Le patron de RTE Xavier Piechaczyk a affirmé, ce samedi 26 août 2023, que, pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la France devait construire un maximum de centrales renouvelables d’ici 2035, avant d’envisager les possibles conséquences d’un déploiement de nouveau nucléaire. Une position pragmatique, mais marquée, malgré ses dires, par le positionnement historiquement pro-EnR de Xavier Piechaczyk.
Pour le patron de RTE, le nucléaire ne suffira pas à atteindre la neutralité carbone, il faut donc faire des renouvelables le plus vite possible
C’est tout le paradoxe de l’histoire récente de RTE et de son patron Xavier Piechaczyk : avoir affirmé pendant des années que la France pouvait réussir sa transition énergétique en augmentant à peine sa consommation d’électricité, et donc laisser entendre qu’une option impliquant l’abandon du nucléaire était réaliste, et se poser, désormais, en ardent défenseur d’une stratégie alliant le nucléaire et les renouvelables, en posant (avec justesse) l’abandon des fossiles comme priorité numéro 1.
L’entretient accordé par Xavier Piechaczyk, ce samedi 26 août 2023 à France Inter, ne fait pas exception, mais il s’adapte à la réalité de 2023. « Nos prédécesseurs ont construit le parc nucléaire, profitons-en. Mais ce n’est pas parce qu’il est décarboné que c’est l’unique réponse à la sortie des fossiles. Nous avons démontré qu’il fallait de toutes façons faire des énergies renouvelables (…), car le seul nucléaire ne suffira pas », a-t-il ainsi affirmé.
RTE avait produit en 2021 un rapport sur la neutralité carbone en France en 2050, présentant 6 scénarios de mix de production, invitant à miser à la fois sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Ils partaient tous d’une hypothèse d’une consommation d’électricité de 645 TWh en 2050.
Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité avait produit, quelques mois plus tard, un complément à ce rapport avec d’autres hypothèses de production électrique : une option sobre (555 TWh) et une option de réindustrialisation (745 TWh) pour 2050.
« D’ici 2035, il n’y a pas d’autres solutions que de faire des énergies renouvelables le plus vite possible car d’ici là il n’y aura pas de nouveaux réacteurs »
Or, il s’est depuis avéré que c’est cette dernière option qui était la plus réaliste (et de très loin), et que l’hypothèse « de base » sous-estimait drastiquement les besoins en électricité pour décarboner les 63 % de la consommation énergétique en France issue des fossiles. Fin juin 2023, RTE a d’ailleurs relevé fortement les objectifs de production électrique pour 2035 à entre 580 à 640 TWh, contre entre 540 et 585 TWh dans les scénarios précédents.
Xavier Piechaczyk reste dans cette logique, donc, quand il affirme qu’il faut « se demander comment on arrête ces 63% de fossiles qui sont toutes importées, qui sont produites dans des pays qui ne sont pas nos alliés et qui coûtent à la France tous les ans entre 50 et 100 milliards d’euros. C’est ça le premier sujet. Et ça c’est bon pour le climat pour la balance commerciale, c’est bon pour notre souveraineté, c’est bon pour tout le monde ».
« Pour ça il faut électrifier progressivement, et pour ça il y a des chemins et des échéances. Et d’ici 2035, il n’y a pas d’autres solutions que de faire des énergies renouvelables le plus vite possible car d’ici là il n’y aura pas de nouveaux réacteurs. D’ici là, il faut maintenir le parc nucléaire existant et faire en sorte qu’il produise le plus possible et faire des renouvelables le plus vite possible (…) Après ce sera une autre histoire », ajoute-t-il.
Il affirme certes que polémiquer entre renouvelables et nucléaire n’est pas la première chose à faire, et que le pays a besoin des deux énergies pour réussir sa transition énergétique. Mais, ce faisant, il n’invite pas à accélérer le déploiement de nouveau nucléaire et n’évoque pas l’option des SMR (qui devraient être opérationnels, du moins aux États-Unis, d’ici 2030). Le message est certes pragmatique, mais reste légèrement biaisé en faveur des renouvelables.
Laisser un commentaire