EPR de Hinkley Point : la justice européenne confirme les aides accordées

EPR de Hinkley Point : la justice européenne confirme les aides accordées

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Appelé à se prononcer sur le cas des deux EPR de la centrale Hinkley Point C au Royaume-Uni suite au recours déposé par l’Autriche et le Luxembourg, le Tribunal de l’Union européenne s’est déclaré favorable à la poursuite du projet, estimant qu’il répondait à toutes les exigences de l’UE en matière de concurrence. Dans un jugement rendu jeudi 12 juillet 2018, la justice communautaire a notamment rappelé le droit à l’autodétermination énergétique de chaque pays membre, et validé la conformité du mécanisme de soutien étatique mis en place dans ce cadre.

Désireux de fermer ses vieilles centrales au charbon tout en garantissant la tenue des objectifs nationaux de réduction des émissions de CO2, le Royaume-Uni compte pleinement sur l’énergie nucléaire dans son mix énergétique futur et envisage de renouveler progressivement plus de 20% de son parc nucléaire. Le projet des deux réacteurs EPR de Hinkley Point entre pleinement dans cette stratégie et bénéficie pour cela du soutien du gouvernement britannique via l’application d’un nouveau mécanisme d’aide publique baptisé « contrat pour la différence ». Ce dispositif prévoit la fixation d’un prix garanti par le gouvernement pour l’achat de l’électricité produite indépendamment du prix du marché. Ce tarif garanti est fixé à 92,50 livres sterling par mégawattheure, sur une période de 35 ans et impose au gouvernement britannique de verser la différence au groupe EDF tant que le prix du marché restera inférieur. Dans le cas inverse, l’aide publique ne sera alors plus nécessaire et EDF pourra simplement adapter son tarif à la hausse.

Un Etat membre peut définir son propre “bouquet énergétique”

Inédit dans le domaine nucléaire au Royaume-Uni, ce mécanisme de soutien vient d’être confirmé par le Tribunal de l’Union européenne. La cour de l’UE a en effet estimé dans un jugement rendu jeudi 12 juillet 2018, que chaque Etat membre était en droit de « définir son bouquet énergétique », et donc de « définir le développement de l’énergie nucléaire comme l’objectif d’intérêt public poursuivi par les mesures d’aide », même si cet objectif n’était pas partagé par tous les Etats membres. Les EPR d’Hinkley Point étaient à l’origine d’un conflit avec d’autres pays membres (l’Autriche et le Luxembourg notamment) qui dénonçaient une « concurrence déloyale » entre énergies nucléaire et renouvelable et avaient déposé plainte devant le tribunal communautaire. Ce dernier a estimé par ailleurs que l’intervention de l’Etat était nécessaire dans ce cas précis puisqu’il n’existe pas à l’heure actuelle d’instruments financiers ou de contrats permettant de « couvrir les risques substantiels » qui courent dans le domaine du nucléaire. Les mesures prises étaient « destinées à permettre à NNB Generation (filiale du groupe EDF) de s’engager à investir dans la construction de Hinkley Point C », est-il précisé.

Pour rappel, la centrale d’Hinkley Point C accueillera deux réacteurs EPR d’une capacité totale de 3,2 gigawatts et fournira à terme près de 7% de la consommation d’électricité du Royaume-Uni, soit l’équivalent de la consommation de plus de cinq millions de foyers en électricité. Le groupe EDF prévoit d’investir au total dans ce projet près de 19,6 milliards de livres sterling, soit environ 22,2 milliards d’euros.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Inventaire des déchets nucléaires en France en perspective du “débat national sur la gestion des déchets nucléaires” lancé par le ministère de la Transition écologique à l’automne prochain.

    Plutôt que de les enfouir à des coûts énormes pour des durées ingérables, comme je l’ai toujours indiqué il semblerait mieux de les utiliser dans une combinaison de réacteurs la plus minimaliste comme l’étudie le Cnrs et le Cea mais c’est un modèle “usine à gaz” quand on optimise au mieux chaque filière dont thorium dont la ressource en France est de quelques 190 ans principalement en Bretagne, qui doit rester très limité et être sécurisé au maximum, qui va durer un moment avant de se débarrasser des déchets et d’en réduire leur nocivité à quelques 300 ans plutôt que plus de 100.000 ans et çà coûte facilement 50% de plus au MWh qu’un EPR selon le Cea sans être vraiment exportable compte tenu des coûts et risques de prolifération.

    La filière thorium n’est pas non plus satisfaisante contrairement à ce qu’on lit souvent.

    On va voir le vrai prix de l’énergie nucléaire et la nette supériorité de l’efficacité énergétique et des renouvelables tous paramètres intégrés sur la durée.

    A noter aussi comme le rappelle l’ASN que l’on ne sait toujours pas quoi faire ni comment gérer les millions de tonnes de déchets de démantèlements de faible activité qui seront trop coûteux à déplacer et qu’au passage certains pensent réintégrer discrètement dans la filière construction…

    http://www.leparisien.fr/environnement/nucleaire-l-equivalent-de-400-piscines-olympiques-de-dechets-radioactifs-en-france-13-07-2018-7819569.php#xtor=AD-32280599

    .

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  • Et un autre moins approfondi mais non mois pertinent sur Astrid et un éventuel RNR (réacteur à neutrons rapides) dont la décision de construction ou pas sera prise en 2024, de même que l’exemple japonais :

    http://www.asahi.com/ajw/articles/AJ201806180025.html

    Pendant ce temps les méta-études économiques sur le solaire le donnent en Europe entre 17 et 25 euros le MWh avant 2025 et l’éolien autour de 30 euros le MWh.

    Quant à la méthanation après électrolyse elle apparaît déjà compétitive avec les batteries, elles-mêmes compétitives avec le gaz selon les études des opérateurs de gaz SPG et PG&E en Californie où le prix du gaz est pourtant moins élevé qu’en Europe.

    Air Liquide vient de passer un accord avec une entreprise chinoise pour la fourniture d’hydrogène à terme de 7500 camions à pile à combustible et c’est en Chine où le prix du carburant n’est pas non plus élevé.

    Ce sont donc 2 exemples concrets parmi beaucoup d’autres qui attestent de la compétitivité toute proche de l’hydrogène comme de la méthanation et du problème économique, entre autres, auquel va se heurter la filière nucléaire si l’on veut traiter plus sérieusement ses déchets de haute activité et de durée ingérable.

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  • Et concernant Hinkley Point au Royaume-Uni, une autre source parmi bien d’autres qui confirme le problème du coût, entre autres, du nucléaire comparé aux renouvelables, pour mémoire :

    Créée en 2015, la Commission nationale des infrastructures du Royaume-Uni est un organe indépendant chargé de fournir des conseils clairs au gouvernement sur la meilleure façon de répondre aux besoins d’infrastructure à long terme du pays.

    Actuellement, environ 30 % de l’électricité du Royaume-Uni provient de sources renouvelables comme l’énergie éolienne et solaire, contre 12 % il y a seulement cinq ans. L’évaluation nationale des infrastructures d’aujourd’hui recommande que le gouvernement prenne des mesures pour aller encore plus loin et s’assurer qu’un minimum de 50 % de l’électricité provienne d’énergies renouvelables en 2030.

    A plus long terme, un système énergétique basé sur les énergies renouvelables à faible coût et les technologies nécessaires pour les équilibrer peut s’avérer moins cher que la construction d’autres centrales nucléaires, car le coût de ces technologies est beaucoup plus susceptible de baisser, et à un rythme plus rapide.

    L’évaluation nationale des infrastructures met donc en garde contre une ruée vers un soutien gouvernemental pour de multiples nouvelles centrales nucléaires, et propose qu’après Hinkley Point C à Somerset, le gouvernement ne soutienne qu’une seule autre centrale nucléaire avant 2025. Cela donnerait la flexibilité nécessaire pour s’orienter vers de nouvelles sources d’énergie à faible émission de carbone à l’avenir, tout en maintenant la chaîne d’approvisionnement et la base de compétences du Royaume-Uni dans le domaine nucléaire.

    https://www.nic.org.uk/news/ministers-must-seize-the-golden-opportunity-to-switch-to-low-cost-energy/

    .

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  • Petit rectificatif : au R.U., solaire et éolien ne représentent, en 2017, que 15 % environ de la production d’électricité, Pas l’exagération !

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  • Les sites de lobbying nucléaire ne sont pas à jour, comme d’hab !

    Selon l’analyste du marché électrique britannique EnAppSys :

    Eolien + solaire en Grande Bretagne en 2017 = 18,67% du total

    Renouvelables en 2017 = 24,72%

    Au dernier quart 2018 renouvelables = 28,1 %

    Un contraste frappant avec les 5,9% affichés au T2 2010 qui démontre la rapidité d’implantation donc d’efficacité des renouvelables comme la majorité des scientifiques indépendants le démontrent et l’affirment.

    https://www.enappsys.com/news

    Et je n’enfonce pas le clou en ressortant les derniers rapports de la cour des comptes britanniques, entre autres, sur les prix en faveur des renouvelables.

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  • Energie+
    Outre le fait que vous proposez le plus souvent des sites de lobbies du “renouvelables”, les émissions carbones du Royaume-Uni sont de 6 à 10 fois celles de la France. Voir actuellement : http://electricityinfo.org/real-time-british-electricity-supply/
    De plus, vous ne faites pas de différence entre “renouvelables”, et vous omettez de dire que l’hydraulique en fournit la plus grosse production (tout comme en France).
    De plus, les productions “renouvelables” peuvent être très variables d’une année sur l’autre, et c’est aussi l’origine de la différence avec 2016.
    Pour ce qui concerne le mondial de foot, je reconnais que tout le monde se “fout” des émissions de CO2. Mais la différence vient aussi que la Croatie n’est pas au niveau de la France en matière d’économie : les émissions sont aussi liées au P.I.B..

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  • Des pays comme la Suède ou la Suisse qui ont plus de renouvelables que nous sont moins émissifs que nous avec respectivement un Pib équivalent et supérieur.

    La notion de Pib n’est en outre pas assez précise car il y a une sacré différence entre un pays très axé “services” comme nous et des pays ayant plus d’industries.

    La Croatie a bien plus de renouvelables que nous et son économie prospère depuis plusieurs années.

    Enfin il faut regarder les émissions totales par habitant (émissions importées incluses).

    Vous faisiez un rectificatif avec des chiffres erronés, je vous ai donc donné comme toujours des données précises et officielles résentes qui ne sont pas tirées de sites de lobbying contrairement à vous et à ce que vous affirmez, J’ai bien distingué la part d’hydraulique qui est pourtant bien une énergie renouvelable.

    Vous pouvez vérifier sur l’étude du lien que je vous donnais sur la GB qu’il y a bien progression des renouvelables dans ce pays quelles que soient les variations de production d’une année sur l’autre.

    Enfin les émissions par habitant en Grande Bretagne comparé à la France on les connaît et elles ne sont évidemment pas pas 6 à 10 fois supérieures. De plus vous devez tenir compte pour chacun de ces 2 pays des émisisons importées et l’écart est au final peu élevé.

    Vous tentez chaque fois de faire croire, comme vos sites de lobbying, que renouvelables va de pair avec émisisons, ce qui est d’autant plus farfelu que les renouvelables tel solaire ou éolien sont moins émissives sur tout leur cycle que le nucléaire, donc dès lors que le réseau est approprié comme Entso-e et qu’il y a une part de stockage type par exemple hydrogène/méthanation qui a un excellent bilan, on a le meilleur bilan total comparé aux autres énergies et on n’a pas tous les problèmes, risques et coûts du nucléaire.

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