Ce jeudi 4 février 2021, le gouvernement du Québec a donné son feu vert à Apuiat, un parc éolien de 200 MW, sur le territoire de la Nation innue, partenaire de ce projet mené par la société Boralex. La validation de ce projet, bloqué en 2018 par le même gouvernement, est emblématique d’une politique publique désormais très favorables aux éoliennes.
Le gouvernement du Québec donne le feu vert à Apuiat, un projet éolien sur le territoire de la Nation innue
Le vent a tourné, au Québec ! En 2018, le gouvernement provincial mené par François Legault rejetait le projet Apuiat, une ferme éolienne de 200 MW, à une quarantaine de kilomètres de Port-Cartier, sur la rive Nord de l’embouchure du Saint-Laurent. Issu de la collaboration entre la Nation innue et la société Boralex, ce projet était jugé à l’époque trop coûteux, surtout face aux excédents de production électrique du Québec, un Etat à la très forte production hydro-électrique.
Changement radical de ton, ce jeudi 4 février 2021, avec la validation d’Apuiat, par le même gouvernement : « C’est un projet gagnant, gagnant, gagnant. Gagnant pour les communautés innues, gagnant pour le Québec et gagnant pour la planète », s’est enthousiasmé le premier ministre François Legault.
La Nation innue, qui regroupe les neufs communautés issues de la province, sera actionnaire du projet, qui devrait lui rapporter 500 000 dollars canadiens (326 000 euros) par an pour l’utilisation du territoire : « Ce ne sont pas des redevances, ces sont des revenues économiques d’un projet, et c’est vraiment ça la différence de ce projet dans sa philosophie même », défend le président de Boralex, Patrick Decostre.
« Pour la première fois de l’histoire, nous sommes les promoteurs d’un grand projet de développement économique national », s’enthousiasme Martin Dufour, chef du conseil des Innus d’Essipit. « Ce projet de développement économique permettra de construire une relation avec plus de confiance, tout en réduisant la méfiance d’un héritage que nous devons réécrire tous ensemble. Il faut bâtir une interdépendance, plutôt qu’entretenir la dépendance », abonde Mike Mckenzie, chef de la communauté de Uashat mak Mani-utenam.
Les exports d’électricité vers les Etat-unis et les perspectives d’électrification de la mobilité bénéficient à l’éolien
Les travaux devraient commencer en 2022, et l’électricité sera achetée 0,06 dollar canadien (0,04 euro) le kWh, par Hydro-Québec, l’organisme d’Etat qui centralise la production, le transport et la distribution d’électricité au Québec. Soit 17% de moins que le projet présenté en 2018.
Mais cette baisse de prix n’est pas la cause unique du changement de discours. Le Québec a clairement modifié sa politique énergétique, et notamment sa gestion des surplus. D’abord parce que l’Etat envisage d’électrifier largement son économie, en particulier ses transports. Ensuite parce que les Etats du Nord-Est des Etats-Unis sont devenus friands d’électricité décarbonée.
Dès lors, produire plus d’électricité renouvelable ne présente pas le même risque qu’en 2018, car les débouchés potentiels sont plus importants, qu’ils soient domestiques ou à l’export. Les 2 millions de véhicules électriques attendus en 2030 au Québec demanderont en effet 6 TWh d’électricité de plus par an.
Le Québec a par ailleurs signé en janvier 2021 le New England Clean Energy Connect, qui prévoit de transporter 9,45 TWh d’électricité par an vers le Massachusetts à partir de 2022. Un accord similaire avec la ville de New York pourrait déboucher sur l’export de 8 TWh à partir de 2024.
Dès lors, le potentiel éolien du Québec ne demande qu’à être valorisé : « Ce n’est pas en contradiction avec l’hydro-électricité. C’est une immense complémentarité. On est chanceux, on a les deux et, oui, il va y avoir plus de projets éoliens qui vont se développer au Québec », a déclaré Sophie Brochu, présidente d’Hydro-Québec.
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