La start-up franco-italo-britannique Newcleo, qui ambitionne de mettre au point d’ici la fin de la décennie des petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR) de quatrième génération, a annoncé, le 7 août 2023, qu’elle allait racheter le fabricant franco-suisse de pompes nucléaires Rütschi. Le premier prototype de Newcleo pourrait être construit à Mulhouse.
Newcleo rachète Rütschi pour développer son SMR à neutrons rapides refroidi au plomb
Newcleo est une start-up franco-italo-britannique dédiée au développement de petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR) de quatrième génération, de type LFR, pour « Lead Fast reactor », c’est à dire à neutron rapide avec un fluide caloporteur à base de plomb. La jeune pousse a annoncé, ce 7 août 2023, qu’elle allait racheter, pour 68,8 millions d’euros, le fabricant franco-suisse de pompes nucléaires Rütschi à l’italien Gruppo Aturia, filiale du groupe indien WPIL limited.
Fondé en 1946, racheté en 2006 par Gruppo Aturia, Rütschi produit des pompes centrifuges de refroidissement pour applications nucléaires, en service dans environ 150 réacteurs, principalement en Europe. L’entreprise dispose de deux sites de production, à Mulhouse en France et à Möhlin en Suisse.
Les capacités d’ingénierie de Rütschi « contribueront à accélérer le développement de notre réacteur rapide refroidi au plomb (LFR) », a indiqué Newcleo. La start-up espère pouvoir livrer d’ici 2030 un premier prototype de 30 MW, qui pourrait être construit en France : Newcleo pointe que l’usine de Rütschi à Mulhouse offre « la possibilité d’une extension », qui pourrait permettre d’y fabriquer ce premier SMR.
Réacteurs de quatrième génération : la piste SMR
Un réacteur de type LFR consomme majoritairement des produits de fission, c’est à dire des éléments radioactifs produits lors d’une réaction de fission nucléaire – dit autrement : des déchets radioactifs à vie longue, notamment du plutonium.
C’est en vue de l’émergence de ce type de technologie que la France conserve disponibles tous ses produits de fission potentiellement réutilisables, depuis le début de son programme nucléaire. Et ce, en dépit de la fin officielle du programme Astrid, au début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, dernière programme français de réacteur de quatrième génération.
Newcleo entend se placer en tête des start-ups participant au renouveau du nucléaire en Europe, avec notamment un plan d’investissement de 3 milliards d’euros sur la période 2025-2030 annoncé en mai 2023. Newcleo envisage d’appliquer son SMR à neutrons rapides refroidi au plomb au transport maritime, via un partenariat avec les chantiers navals Fincantieri et la société de certification de navires Rina.
La jeune pousse souhaite également développer en France une unité pilote de fabrications de combustibles MOX innovants, issus de matières nucléaires recyclées. Une partie des technologies développées par Newcleo proviennent du projet français de réacteur surgénérateur de quatrième génération, Superphénix, arrêté en 1997. Le rachat de Rütschi devrait être bouclé d’ici fin 2023, début 2024.
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