L’Asie du Sud-Est s’intéresse au marché porteur du nucléaire russe

L’Asie du Sud-Est s’intéresse au marché porteur du nucléaire russe

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Après le lancement, au mois de mai 2018, de la première centrale nucléaire flottante par la Russie, de nombreux pays ont fait part de leur intérêt pour cette nouvelle technologie. En Asie du Sud-Est, l’une des seules régions au monde où l’énergie nucléaire n’a pas encore été développée, plusieurs pays comme l’Indonésie et les Philippines voient dans cette innovation une solution à leurs problèmes énergétiques.

Centrale nucléaire flottante : un marché émergent

En lançant la première centrale nucléaire flottante il y a deux semaines, la Russie a pris une longueur d’avance sur les autres pays qui s’intéressent aux centrales nucléaires mobiles. Grâce à ce nouveau type de réacteurs nucléaires transportables, la Russie a pour ambition de séduire des pays soucieux de développer leur énergie nucléaire. En seulement deux semaines, plusieurs pays d’Asie du Sud-Est ont déjà fait part de leur intérêt pour cette technologie. Et pour répondre à leurs attentes, la Russie est prête à consentir de gros efforts financiers. Alors même que les négociations n’ont pas encore officiellement commencé, Rosatom, l’entreprise russe qui a lancé la centrale nucléaire flottante, a déjà annoncé qu’il était disposé à louer les futurs exemplaires de sa centrale aux pays qui en feraient la demande.

La folle histoire de la centrale nucléaire de Bataan

Bien que l’Asie du Sud-Est ne compte aucune centrale nucléaire en fonctionnement, différents pays ont déjà tenté, au cours des décennies passées, d’investir dans cette énergie. Les Philippines sont à ce jour le pays qui est allé le plus loin dans le développement d’une filière nucléaire civile. En 1976, le gouvernement philippin a donné son feu vert pour la construction d’une centrale nucléaire à Bataan, d’une puissance de 620 MW. Cette décision avait largement été motivée par les problèmes d’approvisionnement énergétique que rencontrait le pays à la suite du choc pétrolier. Et si les travaux ont pris fin en 1986, la centrale nucléaire de Bataan n’a pourtant jamais été mise en service. La raison ? Avec un budget de 2,3 milliards de dollars largement au-dessus du budget estimé, le projet a entraîné une dette publique trop importante pour l’état philippin qui a dû renoncer au projet.

Dans les années qui ont suivi, les gouvernements successifs se sont tous penchés sur le cas de la centrale de Bataan. Au début des années 2000, la centrale nucléaire a failli être convertie en centrale thermique à gaz, mais le projet, très coûteux, a été abandonné. Puis en 2008, il a été de nouveau question de mettre en service la centrale nucléaire de Bataan. Les autorités philippines font alors appel à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, mais là aussi le projet échoue faute de moyens. Car avec 155 000 de frais d’entretien par jour, la centrale fantôme représente déjà un gouffre financier pour l’état philippin. En 2011, quelques mois seulement après l’accident nucléaire de Fukushima, le gouvernement philippin décide d’ouvrir la centrale nucléaire de Bataan aux touristes. Et si la centrale est devenue l’un des lieux touristiques les plus atypiques du pays, il n’en demeure pas moins qu’elle n’a produit aucun watt depuis sa construction.

Nucléaire en Asie du Sud-Est : la longue attente

Le cas de la centrale de Bataan illustre bien le problème : faute de moyens financiers et d’expertise dans ce domaine, les pays d’Asie du Sud-Est n’ont pas encore eu la possibilité de développer l’énergie nucléaire. Pourtant, plusieurs pays tels que le Vietnam, le Myanmar (Birmanie), la Thaïlande, les Philippines et l’Indonésie ont actuellement de gros besoins énergétiques qu’ils ont du mal à couvrir avec l’énergie fossile. Au total, une dizaine de pays de cette région pourraient être intéressés par la centrale nucléaire flottante russe. D’après Rosatom, les Philippines et l’Indonésie envisagent sérieusement de déployer des centrales flottantes au large de leurs côtes.

Le gouvernement de Manille a déjà signé fin 2017 un accord de développement portant sur le nucléaire avec le gouvernement russe. Gerardo Erguiza, le secrétaire d’état adjoint à l’énergie, n’a pas caché son penchant pour cette solution : « nous avons besoin d’une source d’énergie fiable et peu coûteuse, le nucléaire est idéal. »

Et même la centrale nucléaire de Bataan pourrait trouver une seconde jeunesse grâce à la Russie. En début d’année 2018, le gouvernement philippin a demandé à des experts en nucléaire russe d’effectuer un audit de la centrale. D’après les conclusions de l’audit, et malgré l’âge de la centrale, elle pourrait finalement être mise en service et produire enfin de l’énergie d’ici 2020.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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