gaz naturel à 443 !
Hydroélectricité : l’Union Européenne pousse pour plus de concurrence
À l’Assemblée nationale le 6 mars 2019, la secrétaire d’Etat Brune Poirson confirmait le soutien du gouvernement à l’hydroélectricité, en vantant notamment son rôle en faveur du développement économique local. Pourtant, plusieurs élus, parmi lesquels Marie-Noëlle Battistel mais aussi Hubert Wulfranc, s’inquiètent des modalités d’attribution qui seront retenues pour les futures concessions hydroélectriques. En réaction à notre dernière brève sur le sujet, le député Julien Aubert pointait du doigt le rôle de la commission européenne…
De son côté, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire tente justement de « convaincre la Commission européenne que ce n’est pas forcément la meilleure solution« . Seulement, avec l’arrivée de Ditte Juul Jørgensen, une spécialiste de la concurrence à la commission énergie, la mission ne sera pas simple. Cependant, pour y parvenir, le locataire de Bercy pourra une fois encore s’inspirer de l’exemple allemand ! En effet, d’après le journaliste David Garcia, « l’Allemagne a sorti ce secteur énergétique du champ de la concurrence« .
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