Nucléaire : les activités réacteurs d’Areva passent sous le giron d’EDF

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Engagé dans une vaste réorganisation structurelle, le groupe Areva a signé avec l’électricien EDF mercredi 16 novembre le contrat de ...

Nucléaire : les activités réacteurs d’Areva passent sous le giron d’EDF - © L'EnerGeek

Engagé dans une vaste réorganisation structurelle, le groupe Areva a signé avec l’électricien EDF mercredi 16 novembre le contrat de cession de son activité réacteurs. En se concentrant sur la gestion du cycle du combustible, le spécialiste public du nucléaire franchit une étape déterminante dans son plan de sauvetage tout en offrant des perspectives prometteuses à l’ensemble de la filière industrielle française. L’opération devrait être finalisée au cours du second semestre 2017.

EDF prend le contrôle exclusif de NEW ANP

A la suite de la signature, le 28 juillet dernier, d’un protocole d’accord validé par le conseil d’administration d’EDF cette semaine, les deux partenaires ont entériné mercredi 16 novembre la cession d’une majorité du capital d’Areva NP au fournisseur d’énergie sur la base d’une valorisation de 2,5 milliards d’euros. Pour rappel, le 22 mai dernier, le groupe EDF avait fait parvenir à la direction d’Areva (à la demande du gouvernement) une proposition « indicative » de rachat de deux milliards d’euros impliquant une prise de participation majoritaire dans l’ingénierie des réacteurs d’Areva, ses activités de maintenance et la fabrication des composants des réacteurs nucléaires.

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Dans le détail, le contrat fixant les termes de la cession confère à EDF le contrôle exclusif d’une nouvelle entité (« NEW ANP ») filiale à 100% d’AREVA NP, qui regroupera les activités industrielles, de conception et de fourniture de réacteurs nucléaires et d’équipements, d’assemblages combustible et de services du groupe Areva. Il prend également en compte les nouvelles mesures liées à la réorganisation récente du groupe et exclut le nouveau propriétaire des risques financiers liés aux surcoûts et retards du chantier du réacteur EPR finlandais (Olkiluoto 3) ainsi que de certains contrats relatifs à des pièces forgées dans l’usine du Creusot. EDF avait en effet posé la condition de son immunité comme préalable au dépôt d’une offre ferme. Outre le contrôle majoritaire octroyé à EDF (au moins 51% des actions et droits de vote), le contrat prévoit une participation d’Areva comprise entre 15 et 25% (sous forme d’un partenariat stratégique) et la participation potentielle de partenaires minoritaires (jusqu’à 34 %).

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De son côté, le groupe Areva devrait se recentrer sur ses activités d’extraction et de traitement du combustible dans le cadre d’une nouvelle entité baptisée New Co. « Nous nous réjouissons de la conclusion de ces accords qui offrent aux activités d’Areva NP la perspective à long terme d’un actionnariat stratégique propice à leur développement. Nous franchissons avec cette signature une nouvelle étape importante dans le recentrage d’Areva sur les activités de maîtrise du cycle du combustible, notre cœur de métier« , a déclaré dans un communiqué Philippe Knoche, Directeur Général du Groupe AREVA.

De nouveaux investisseurs attendus dans les prochaines semaines

Fleuron de l’industrie nucléaire française, la future entité NEW ANP se lance aujourd’hui à la recherche de nouveaux investisseurs. Les deux sociétés partenaires ont en effet indiqué que les négociations en vue d’une prise de participation d’investisseurs supplémentaires débuteraient dans les prochaines semaines. « La participation acquise par EDF, pouvant aller jusqu’à 75 % aux termes du contrat signé ce jour, serait ainsi réduite à une participation cible d’au moins 51%, lui assurant un contrôle exclusif, celle d’Areva – NewCo serait alors de 15 % et le solde étant détenu par des partenaires minoritaires« , précisent les deux groupes dans un communiqué commun.

« Les deux sociétés partenaires ont indiqué que les négociations en vue d’une prise de participation d’investisseurs supplémentaires débuteraient dans les prochaines semaines ».

Des rapprochements avaient déjà été engagés ces derniers mois dans le but de faire entrer de nouveaux investisseurs étrangers dans l’entité Areva NP aux côtés d’EDF et d’aider ainsi l’électricien français à remettre le groupe Areva d’aplomb. En marge de leur collaboration dans le cadre du projet de réacteur ATMEA, le groupe EDF et le japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) avaient notamment évoqué, lors de la signature d’un protocole d’accord en juin dernier, la possibilité d’une prise de participation minoritaire de MHI dans Areva NP « au titre de partenaire stratégique« . D’autres collaborateurs ont également été cités comme le chinois CNNC, déjà partenaire d’EDF sur le dossier de l’EPR britannique, ou le groupe kazakh Kazatomprom.

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Quoi qu’il en soit, cette cession ouvre la voie à l’obtention d’un feu vert de la part des autorités de concurrence européennes au plan de sauvetage d’Areva, qui prévoit deux augmentations de capital d’un montant global de cinq milliards d’euros très majoritairement souscrites par l’État français. Bruxelles devrait se prononcer « dans les prochaines semaines« .

Une filière nucléaire française plus compétitive

« L’augmentation de capital d’Areva (de 5 milliards d’euros, NDLR) prévue au début de l’année 2017 constitue la prochaine étape importante, et l’Etat, actionnaire à 87% d’Areva, tiendra ses engagements« , a affirmé sur ce sujet Michel Sapin. Le ministre de l’Economie et des Finances s’est également et surtout félicité de la réalisation de ce contrat qui représente selon lui le franchissement d’une nouvelle étape dans « la refondation de la filière nucléaire française« .

« A l’heure où de nombreux bouleversements économiques et écologiques lui imposent de se renouveler, ce processus de restructuration devrait bénéficier à l’ensemble de la filière ».

A l’heure où de nombreux bouleversements économiques et écologiques lui imposent de se renouveler, ce processus de restructuration, décisif pour le groupe Areva, devrait en effet bénéficier à l’ensemble de la filière. L’atome, énergie à la fois bon marché et décarbonée, représente toujours plus de 75% du mix énergétique français et jouera nécessairement un rôle clé dans la transition vers un modèle énergétique plus durable. Elle est aujourd’hui la mieux placée pour se substituer aux combustibles fossiles devenus encombrants – compte tenu des nouvelles exigences climatiques – et accompagner à moyen terme la maturation technologique des énergies renouvelables intermittentes.

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« Avec EDF en chef de file du nucléaire français, ce rapprochement permettra à notre industrie d’être plus performante et efficace dans la réalisation de travaux majeurs comme le grand carénage du parc et la construction de nouvelles centrales nucléaires. Nous serons aussi plus forts et plus compétitifs pour conquérir de nouveaux marchés à l’international« , souligne Jean-Bernard Lévy, Président Directeur-Général du Groupe EDF.

Crédits photo : Janericloebe

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