Réforme du marché de l'électricité : l'UE veut-elle tuer nos entreprises ?

Réforme du marché de l’électricité : l’UE veut-elle tuer nos entreprises ?

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Le Conseil européen ne prévoit pas de réguler les prix de l’électricité

Les délibérations sur la réforme en cours du marché européen de l’électricité sont en cours de négociations intenses entre les pays de l’UE. Les 27 ministres de l’Énergie des pays membres se réuniront mardi 17 octobre 2023 pour poursuivre leurs discussions. Cette initiative, censée dynamiser le marché, néglige pourtant un élément crucial : la régulation des prix de l’électricité. Dans cette optique, la fédération technique du commerce et de la distribution, Perifem, tire la sonnette d’alarme quant aux répercussions potentiellement dévastatrices que cette absence de régulation porterait sur les entreprises, et in fine, sur leurs salariés et les consommateurs européens.

« La présidence du Conseil européen a en effet présenté un texte de compromis supprimant l’accès aux contrats à prix garantis (CFD). Or, faute d’une régulation à un prix compétitif, le secteur du commerce et de la distribution se dirige vers une crise industrielle majeure liée à l’augmentation des coûts de l’électricité », souligne le communiqué de Perifem. En effet, comme le souligne l’association Perifem, les entreprises françaises « subissent de plein fouet l’explosion des prix du gaz et de l’électricité, avec un quintuplement du prix moyen payé par les consommateurs industriels, tertiaires et publics entre 2021 et 2023. Cette hausse a eu un impact majeur sur l’inflation et a entraîné la fragilisation de nombreuses entreprises et collectivités. Une nouvelle déstabilisation ne serait pas tenable », alerte l’association Perifem dans son communiqué.

La nécessité d’indexer les prix sur le coût de production nucléaire

Et il y a de quoi être inquiet : le nombre de faillites d’entreprises ne cesse de croître à une vitesse alarmante : +41,5 % entre août 2022 et août 2023. Autrement dit, près de 55 500 entreprises ont dû mettre la clé sous la porte. Les petites et moyennes entreprises sont les plus vulnérables : les micro-entreprises représentent 9 défaillances d’entreprises sur 10, le nombre de défaillances pour les TPE a quant à lui augmenté de 62 %, il grimpe à 80 % pour les petites entreprises, 55 % pour les moyennes entreprises et près de 93 % pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) !

Mais cela ne s’arrête pas là. En plus de ne pas prévoir de régulation sur le prix de l’électricité nucléaire, la réforme du marché de l’électricité européen présentée par le Conseil européen prévoit d’indexer les prix de l’électricité sur ceux du gaz. Une folie quand on sait que les prix du gaz ne sont absolument pas stables : « La situation géopolitique amènera immanquablement à une volatilité croissante des prix du gaz. Il est donc urgent de décorréler définitivement le prix de l’électricité du prix du gaz, en mettant en place un mécanisme indexant le prix de l’électricité au coût de production nucléaire, tout en garantissant à EDF un revenu suffisant pour ses investissements dans le futur parc ».

Une position partagée par une grande figure du secteur industriel, Loïk Le Floch-Prigent, ancien président de Gaz de France (GDF): « Depuis un an et demi, vous avez des coûts qui sont toujours bas et qui n’ont pas varié. Le coût du nucléaire et le coût de l’hydraulique n’ont pas varié et pourtant, c’est 85 % du coût de l’électricité. Ça devrait être 85 % du prix et ensuite, on rajoute dans les pays de consommation. Quand on fait les calculs, on n’arrive jamais à trois fois plus ou cinq fois plus », a-t-il souligné sur le plateau de nos confrères de CNews, le 27 juillet 2023. Loïk Le Floch-Prigent alerte depuis des mois sur l’urgence de la situation : « Les entreprises, on les oublie parce qu’elles ne sont pas nombreuses et qu’elles ne protestent pas autant que les particuliers, mais si jamais on ne restaure pas la compétitivité des entreprises avec un coût de l’énergie qui est réel, avec un prix qui correspond au coût, si jamais on ne revient pas à ça, toutes les entreprises sont en péril ».

La France a toutes les ressources pour le faire, il est donc grand temps que le gouvernement tape du poing sur la table face à nos voisins…

Rédigé par : Jean-Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud
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