Lundi 12 décembre, plusieurs experts de l’électricité avaient prédit une alerte Ecowatt orange, voire, un risque de délestage. Pourtant, l’indicateur de RTE est resté au vert, et il n’y a pas eu de coupures de courant en France. Mais ce choix a un prix. Élevé.
Tout s’est bien passé lundi 12 décembre, même à 19h00, au moment du pic de consommation d’électricité en France. Les prévisions de consommation, réalisées la veille, donnaient un pic estimé à 31 700 MW. Le jour même, le pic de consommation d’électricité a été réactualisé, à 8300 MW, soit quasiment l’équivalent de deux réacteurs nucléaires d’ancienne génération (sachant qu’ils sont quasiment tous déjà en activité). Au final, la consommation réelle mesurée à 19H00 en France a atteint 82385 MW, au plus haut.
Le MW vendu 549 € sur le marché spot, lundi 12 décembre
A cet instant précis, la production d’électricité franco française théorique ne dépassait pas 63 MW. Curieusement pourtant, d’après les données fournies par EDF et RTE principalement, la France n’aurait importé « que » 6262 MW », à 19h00. On suppose donc que le différentiel, énorme, aurait été trouvé dans les barrages hydroélectriques, ouverts en grand partout, pour fournir les 13500 MW manquants. Ce chiffre de 6262 MW importés est d’autant plus curieux que depuis déja plusieurs jours voire semaines, les importations d’électricité atteignent régulièrement 10 MW, avec des pointes à 15 MW. Maintenant, il est évident que le pic de 19h00 touche quasiment à l’identique nos voisins, en particulier l’Allemagne, avec un léger décalage : les Allemands rentrent plus tôt chez eux que les Français, mais commencent également leur journée plus tôt.
Mais le vrai sujet n’est pas là : Les mégawatts que la France a du importer lundi (et qu’elle importe en réalité tous les jours) lui ont coûté une petite fortune. Lundi 12 décembre, le marché spot instantané de l’électricité proposait le MW à … 549 €. Contre un prix de revente, à la sortie de nos centrales nucléaires, fixé à 42 €, pour un prix de revient de 36 €.
De l’électricité 12 fois plus cher que l’électricité nucléaire
Autrement dit, les électrons manquants lundi ont été payés par EDF 12 fois plus cher que le prix à la sortie des centrales nucléaires, et entre 9 et 10 fois plus cher qu’à la sortie des autres moyens de production franco-français. Lundi, il y a donc eu de vrais gros veinards en Europe, qui ont produit des électrons, bien au delà de leurs coûts réels.
Maintenant, pour être honnête, il faut rappeler que les centrales à gaz, qui servent justement d’étalon au prix de l’électricité en Europe, provoquant les effets pervers que l’on connait, sont mécaniquement les moins rentables, en raison des prix du gaz acheté et stocké ces derniers mois. L’an prochain, ces centrales ne pourront pas venir au secours de la France, soit, faute de gaz, soit parce que le prix des électrons produits à la sortie des turbines à gaz sera supérieur au prix du MW sur le marché spot, probablement réformé d’ici là… Les pics comme celui de lundi dernier (82 MW) ne pourront alors pas être passés aussi facilement.
Laisser un commentaire