Alors que plus de 20.000 foyers en France pratiquent déjà l’autoconsommation individuelle d’électricité (un chiffre en constante augmentation), la forte baisse des prix des équipements photovoltaïques et les nouvelles technologies numériques offrent de nouvelles opportunités aux consommateurs dans le cadre d’installations de production collectives (ou micro grids) à l’échelle d’un bâtiment ou d’un quartier. Le gestionnaire du réseau Enedis, qui souhaite encourager ces pratiques, a inauguré vendredi 1er décembre 2017 à Bordeaux, la première opération d’autoconsommation collective en France réalisée au sein d’une résidence de logements.
L’autoconsommation collective comme nouveau modèle commercial
L’autoconsommation collective d’électricité consiste pour un groupe de particuliers à couvrir une partie de leur consommation de courant, le plus souvent grâce à des panneaux solaires installés sur le toit d’un immeuble ou d’un éco-quartier, directement raccordés à leurs équipements électriques grâce à une solution de pilotage intelligente. Ce phénomène commence progressivement à se développer dans l’Hexagone du fait de la baisse du coût des panneaux solaires, de l’émergence d’un cadre réglementaire plus favorable et de la volonté pour certains consommateurs de produire eux-mêmes.
De nombreux acteurs sont intégrés à ce nouveau modèle commercial comme les services communaux, les fournisseurs d’énergie, les locataires, les bailleurs, les sociétés immobilières, et tous s’organisent selon différentes configurations en fonction de la taille du réseau souhaité (ces microgrids se cantonnent généralement à l’échelle d’un bâtiment ou d’un quartier). Dans tous les cas, les avantages de ce modèle sont évidents : les locataires et les bailleurs bénéficient d’une électricité à bas prix, la valeur de l’immobilier est améliorée à long terme et tous les acteurs contribuent activement à la protection du climat. De leur côté, les services communaux et les fournisseurs d’énergie bénéficient d’une meilleure image et fidélisent leur clientèle en mettant à disposition de l’électricité de complément lorsque l’énergie autoproduite est insuffisante.
Un premier site témoin à Bordeaux
Autant d’arguments qui auront su convaincre le bailleur social Gironde Habitat, à l’initiative de la première opération d’autoconsommation collective concrétisée dans l’Hexagone. Situé à Bordeaux, dans la résidence « Les Souffleurs » (un immeuble de 60 logements dans le quartier de la gare), ce projet a été mené à bien conjointement par Gironde Habitat donc, bailleur social engagé dans le développement durable, Inelia, une entreprise spécialisée dans le développement de projets photovoltaïques, et le gestionnaire du réseau de distribution électrique Enedis. Il dénote d’un engagement croissant de tous ces acteurs en faveur de la transition énergétique et a été inauguré vendredi 1er décembre suite à la mise en service le 23 octobre dernier d’une installation solaire de 36 kWc installée sur les toits et raccordée aux six compteurs des communs de l’immeuble. Dès 2018, l’ensemble des résidents de cet immeuble de 60 logements seront également raccordés et pourront bénéficier de cette production locale et d’une diminution de leur charge personnelle.
Précisons que cette installation est intégrée dans le projet Rexauto réunissant cinq entreprises (Enedis, CEAtech, Evtronic, Catie et Inelia), soutenu par l’union européenne et la région Nouvelle-Aquitain, et dont l’objectif est d’observer les données récoltées sur les sites témoins pour mieux comprendre les usages des consommateurs et évaluer l’impact d’installation en autoconsommation collective sur le réseau. Depuis sa mise en service, Enedis relève donc les données des compteurs communicants et, calcule les quantités d’énergie nécessaires à la mise en oeuvre de l’opération, à partir des courbes de charges et des clés de répartition communiquées par la personne morale. A terme le projet Rexauto a pour mission de définir les intelligences nécessaires pour la gestion de la production en fonction de la consommation, mais aussi d’évaluer le potentiel des nouvelles technologies pour la construction de projets au plus près de nos usages.
Un cadre réglementaire incitatif
Cette opération d’autoconsommation collective, jusqu’à présente inédite dans l’Hexagone, a été rendue possible par la loi du 24 février 2017 et son décret d’application du 28 avril 2017. Il permet à plusieurs consommateurs et producteurs de se lier entre eux au sein d‘une personne morale (association, coopérative, copropriété, …) pour auto-consommer collectivement l’électricité en se répartissant la production d’électricité renouvelable en aval d’un même poste de distribution publique d’électricité.
Ce décret a largement facilité le montage de ce type d’opération en fixant des principes généraux de répartition de la production entre les consommateurs participant à une telle opération et en prévoyant de lier par l’intermédiaire d’un contrat le gestionnaire du réseau public de distribution concerné et la personne morale organisatrice de l’opération. Il pose pour cela un cadre réglementaire destiné à favoriser le développement de cette pratique, selon lequel le gestionnaire du réseau Enedis doit faciliter les opérations d’autoconsommation, en raccordant notamment les installations électriques et en installant les compteurs intelligents Linky chez les clients concernés.
Crédits photo : Enedis
Laisser un commentaire