Les camions à hydrogène, mêlant innovation et défis, se positionnent comme des éléments essentiels pour la décarbonation du transport routier. La transition est-elle imminente ?

Poids lourds : les moteurs à hydrogène vont-ils bientôt remplacer les diesels ?

Imaginez des géants de la route, silencieux et propres, sillonnant nos autoroutes sans laisser la moindre trace de pollution. Ce rêve, autrefois limité aux pages de la science-fiction, prend forme grâce à l’hydrogène. Selon l’International Council on Clean Transportation (ICCT), une révolution est en cours : d’ici 2030, les poids lourds à pile à combustible pourraient économiquement rivaliser avec leurs équivalents diesel, en particulier pour les modèles urbains de poids moyen et léger. D’ici 2035, il est même envisageable que les poids lourds de longue distance emboîtent le pas, d’autant plus qu’une baisse du prix de l’hydrogène est prévue entre 2030 et 2040.

Cependant, les camions à moteur à combustion d’hydrogène, malgré leur potentiel, restent onéreux. Leur technologie complexe et les défis de production maintiennent ces véhicules dans une catégorie de prix supérieure. Autrement dit, selon l’ICCT, malgré les progrès sur les moteurs à hydrogène, les poids lourds à batterie rechargeables conserveront une longueur d’avance en termes de coût total de possession (TCO) jusqu’en 2040.

Les promesses pourront-elles dépasser les défis ?

L’hydrogène dans le transport routier ne se résume pas à une question de coûts. Il représente une vision d’avenir et un engagement pour une planète plus propre. Le prototype Mercedes-Benz GenH2 en est un parfait exemple. Ce géant de la route a récemment réalisé un exploit en parcourant plus de 1 000 km avec un seul plein d’hydrogène liquide, un record qui redéfinit les limites de l’autonomie pour les véhicules non diesel !  Certifié par le TÜV, cet exploit ouvre de nouvelles perspectives pour des longs trajets sans émissions. Toutefois, cette avancée technologique comporte des obstacles. Le coût initial des véhicules à hydrogène est élevé, et l’infrastructure de ravitaillement est encore naissante. Consciente de ces défis, l’Union européenne a adopté des mesures ambitieuses pour réduire les émissions de carbone des poids lourds et promouvoir les bus « zéro émission ». Pour atteindre cet objectif, il sera nécessaire de déployer une flotte de plus de 400 000 camions zéro émission d’ici 2030, ce qui requiert un vaste réseau de stations de ravitaillement en hydrogène et de points de recharge électrique.

La transition vers l’hydrogène implique plus que le simple remplacement d’un moteur par un autre. Elle nécessite une transformation complète de l’écosystème énergétique, avec une production massive d’énergie verte. Les constructeurs européens comme Daimler et Volvo sont en première ligne de cette évolution, mais ils font face à une concurrence internationale intense. Des acteurs majeurs tels que Tesla et Nikola aux États-Unis ou BYD et Windrose en Chine sont également prêts à conquérir une part de ce marché. Ainsi, l’hydrogène offre des avantages significatifs pour les poids lourds et les entreprises, particulièrement en termes d’émissions et d’autonomie. Cependant, son adoption à grande échelle dépendra grandement de la baisse des coûts, du développement d’infrastructures adaptées et de la production d’hydrogène vert. La route est bien tracée, mais elle sera longue…