D’après les estimations de France Eau Publique, le prix de l’eau pourrait doubler d’ici 2030.
Prix de l’eau : une hausse inévitable
La situation économique actuelle révèle une tendance inquiétante : les tarifs de l’eau, comme ceux du gaz et de l’électricité, sont en proie à l’inflation. Selon France Eau Publique, le coût moyen de l’eau à usage domestique, qui était de 4,30 euros le m³ en 2022, pourrait grimper de 50 % d’ici à 2030. Cette inflation est largement attribuable à la hausse des prix de l’énergie, en particulier de l’électricité, dont le tarif a grimpé de 25 % en 2023. Or, le processus d’acheminement de l’eau nécessite une grande quantité d’électricité, ce qui, avec l’augmentation des coûts énergétiques, entraîne inévitablement une hausse des tarifs de l’eau. D’autant plus que les régies de l’eau n’ont pas pu bénéficier du bouclier tarifaire.
Un autre aspect crucial de cette équation est l’urgence de moderniser les infrastructures liées à l’eau. La gestion de l’eau se heurte à un « mur d’investissements », comme le souligne Alexandre Mayol, maître de conférences en économie à l’université de Lorraine. Les fuites d’eau au sein des régies représentent près d’un milliard de mètres cubes par an, équivalent à la consommation annuelle de plus de 20 millions de foyers. Pour contrer ce fléau, il faudrait injecter au moins 1 à 2 milliards d’euros supplémentaires par an dans les infrastructures.
Les répercussions sur les consommateurs et les secteurs clés
Les ménages ressentiront le poids de cette inflation, bien que l’eau ne représente que 0,8 % de leur budget. Les agriculteurs, quant à eux, seront durement touchés, car ils constituent près de 45 % de la consommation d’eau en France. Dans certaines régions, comme le Bassin de l’Ardèche, la hausse des tarifs de l’eau dépasse même 15 %. Les manifestations agricoles se multiplient, révélant une détresse face à la répartition inégale de l’eau et aux mesures de gestion jugées trop restrictives.
La structure actuelle de tarification de l’eau en France est diverse, avec 14 000 gestionnaires fixant les prix sur leur territoire. Cependant, face à la flambée des prix, des voix s’élèvent pour une refonte globale de cette tarification. L’idée de primes de compensation pour les gestionnaires parvenant à réduire les consommations sur leur territoire fait son chemin, tout comme celle d’un principe pollueur/payeur ou encore d’une tarification progressive, déjà en vigueur dans certaines agglomérations. D’autre part, dans le cadre du Plan Eau, le gouvernement vise à réduire la consommation d’eau potable de 10 % d’ici 2027 pour l’ensemble des secteurs de l’économie afin d’encourager une consommation plus responsable. Autrement dit, le prix de l’eau va continuer d’augmenter, tout comme celui de l’électricité, et nous ne pourrons rien y faire…
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