Des fake news sur la privatisation des barrages hydroélectriques ?

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Le 7 mars 2019, la Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a rappelé à l’ordre la France au sujet ...

La mise en concurrence des barrages sera-t-elle une réalité en 2023 ?

Le 7 mars 2019, la Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a rappelé à l’ordre la France au sujet de l’ouverture à la concurrence des barrages hydrauliques. La Commissaire veut avoir un « calendrier précis » de la mise en concurrence, alors que les concessions accordées à EDF arrivent à échéance en 2023. Une perspective qui ne plaît pas à de nombreux députés. Le 10 avril 2019, une conférence de presse transpartisane était organisée à l’Assemblée nationale pour demander au gouvernement « de prendre ses responsabilités et de défendre à Bruxelles une alternative solide à la mise en concurrence ». Accusés par l’Association française indépendante de l’électricité et du gaz de fake news, les élus ont-ils raison de s’inquiéter ?

La privatisation : un sujet sensible au Parlement 

A l’heure où la fronde parlementaire se fait entendre sur le dossier de la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP), le spectre d’une autre privatisation se profilerait selon certains élus : celle des barrages hydrauliques. L’Union européenne attend de la France une ouverture à la concurrence depuis plus dix ans. Et le gouvernement d’Edouard Philippe aurait l’intention d’avancer sur le dossier. Pour s’y opposer, une large coalition s’organise à l’Assemblée nationale. À la tribune, les députés communistes se joignaient à Delphine Batho et Julien Aubert pour présenter « une proposition de résolution européenne » qui vise à obliger le gouvernement à défendre « une alternative solide à la mise en concurrence » des barrages hydrauliques. Parmi les signataires, on retrouve également deux membres de la majorité : Stéphane Mazars (LREM) et Laurent Garcia (Modem).

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EDF détient 83 % des barrages en France contre 15 % pour Engie via ses filiales : Compagnie nationale du Rhône et Shem. Ce quasi-monopole d’EDF attire les récriminations de la Commission européenne et en premier lieu de la Commissaire européenne à la Concurrence. Cette dernière met la pression pour savoir comment sera gérée la fin des concessions accordées à EDF. La réponse du gouvernement se fait attendre et si la mise en concurrence entre dans la matrice de la majorité, les infrastructures stratégiques restent un sujet sensible. Le 20 mars dernier, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a exprimé une certaine réticence à encourager une concurrence « non maîtrisée ». Les « conséquences dommageables sur notre approvisionnement électrique » pourraient même se faire sentir selon le ministre, qui souhaite « convaincre la Commission européenne que ce n’est pas forcément la meilleure solution ».

Une concurrence inévitable ?

Bruno Le Maire souhaite convaincre la Commission, mais ne devrait pas sortir son arsenal argumentaire avant les élections européennes. Hier, lors du débat télévisé, la question des barrages hydroélectriques a été soigneusement occultée. En attendant, le gouvernement doit rassurer les parlementaires français qui montent au créneau pour défendre le système hydroélectrique, qui représente 12,4 % du mix électrique français. L’hydroélectricité est effectivement la première source d’énergie renouvelable en France. Un élément important d’une transition énergétique où « les lobbys sont à la manœuvre pour faire main basse sur la rente hydraulique car c’est l’électricité la plus rentable et la moins chère de France », selon Delphine Batho, ancienne ministre de l’Ecologie.

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Sa collègue Marie-Noëlle Battistel, demande au gouvernement de « protéger l’hydroélectricité et la mettre à l’abri des appétits marchands, c’est une question de souveraineté énergétique ». Toutefois, lorsque l’élue des Deux-Sèvres évoque la menace d’une privatisation, l’AFIEG l’accuse immédiatement de fake news. En effet, l’organisation assure que « les barrages resteront propriété de l’Etat » ! Querelle sémantique ? L’ancienne ministre socialiste estime pourtant qu’il faut se méfier des investissements étrangers. De son côté, le juriste Arnaud Gossement souligne que la Cour des comptes considère au contraire que « la mise en concurrence permet de sélectionner le candidat le mieux disant au regard des critères fixés par l’Etat (efficacité énergétique, respect de l’environnement, montant de la redevance) »

 

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