TotalEnergies et l’Autorité pétrolière d’Ouganda (PAU) ont annoncé séparément, le 26 juillet 2023, que les forages du méga-projet pétrolier du Lac Albert en Ouganda avaient démarré – provoquant une nouvelle levée de boucliers des associations environnementales qui se battent contre ce projet, en particulier son oléoduc chauffé de 1 443 kilomètres.
Premiers forages en Ouganda pour TotalEnergies
Des sources distinctes mais convergentes ont indiqué, ce 26 juillet 2023, que les premiers forages pétroliers du méga-projets porté par TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie avaient commencé. Mené en partenariat avec les deux pays et la société chinoise CNOOC, il comprend le forage de 400 puits et la construction de l’oléoduc chauffé EACOP, long de 1.443 kilomètres entre les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne sur l’océan Indien.
« Conformément à la décision de développement annoncée le 1er février 2022, les forages des puits du projet Tilenga ont débuté en juillet 2023 pour un démarrage de production en 2025 », a précisé TotalEnergies dans un communiqué.
L’Autorité pétrolière d’Ouganda (PAU) évoque une date un peu plus ancienne, le 28 juin 2023, pour le début des travaux, en précisant que trois appareils de forage étaient sur place : le premier est déjà opérationnel, le second subit les derniers tests avant mise en route, et le troisième, en phase d’assemblage, devrait commencer à fonctionner en octobre 2023.
Plus de 400 puits « devraient être forés (…) pour produire environ 190.000 barils de pétrole par jour au plus fort de la production lorsque celle-ci commencera en 2025 », précise la PAU dans un communiqué.
Pour les associations environnementales, « Total continue son greenwashing »
Ces annonces ont provoqué une réaction immédiate des organisations environnementales opposées au projet : les Amis de la Terre France et Survie ont alerté sur les conséquences délétères de ce projet, « au cœur même du parc naturel des Murchison Falls, la plus ancienne et plus grande aire naturelle protégée d’Ouganda », les puits prévus se situant pour un tiers dans une zone protégée.
Les deux associations rappellent également les ravages sur les écosystème d’EACOP, le plus long oléoduc chauffé au monde. Début juillet 2023, Human Rights Watch avait déjà demandé l’arrêt du projet, estimant dans un rapport qu’il a déjà « dévasté les moyens de subsistance de milliers de personnes ».
Le directeur des affaires juridiques et institutionnelles de la PAU, Ali Ssekatawa, a répondu à ces critiques en affirmant que « les plates-formes en Ouganda » étaient « conçues pour minimiser l’empreinte environnementale en utilisant des technologies et des pratiques durables et en garantissant une extraction responsable des ressources pour les générations futures ».
Il rejoint en cela les affirmations de TotalEnergies et des porteurs du projet, qui assurent « mettre les enjeux environnementaux et de biodiversité ainsi que les droits des communautés concernées au centre du projet ».
Les Amis de la Terre et Survie affirment au contraire que « Total continue son greenwashing, tentant de convaincre que ses puits pétroliers n’affecteront pas la faune locale grâce à des tours de forage de couleur beige, « pour ressembler aux prairies de la savane environnante » ».
« Alors que les ravages du changement climatique se font plus que jamais sentir, Total dépasse toutes les limites imaginables en commençant l’extraction pétrolière dans un des plus hauts lieux de biodiversité au monde, l’Albertine Graben dans la région des Grands Lacs en Afrique », conclut Juliette Renaud, des Amis de la Terre France.
Dans une période estivale où les conséquences dramatiques du changement climatique s’étalent chaque jour avec plus de prégnance, les appels du GIEC à ne démarrer aucun nouveau projet pétrolier pour tenter de respecter l’accord de Paris résonnent douloureusement.
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