Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, a réagi, ce 14 août 2023, à la possibilité de relancer la centrale nucléaire de Gentilly-2 (fermée en 2012), une option étudiée par Hydro-Québec, la société d’État gestionnaire de l’électricité dans la province. Il a admis que fermer la porte au nucléaire par principe « serait irresponsable », mais il souhaite appuyer la transition énergétique québecoise sur des sources d’énergies « socialement acceptables et économiquement rentables ».
Le Québec va-t-il relancer son programme nucléaire ? La province a fermé en 2012 son unique centrale nucléaire, Gentilly-2, à Bécancour, en exploitation depuis un peu moins de 40 ans, en raison de coûts de maintenance trop élevés.
La semaine dernière, la presse québecoise a révélé que, sous l’impulsion de son nouveau patron Michael Sabia, Hydro-Québec, la société d’État gérant la production et la distribution d’électricité au Québec, avait lancé une évaluation de l’état de Gentilly-2, afin « d’alimenter ses réflexions sur l’offre énergétique future du Québec ». Le but est notamment de répondre au manque d’électricité de la province, contrainte d’importer régulièrement à ses voisines pour éviter le black-out.
Ce lundi 14 août 2023, Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, est revenu sur cette option, très critiquée par plusieurs experts. Il a déclaré, combatif, que fermer la porte au nucléaire « serait irresponsable ». Le ministre a précisé que Michael Sabia, pour répondre au déséquilibre entre l’offre et la demande d’électricité au Québec, envisageait « les sources énergétiques disponibles, ce qui inclut le nucléaire », mais qu’aucune décision sur une éventuelle relance de l’atome n’avait été prise.
La décision concernant le nucléaire sera « peut-être dans un an ou deux, ou trois ans, ou jamais », et « socialement, si jamais, on allait vers le nucléaire, il y a un travail de communication à faire », a indiqué Pierre Fitzgibbon. Il a aussi évoqué la possibilité d’équiper la centrale de petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR), une technologie émergente.
« Il y a 77 SMR dans le monde qui se développent, mais il n’y en a aucun en opération, donc c’est prématuré de conclure qu’on peut faire du nucléaire à des coûts raisonnables », a-t-il tempéré.
Evoquant plus globalement la transition énergétique du Québec, Pierre Fitzgibbon a indiqué : « la question va être : à quel prix pouvons-nous créer de nouvelles énergies renouvelables et est-ce que ce prix est acceptable pour les entreprises ? ». Il est à noter que, au Canada, le nucléaire est généralement inclus dans les énergies « renouvelables », une expression qui désigne les énergies qui ne sont pas fossiles.
Pierre Fitzgibbon a enfin indiqué que trois éléments seraient nécessaires à la réussite de la transition énergétique du Québec :
Le Canada dispose encore de 19 réacteurs nucléaires, répartis dans 4 centrales, mais 18 sont situés dans l’Ontario, dont 8 dans la seule centrale de Bruce, à Tiverton. Le dernier réacteur mis en service est le quatrième de la centrale de Darlington, à Bowmanville, en 1993. Le nucléaire a apporté 14,4 % de l’électricité produite au Canada en 2022.
COMMENTAIRES
“Le but est notamment de répondre au manque d’électricité de la province, contrainte d’importer régulièrement à ses voisines pour éviter le black-out.”
Cette information est erronée. Indiqué que le Québec est contrainte d’importer RÉGULIÈREMENT de l’électricité des réseaux voisins (Ontario, New-York et Nouvelle-Angleterre) ne reflète pas la réalité. Au contraire, le Québec exporte de grandes quantités d’électricité vers ses voisins (surtout vers la Nouvelle-Angleterre). “Moins de 1 % de l’électricité consommée au Québec provient d’autres sources externes.” et uniquement dans les grands froids d’hiver.
Visiter la page d’Hydro-Québec : https://www.hydroquebec.com/a-propos/notre-energie.html
Citation d’Hydro-Québec :
L’hydroélectricité québécoise : propre, renouvelable et faible en GES
L’électricité qu’Hydro-Québec distribue à ses clients est produite presque à 100 % à partir de sources renouvelables, ce qui génère des émissions de gaz à effet de serre (GES) faibles, voire nulles.
En effet, la quasi-totalité des approvisionnements en électricité d’Hydro-Québec est constituée d’énergies renouvelables produites au Québec, soit par Hydro‑Québec elle‑même ou par des producteurs indépendants, ainsi que d’hydroélectricité produite par la centrale des Churchill Falls, située au Labrador et dans laquelle l’entreprise détient une participation. Ainsi, moins de 1 % de l’électricité consommée au Québec provient d’autres sources externes.